{{NICE MATIN vendredi 30 octobre 2009}}
Avec 4500 adeptes sur les 45000 recensés en France, la Côte d’Azur se révèle un terreau fertile pour l’église de scientologie en France. Mais très surveillé.
Avec vingt à vingt-cinq mille adeptes, notre région, après l’Ile-de-France et Rhône-Alpes, est la plus touchée par les phénomènes sectaires. Ceci en raison d’un fort degré d’urbanisation et d’un pouvoir d’achat sensiblement plus élevé qu’ailleurs. Cette deuxième caractéristique explique le succès de l’église de scientologie qui recrute volontiers parmi les couches aisées de la population afin d’asseoir son pouvoir financier et qui évalue à 10 % le nombre de ses adeptes sur la Côte d’Azur. Ils seraient donc 4 500 sur un total de 45 000 au niveau national.
L’an dernier, cette association spirituelle rangée dans la catégorie « Culture et loisirs », a été directement mise en cause, avant d’être relaxée, dans le suicide d’une jeune étudiante norvégienne qui avait subi un test de personnalité. Ces méthodes sont en effet à la base de toute sensibilisation à ce que les adeptes appellent une « nouvelle philosophie de la vie ». Ils oeuvrent pour « Une civilisation sans crimes, sans démence et sans guerre dans laquelle l’homme puisse vivre libre et heureux ». Qui pourrait s’élever contre ? Le stress fait partie de ces paramètres testés par la « secte » pour mieux convaincre les sympathisants du besoin de changement auquel ils sont confrontés, parfois même sans le savoir.
Si la scientologie a fait l’objet d’un procès, dont le délibéré tombé mardi dernier à Paris la condamne à de fortes amendes pour « escroquerie en bande organisée » (délibéré que les intéressés contestent en appel), c’est grâce à des textes législatifs permettant à des associations de lutte contre les sectes, reconnues d’utilité publique, de se constituer.
Le député des Alpes-Maritimes Rudy Salles, vice-président du groupe d’étude sur les sectes à l’Assemblée nationale, fut à l’origine de cet amendement qui porte son nom, en 2001.
« Malgré les réticences du gouvernement de l’époque qui redoutait un encombrement supplémentaire des tribunaux, nous avons réussi à faire adopter ces textes renforçant le délit d’abus de faiblesse et permettant à certaines associations de poursuivre les sectes. En effet, les victimes se portent rarement partie civile. 20 % seulement des adeptes qui parviennent à s’en sortir sont capables d’assumer un procès » explique Rudy Salles.
Le député note que la scientologie est l’une des « églises » les plus importantes sur le plan financier et les plus actives dans la région. L’association annonce effectivement l’ouverture prochaine d’une « mission » à Cannes où un petit groupe de fidèles s’est constitué. A Nice, une trentaine de bénévoles se relayent et tiennent le magasin de la rue Pertinax, en plein centre-ville, où des livres, des DVD et des brochures sont distribués ou vendus. Et les lieux devraient encore se multiplier. « Une nouvelle église ouvre chaque mois dans le monde et récemment nous avons inauguré une antenne à Rome devant 6 000 personnes ».
L’église de scientologie, qui s’estime victime en France de discrimination religieuse, n’est pas sur le point de baisser les bras.
Elle compte au contraire consolider ses ramifications partout dans le monde et dans notre région en particulier.
Nicole Laffont