Rue Frontenac

Spectacles – Cinéma

Écrit par Martin Bisaillon

Jeudi, 02 septembre 2010

Présenté dans la partie documentaire du FFM, «Scientologie, la vérité sur un mensonge» a été réalisé par Jean-Charles Deniau et diffusé en mai dernier sur France 2. L’œuvre de 97 minutes se penche sur le créateur de cette secte, l’auteur de science-fiction L. Ron Hubbard. On y explique les mécanismes qu’il a mis en place pour faire prospérer son organisation, qui compte en son sein de grandes vedettes comme John Travolta, Tom Cruise… et France D’Amour.

Mort en 1986, Hubbard, un mythomane ayant créé une «escroquerie à l’échelle d’une multinationale» selon le documentaire, «attend sa nouvelle enveloppe corporelle pour revenir sur terre». En attendant cette improbable résurrection, son successeur David Miscavige fait fructifier l’affaire d’une main de fer.

De manière tout à fait classique pour un reportage, Deniau a recueilli des témoignages d’anciens adeptes-victimes, dénichés des films de propagande de l’organisation et des documents d’archives.

Fait intéressant, il a suivi les premiers pas d’une nouvelle recrue au sein de la Scientologie, pendant près de sept mois. L’homme se confie ponctuellement à la caméra pour nous faire part des étapes qu’il a franchies dans la secte. Il nous montre notamment les vitamines qu’il a dû acheter à la Scientologie pour se «purger», un cocktail nocif selon son médecin traitant. À la fin de son «cheminement», il doit 22 000€ à ses ex-condisciples, pour des «auditions» – sorte de psychanalyse – qu’on lui a avancées. À cet égard, le documentaire démontre efficacement que ça coûte cher de franchir les multiples étapes pour devenir un «bon» scientologue et que si vous ne pouvez pas payer rubis sur l’ongle, la Scientologie peut vous faire crédit: une véritable arnaque pour exercer du chantage sur des malheureux, selon Deniau.

A priori, ce témoin n’a pas de comptes à régler avec la Scientologie, ce qui confère à son récit davantage de force et d’objectivité que ceux qui ont perdu leur argent et une grande part de leur vie dans ce que le reportage présente comme une imposture.

Il est par ailleurs très, très triste d’entendre le récit d’une femme ayant embrigadé ses jeunes garçons. Maintenant sortie de la secte, elle n’a plus eu de contact avec eux depuis dix ans. On se demande pourquoi.

Contrôle, asservissement psychologique, charabia psychiatrique, réponses toutes faites et surtout vidage des comptes en banque des adeptes: la Scientologie ne diffère guère des autres groupes sectaires, l’auteur de ces lignes ayant étudié le phénomène de manière exhaustive pour la préparation du livre Enquête sur le mouvement raélien, paru en 2003. Ce qui la distingue est sa puissance financière qui lui permet d’entretenir des bases et de commanditer une petite organisation paramilitaire, la Sea Org. On se croirait dans James Bond.

Il faut mentionner que les leaders français de la Scientologie ont refusé de rencontrer Deniau. À la place, l’organisation a riposté par une «contre-enquête» pour le moins foireuse disponible sur YouTube.

Scientologie, la vérité sur un mensonge est un documentaire journalistique qu’il faut voir, simplement pour en savoir plus sur cette secte que ce que les vedettes en vitrine veulent bien nous montrer.

Il est disponible sur le web. Je vous conseille de le visionner de cette manière puisqu’il y a fort à parier que pour éviter d’éventuelles poursuites, aucun diffuseur d’ici ne se risquera à le présenter.

Voir ce documentaire en entier.

http://www.ruefrontenac.com/spectacles/cinema/27160-scientologie-encore-demasquee-prise-2