MEXICO, 20 mai 2006 (AFP) – Deux des victimes qui ont accusé d’abus sexuels le fondateur des "Légionnaires du Christ", Marcial Maciel, ont estimé ce week-end que la sanction annoncée par le Vatican ne répare pas le mal infligé durant des dizaines d’années à quelques 200 enfants.

Le Vatican a demandé vendredi au père mexicain Marcial Maciel, 85 ans, fondateur de la congrégation ultra-conservatrice, et accusé de pédophilie, d’abandonner toutes ses responsabilités dans cette congrégation proche duVatican. Le Vatican renonce "à tout procès canonique et invite le père à une vie discrète de prière et de pénitence, renonçant à tout ministère public", selon un
communiqué.

"D’une part la sanction est très grave, et de l’autre trop faible, car, en lui interdisant de célébrer la messe, on ne répare en rien les maux incroyables infligés", a déclaré à l’AFP José Barba, un ex-légionnaire qui avait porté l’affaire à Rome.

Selon lui, "il importe beaucoup plus à l’Eglise l’opinion de beaucoup de gens qui envoient beaucoup d’argent au Vatican et qui sont très puissants".

Jose Barba, âgé aujourd’hui de 69 ans et professeur de politique internationale, est l’une des dix victimes qui ont décidé en 1998 de révéler les abus sexuels qu’ils avaient subis alors qu’ils étudiaient dans les années 50 dans un séminaire en Italie dirigé par Marcial Maciel.
Marcial Maciel a toujours récusé ces accusations.

Pour Jose Barba, le prêtre aurait dû être excommunié. "L’ex-communication aurait eu une conséquence de type pastorale impressionnante, car les gens auraient retiré leurs enfants des collèges de la congrégation" touchant ainsi à la puissance économique des "légionnaires", explique-t-il. Il reconnaît toutefois que la mesure est "un pas nécessaire pour donner
certaine crédibilité au pontificat" du pape Benoît XVI. Il accuse le pape Jean Paul II "d’avoir couvert Maciel alors qu’il avait les informations depuis des dizaines d’années".

Saul Barrales, qui a passé 13 ans dans la Congrégation, considère que la décision du Vatican est "tiède". Il aurait aussi souhaité que Maciel soit excommunié;

"Je n’ai pas été ordonné prêtre, dit-il, car un jour j’ai refusé de continuer de faire des piqûres de morphine à Marcial Maciel". "Après les injections, il était dans un état de joie et nous disait: touche-moi", raconte-t-il.

"Je crois qu’il y a eu environ 200 victimes, abusés de toutes les formes possibles", affirme Jose Barba qui conclut que rien ne justifie "l’homosexualité, les penchants maladifs pour le sexe et les abus sur les
mineurs" du fondateur de la congrégation.
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