CLICANOO.COM | Publié le 24 février 2008

{{Mi-février 1992 : La fin du monde à Mont-Vert-les-Bas}}

Barricadées dans une maison chemin terre-des-chênes à Mont-Vert-les-Bas, plusieurs dizaines de personnes attendent la fin du monde prévue pour le 25 février. Biens et maisons vendus ou abandonnés, ils ne vont plus au travail et leurs enfants sont absents de l’école. Prière la nuit et repos le jour. Le phénomène ferait suite à la venue dans le village d’un mouvement du “Renouveau du renouveau” ou “Revers du renouveau”. Au final, ils sont tous sortis de la maison et personne n’a plus parlé de ceux qui attendaient la fin du monde…

{{14 octobre 1999 : Des scientologues dans nos administrations ?}}

Sous couvert de réorganisation administrative, trois fonctionnaires font l’objet de déplacements internes surprenants. La direction évoque une simple restructuration. Les intéressés parlent de sanction, mais nient en bloc leur appartenance à l’Eglise de Scientologie. Cette appartenance soupçonnée à la scientologie ne surprend pas Dominique Mariamon, responsable du Centre de lutte contre les manipulations mentales (CCMM), pour qui “les membres de l’Église de Scientologie sont partout et occupent souvent des postes clés. Le mouvement scientologue recrute toujours dans les milieux aisés, où les sphères d’influence se croisent”. D’autres administrations comme l’Education nationale, la Justice, les Impôts abriteraient également des scientologues confirmés agissant en toute impunité.

{{Novembre 2002 : Mormons : évangélisation formatée}}

Pour la plupart originaires d’Amérique du Nord, ils sont une vingtaine de missionnaires mormons (dix équipes de deux) à sillonner en permanence l’île. Des évangélisateurs des temps modernes, dont l’une des principales missions est de “donner du bonheur” à celles et ceux qui croisent leur chemin. Une sorte de balade des gens heureux de douze heures par jour, qui, bien évidemment, vise à faire de nouveaux adeptes. La religion mormone est celle qui enregistre le plus fort taux de progression aux Etats-Unis. En France, l’Eglise de Jésus Christ des Saints des derniers jours n’a jamais été classée parmi les mouvements sectaires. Et ce, même si ses adeptes sont obligés de lui reverser 10 % de leurs revenus annuels. À la Réunion, l’Américain Collin Cummings, en tant que ministre du culte, peut légalement faire du prosélytisme avec un simple visa touristique en poche.

{{9 juillet 2004 : Secte japonaise : des offrandes en billets neufs}}

L’association Sukyo Mahikari France, présente à la Réunion dans la ruelle Camp-Jacquot à Saint-Denis, bénéficierait d’une “sphère” d’adeptes plus importante qu’elle ne veut bien l’admettre. Reconnue comme “dangereuse”, elle compterait 80 adeptes réguliers et plus de 300 “sympathisants” dans l’île. Dans leurs textes, il est clairement expliqué que le Dieu Su a un faible pour les billets neufs. Outre ces incitations aux “offrandes” pécuniaires, Sukyo Mahikari conseille à ses adeptes de se détourner de la médecine, parfois même en cas de maladie grave. Une plainte, déposée en 1998 au tribunal de Saint-Pierre, par un homme victime indirecte de Sukyo Mahikari est restée lettre morte. La secte, qui préfère bien sûr le terme d’association, est implantée à la Réunion depuis une quinzaine d’années. Le siège mondial est au Japon. L’antenne réunionnaise dépend pour sa part d’un siège parisien.

{{15 décembre 2002 : “Marie porte du ciel” au Tampon}}

Groupe de prière créé par un ancien policier et sa femme, “Marie porte du ciel” apparaît en 1988 au 14e km au Tampon. Le couple qui se croit inspiré d’en haut, fait rapidement des adeptes. Une trentaine, puis près de cinq fois plus. Dans leur maison, les murs sont couverts de portraits du Christ et de la Vierge. En 1993, le groupe de prière devient… association loi 1901. Une chorale de 50 jeunes est créée. Ils se définissent comme des catholiques rattachés à l’ordre des laïcs consacrés et disent recevoir des messages de la Vierge envoyés par des voyants yougoslaves et plus d’une centaine d’adeptes témoigne de “libérations de leurs souffrances”. Pour Paul de Doos, prêtre au Tampon et propriétaire d’une reproduction d’une ancienne icône de “Marie porte du ciel”, “tout cela est un signe de Dieu…” Avec l’accord de l’évêque, l’icône miraculeuse (bénie par le Pape Jean-Paul II) vient alors dans l’île. Très vite, on lui attribue des pouvoirs de guérison. Dès lors, le vicaire déclarait : “Je ne conseille pas aux chrétiens de courir après ce genre de choses… Pastoralement, ce n’est pas opportun.”

{{4 janvier 2003 : Désiré Brémont, un Raëlien à la Réunion}}

Après deux années d’intense activisme, le président-fondateur de l’Association raëlienne de la Réunion, Désiré Brémont ne se fait guère d’illusions. Il n’a recueilli qu’une seule adhésion : celle de sa compagne, Jocelyne. Malgré ses 55 000 adeptes revendiqués dans le monde, son succès reste bizarrement limité à la Réunion où les Raëliens seraient confrontés à certaines difficultés s’ils devaient un jour former un quatuor vocal. Depuis trente ans, en adepte convaincu, il verse 10 % de ses revenus annuels à l’organisation qui, la tête dans les étoiles mais les pieds bien sur terre, a basé son siège social à Genève.De son propre aveu, cet ex-gendarme à la retraite a été surpris par la tolérance dont font preuve les Réunionnais, qui tardent toutefois à se montrer réceptifs : “A la dernière conférence à Saint-Pierre, nous avons eu 25 personnes environ.” Avec à la clé la vente d’un seul livre.

{{8 août 2006 Gem Kakou attendu en prophète à Saint-Paul}}

Présenté comme un “prophète pouvant prédire l’avenir”, Gem Kakou, à l’invitation de “l’Assemblée chrétienne des vainqueurs”, anime une “manifestation interéglise” à Saint-Paul, à la mi-août. Plus de 600 personnes sont attendues pour ces soirées “spéciales” où se tiendront notamment des prières pour les malades, surtout ceux qui “ont des problèmes dans les domaines bizarres”. Des invitations ont été adressées à l’évêché, à la Mission Salut et Guérison ou encore l’Église évangélique chinoise. Mgr Aubry ne dit pas alors s’il sera présent ou même représenté. “L’arbre se juge à ses fruits”, explique simplement l’évêque, qui se garde bien d’apporter un jugement sur cette nouvelle structure. La branche locale de l’Assemblée chrétienne des vainqueurs a été créée en janvier 2006, par un groupe de fidèles qui “croient en la Bible”. M. Gangloff, responsable local de ce mouvement, revendique une trentaine de membres qui, visiblement ne se retrouvent plus dans l’Église traditionnelle.

{{22 juillet 2005 Cana espérance au Creps}}

À l’heure de la célébration du centenaire de la loi 1905 sur la séparation entre les églises et l’État et à la veille d’une semaine consacrée à la laïcité, une procession se déroule dans l’enceinte du Creps. Cet établissement public national est ainsi transformé en lieu de culte, privant ainsi les associations culturelles et sportives d’un lieu d’hébergement et d’activités pour les vacances. Et on se dit que si l’association évangélique Cana espérance n’a payé que dix euros par jour et par personne pour sa semaine de prière et de réflexion, c’est quand même un peu grâce au contribuable. Dans un hôtel, l’ardoise aurait été plus salée. On se console en se disant qu’avec ça, on ira tous au paradis !
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2008 Le gourou Vijay et la “secte sans nom”}}

En mourant, Khemlall Lojeeh, “enseignant” de la philosophie hindoue, laisse derrière lui un héritage cultuel important. Des préceptes qui guideront ses dix enfants dans leur vie, hormis le mégalomane Kishenhari Lojeeh – aujourd’hui plus connu sous le nom de “Vijay”. Sous couvert de pseudo discours syncrétiques hindou, catholique musulman, bouddhique… il attire à lui de nombreux adeptes. Il fonde au début des années 80 sa “secte sans nom” et abandonne très vite son métier de prothésiste dentaire, bien moins lucratif que “ses affaires religieuses”. Il se dit guérisseur du corps mais aussi de l’âme et son charisme parvient à hypnotiser une centaine de fidèles. Ensemble, ils se retrouvent dans le Bas de la Rivière ou au bord de mer pour procéder à des médiations délirantes. Entre chaque séance, les adeptes sont priés de lire “les commandements” de Vijay qu’il a retranscrit dans ses “Livres sacrés”. Jamais marié, il vit avec de nombreuses maîtresses et abuse sexuellement de jeunes filles. Il abuse de la crédulité et de la détresse de ses membres pour les escroquer et menace les plus fragiles. Vijay n’a jamais été inquiété par la justice car il a su s’entourer d’un bureau secret composé de personnes très influentes : magistrats, avocats, dont le bâtonnier, policiers, cadres de banque, médecins, assureurs…

{{8 février 2006 La Vierge annoncée à la Chaloupe Saint-Leu}}

Le site où est attendue la Madone fait face à la mairie annexe de la Chaloupe. Une gigantesque croix Dozulé de plus de 7 mètres s’élève dans le ciel. On compte une quarantaine de croix Dozulé sur l’île. D’une hauteur impressionnante, bleues et blanches, lumineuses, les croix d’amour, également appelées croix glorieuses sont l’œuvre des “ouvriers de la croix d’amour”. Ces derniers craignent les pires catastrophes pour l’humanité si ces croix ne prolifèrent pas (une croix vaut entre 600 et 2 300 euros). Une crainte expliquant leur volonté d’en installer le plus possible et de les faire bénir. Mais l’évêché recommande la prudence aux prêtres. Pour sa part, la petite propriété de Thérèse Gens est transformée en lieu de culte. Le groupe de prière prépare cet heureux événement depuis plusieurs mois. Annoncée dans un premier temps comme une apparition publique, la venue de la Madone se fera finalement en privé, avec les proches de “La petite rose blanche”, qui serait régulièrement en contact avec la Sainte Mère : “Il y a deux ans et en tant qu’habitante de la Chaloupe Saint-Leu, je suis venue visiter ce lieu de prière. Et pendant cette visite, je suis entrée en extase”. Depuis cet “événement”, les habitués de la case ne jurent plus que par elle.

Textes : JoF

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