Installés ce jour-là en haut de la Canebière, sans autorisation préalable de la mairie, les militants de l’association « Non à la drogue Oui à la vie » distribuent des prospectus et abordent des passants… Livrets et DVD, ils attirent le regard des badauds avec le mot « gratuit » estampillé sur tous leurs prospectus ! Mais un autre mot semble se faire plus discret tout en figurant sur les tracts de cette association : scientologie.

L’Eglise de scientologie est un mouvement qui se considère comme une religion, non reconnue comme telle en France, et qui fut plusieurs fois condamnée. Dernière condamnation en date : l’amende de 600 000 euros, confirmée par la Cour d’appel de Paris le 2 février, pour escroquerie en bande organisée.

Robert Galibert, président de l’association et scientologue explique que l’association « Non à la drogue, Oui à la vie » fait «partie de l’un des plus grands réseaux au monde : Drug-free World (…) En France, c’est l’Eglise de scientologie qui l’a financée».

L’objectif brandi par ces militants : « informer sur le réel danger des drogues (…) inconnu de la plupart ». Les drogues, l’illettrisme ou le crime étant les fléaux dont la scientologie entend se débarrasser.
Pour Didier Pachoud, président du GEMPPI, (Groupe d’Étude des Mouvements de Pensée en vue de la Protection de l’Individu), le manque d’information sur les drogues, interdites en France, semble être une brèche dans laquelle se sont engouffrés les scientologues pour « faire adhérer les gens aux méthodes qu’ils utilisent, celles de leur fondateur Ron Hubbard ».
Cet auteur de science-fiction dans les années cinquante a créé aux États-Unis le mouvement qui revendique aujourd’hui 12 millions de membres dont 45 000 en France.
La « philosophie » de la scientologie renie la médecine et « ses drogues de substitution », au profit selon eux de « la compréhension ». Robert Galibert se lance ainsi dans une longue démonstration : « supposons que l’on soit au sommet d’un immeuble de douze étages et que je dise à n’importe lequel d’entre vous : ‘allez-y, sautez!’. La plupart d’entre vous me répondront ‘non’ et pourtant ils n’ont jamais essayé. Mais ils savent, non pas parce qu’on leur a interdit, mais par la compréhension que s’ils sautent, ils vont se détruire .»

« J’aime bien faire des comparaisons toutes simples », rajoute-t-il. Ce à quoi Didier Pachoud répond : « Cette méthode est très inquiétante pour des personnes fragilisées et pour les autres aussi ! Ils sont dans une espèce de paranoïa anti- psychiatrique. Et dans le domaine des addictions, je pense que l’on ne peut pas se passer de la médecine ».
Pour Libération, Roger Gonnet, ex-responsable de la scientologie à Lyon témoigne sur les techniques mises en place pour attirer de nouveaux membres : « Vous vous laissez happer par une logique interne. Cette idée que l’esprit gouverne le corps est donc que par la force de l’esprit l’homme peut se débarrasser de toutes les maladies qui sont psychosomatiques (…) Les mensonges sont bien formulés et des gens pas bêtes du tout peuvent se faire avoir ».

« Trompés par l’apparence du bien »

L’association « Non à la drogue, Oui à la vie » fait « adhérer les gens à la scientologie », notamment par « les procédés et les méthodes qui y amènent forcément », déclare Didier Pachoud. Si la liberté d’expression et de croire est garantie par notre Constitution, les « escroqueries » le sont moins.

« Les gens sont libres de dépenser leur argent comme ils l’entendent, mais il faut qu’ils soient prévenus, avant, du produit qu’ils vont trouver », interpelle Didier Pachoud qui dévoile la théorie fondatrice de la scientologie: « Pour Ron Hubbard, nous serions des esprits désincarnés de prisonniers qui ont été mis dans des volcans et sur lesquels on a balancé des bombes ! C’est une histoire à laquelle on ne peut accéder que lorsque l’on a un certain avancement en scientologie. Le problème c’est que pour y arriver, ça vous coûte des dizaines de milliers d’euros ».
« Nous sommes trompés par l’apparence du bien. Moi je n’ai rien contre monsieur Galibert. C’est un homme qui a embrassé une cause dont il ne maîtrise ni les tenants ni les aboutissants. Vous savez, il y a deux catégories dans ces mouvements, ceux qui encaissent et ceux qui font partie des victimes. Je crois qu’il fait partie des victimes », conclut le président du GEMPPI.

source : News of Marseille

10/04/2012

Sarah Arnaud

http://www.newsofmarseille.com/la-scientologie-accro-aux-drogues/