le 25.05.2009, Le Progrès

{{Questions à Alain Stoffen

Auteur de « Voyage au cœur de la scientologie »}}

{{Vous avez passé 15 ans en scientologie Pourquoi ?}}

J’ai été soumis à mon insu à un travail de dépersonnalisation au point de devenir une victime consentante de mon propre viol moral. Quand le piège se referme, la notion du temps disparaît. C’est comme si j’avais été lobotomisé.

{{Comment expliquer que les gens sont encore abusés ?}}

Les gens se laissent embarquer car la vitrine est parfaite. Les services proposés sont de l’ordre du développement personnel ou de la formation, l’encadrement est très professionnel et les cours sont très peu chers. Il y a une absence totale de pensée unique et un profond respect de l’individualité : tout ce que l’on a entendu sur la scientologie est donc discrédité. Cette phase de séduction dure le temps qu’ils mordent à l’hameçon.

{{La scientologie a-t-elle des problèmes d’argent ?}}

Pas du tout, car le coût pour aller au plus niveau d’endoctrinement dépasse 300 000 euros. La scientologie capte toute la fortune des membres.

{{Vous dites avoir eu peur des représailles. ?}}

Je suis considéré comme une personne suppressive, c’est-à-dire un ennemi de l’humanité qu’il faut mettre hors d’état de nuire. La scientologie le fait par le biais de procédures : quand j’ai porté plainte contre la scientologie, j’ai été submergé de plaintes par l’organisation et des adeptes. Le but n’était pas de gagner les procès mais de me saigner financièrement. Il y a un harcèlement moral permanent avec des coups de fils malveillants pour moi et mon entourage.

{{Votre livre peut-il ouvrir les yeux des scientologues ?}}

Quand j’ai commencé à être harcelé, à cause de mon divorce, j’étais persuadé que ce n’était pas l’organisation qui était en cause mais des dérives individuelles de gens qui appliquaient mal les préceptes. Les scientologues purs et durs ne liront pas le livre car ils ne lisent pas les journaux, ne regardent pas la télévision.

{{Qu’ attendez-vous du procès?}}

Je souhaite que la justice prenne ses responsabilités et qu’elle ne se fasse pas duper. La scientologie a deux discours dont un langage de circonstance devant la justice ou devant les médias que l’on ne peut pas décoder si l’on ignore ce qui se passe à l’intérieur de l’organisation. C’est pour cela que les pouvoirs publics et la justice n’ont pas toutes les armes pour lutter : la scientologie joue une partie de cache-cache.

Recueilli par Nathalie Mauret.