«Découvrez qui vous êtes et maîtrisez votre futur»… Cette accroche très aguichante peut légitimement attirer l’attention. C’est en tout cas l’argumentaire d’un petit tract discrètement distribué depuis quelques semaines dans les boîtes aux lettres de certains quartiers toulousains. Au premier abord, il s’agit d’un test de personnalité proposé aux personnes intéressées sous couvert d’une philosophie fumeuse.

«Ce que vous êtes en tant qu’être spirituel et non en tant que corps détermine votre avenir, vos réussites, vos échecs», explique en substance le flyer, qui vante illico une démarche «gratuite et sans engagement» en renvoyant à une adresse hébergeant un «centre de dianétique» de la rue Émile Zola.
Autrement dit, le siège toulousain de la scientologie, ce mouvement fondé par l’américain Ron Hubbard et condamné en France il y a trois ans pour «escroquerie en bande organisée» (lire ci-contre). «Demandez le responsable des tests, précise le tract, en soulignant qu’il ne s’agit pas d’un test psychologique, mais qu’il est interprété par un scientologue expérimenté».
Ce qui fait sourire Gérard Fodor, le président régional de l’association de défense des familles et de l’individu (ADFI). «C’est ce qu’ils appellent le test OCA pour Oxford Capacity Analysis, explique-t-il.
Des questions toutes débiles, d’une banalité confondante, qui concluent invariablement que vous êtes pas mal, mais que vous pouvez mieux faire et que la scientologie peut vous aider»… À Toulouse, la scientologie, qui se présente comme une philosophie religieuse, compte une poignée de fidèles qui se réunissent tous les dimanches matin. «Cela fait une dizaine d’années qu’ils sont là, précise Gérard Fodor, mais ce n’est pas eux qui nous inquiètent le plus. Depuis les procès qui ont eu lieu, ils sont démasqués. Nous n’avons d’ailleurs reçu aucune plainte. Les gens sont au courant et ceux qui répondent à ses sirènes y vont en toute connaissance de cause».
Malgré nos appels téléphoniques, le centre de dianétique de la rue Émile Zola n’a pas répondu à nos sollicitations. Un répondeur renvoyant à un numéro renvoyant lui-même au premier numéro… Un peu compliqué pour «aider l’homme à mieux se connaître» comme le prétend la scientologie, qui garde une force de frappe financière importante. Pour les responsables nationaux de l’ADFI, cette distribution de tracts marque une nouvelle approche du mouvement pour recruter de nouveaux adeptes.
«Ils sont plus habitués à des opérations coup de poing, note l’organisation, en général des mobilisations publiques dans les villes, le plus souvent contre la drogue». Cette fois, la scientologie fait le service à domicile…

{{L’argent derrière la philosophie}}

Les deux principales structures françaises de l’Église de scientologie la librairie SEL et le Celebrity Centre ont été définitivement condamnées, en octobre 2013, à des amendes de 200 000 euros à 400 000 euros pour «escroquerie en bande organisée». Il était reproché à cinq prévenus d’avoir profité de la vulnérabilité d’anciens adeptes pour leur soutirer de fortes sommes d’argent. La Cour de cassation a rejeté, à l’époque, le pourvoi qui avait été déposé par les avocats de la scientologie contre la décision de la cour d’appel de Paris, un an auparavant. «Ce sont ses méthodes, tests de personnalité, cure de purification, pressions, électromètre, qui fondent l’escroquerie en bande organisée», avait alors souligné Olivier Morice, avocat de l’Unadfi, association de lutte contre les dérives sectaires. «Et on est en droit de se demander, si ces méthodes perdurent, s’il faudra laisser l’Église de scientologie être présente en France», avait-il conclu. Depuis, la scientologie, qui avait fait appel de la décision devant la Cour européenne des droits de l’Homme n’a plus fait parler d’elle dans les prétoires. Pointée du doigt par plusieurs rapports parlementaires en France, l’Église de scientologie est considérée comme une religion aux États-Unis et dans quelques pays européens comme l’Espagne, l’Italie, la Hollande ou la Suède. Fondée par l’écrivain américain de science-fiction Ron Hubbard, elle revendique 12 millions d’adeptes dans le monde et 45 000 dans l’Hexagone.

{{Repères}}

Le chiffre : 200
questions > Test. C’est le nombre de questions proposées par le test de la scientologie, test dit d’Oxford (OCA) qui n’est pas du niveau de la prestigieuse institution anglaise.

source : la dépêche du 17 novembre 2016