Le message que vous avez exprimé en répondant à notre questionnaire est clair. Vous êtes 89 % à penser que le respect des interdits religieux ne doit pas passer avant la santé des personnes et 11 % à répondre que cela peut parfois se produire. Aucun de vous n’a répondu toujours.
Vous êtes encore moins favorables à la prédominance des interdits religieux lorsqu’il s’agit de permettre aux parents de les imposer à leurs enfants avec 92 % d’opposition.

Votre position vis-à-vis des comportements que doivent avoir les médecins par rapport aux opinions des patients est plus nuancée. Si vous êtes 45 % à considérer que les médecins ne doivent pas respecter les décisions des personnes adultes en matière d’interdits religieux, vous êtes 48 % à penser qu’au contraire ils doivent le faire quand cela ne menace pas la vie et 7 % quelle qu’en soit l’issue pour la personne. Rappelons que pour les adultes, la législation permet aux patients de refuser un soin qu’elles qu’en soient les conséquences mais que d’un point de vue déontologique, le médecin doit tenter de convaincre le patient de suivre ses conseils et ne doit pas l’abandonner s’il les refuse, mais au contraire doit continuer de l’accompagner face à la maladie.
Pour ce qui est des interdits religieux que les parents souhaiteraient imposer à leurs enfants en matière de santé, vous êtes 57 % à considérer que les médecins ne doivent pas les suivre s’ils compromettent la santé de l’enfant, 41 % à considérer qu’ils doivent les suivre quand cela ne menace pas la vie et 2 % en toutes circonstances.

{{Consensus}}

Dans ce domaine, la loi prévoit qu’en cas de risque majeur pour l’enfant, le médecin est institué du pouvoir de protéger l’enfant et c’est ce qui se passe notamment pour les enfants des témoins de Jéhovah nécessitant impérativement une transfusion sanguine sous couvert d’une saisine du procureur de la République.

Vous êtes par ailleurs 89 % à répondre qu’un médecin n’a jamais le droit de refuser de pratiquer des actes médicaux en raison de ses propres convictions religieuses, 9 % à penser que cela est parfois acceptable dans des situations sensibles telles que l’interruption de grossesse par exemple, et 2 % à considérer que sa liberté de conscience est absolue dans ce domaine.

Sur le plan légal et déontologique, le médecin a la possibilité de refuser de continuer de suivre un patient dans la mesure où il n’y a pas d’urgence vitale immédiate mais doit continuer de l’accompagner en lui indiquant les confrères ou les structures les plus à même de lui permettre de bénéficier des soins ou des actes médicaux que lui-même se refuse à mettre en œuvre.

Ce qui est assez surprenant, et témoigne d’un relatif consensus, est le fait que les réponses des lecteurs ne varient pratiquement pas selon qu’ils soient croyants pratiquants (28 %), croyant non pratiquants (47 %) ou athées (25 %). La seule question où les réponses varient significativement en fonction des convictions religieuses des personnes est celle qui porte sur le fait d’être prêt à refuser un soin pour elles-mêmes. Au total vous êtes 5,3 % à avoir répondu être prêt à refuser mais l’analyse en fonction des croyances montre que seules celles croyantes et pratiquantes le sont et que ce taux de refus monte alors à 20 %.

Nos lecteurs traduisent ainsi sans doute le fait qu’ils considèrent très majoritairement qu’ils ont le droit de décider pour leur santé en conformité avec leurs convictions religieuses mais que leurs convictions ne sauraient s’imposer aux autres. C’est aussi cela l’esprit républicain, le libre exercice des convictions religieuses dans le respect des droits fondamentaux de l’individu.

Docteur Bien Public

http://www.bienpublic.com/actu/region/20090406.BPA2742.html

Le 06 avril 2009