AP | 02.06.2009 | 19:52

“L’Eglise de Scientologie n’est pas un commerce”, a martelé mardi Alain Rosenberg, l’un de ses responsables français jugé avec cinq autres adeptes par le tribunal correctionnel de Paris pour “escroquerie en bande organisée” et “exercice illégal de la pharmacie”.

Alain Rosenberg, 60 ans, est aux anges, le tribunal est une tribune. Il n’est pas le “directeur général” de l’association spirituelle de l’Eglise de Scientologie, également poursuivie en tant que personne morale, comme l’assure l’acte d’accusation, mais juste un “coordonnateur ecclésiastique” du mouvement fondé en 1950 par l’écrivain américain de science-fiction, L. Ron Hubbard.

“Je suis un homme d’église, pas un directeur général. L’Eglise de Scientologie n’est pas un commerce”, explique-t-il à la présidente du tribunal qui l’interroge sur le processus spirituel qui s’accompagne de cours et séances de purification payantes. Les plaignants accusent l’Eglise de Scientologie de leur avoir soutiré un maximum d’argent, ou de les avoir plongés dans un “état de sujétion”. Lui, rétorque-t-il, ne s’occupe pas “de la partie financière”.

“Les mauvaises intentions que l’on prête à notre fondateur ne sont pas vraies”, assure ce fondateur du Celebrity Center en France. Alain Rosenberg est le garant de l’orthodoxie et de la connaissance scientologue, basée sur les écrits du fondateur. Son rôle, a-t-il expliqué mardi au tribunal, est de s’assurer “que l’enseignement et le conseil pastoral soient disponibles pour tous les membres”. Et de convenir que sa religion a, comme toutes les autres, quelques “particularités”: l’électromètre et la purification.

Les tests de personnalités pratiqués à l’époque des faits (1998) pour recruter de nouveaux adeptes servent “à révéler l’élan de spiritualité” caché en chacun. Ce test est déchiffré de la même manière partout dans le monde, tient-il à préciser, par un ordinateur, quelle que soit la nationalité de la personne. Il doit permettre “de mieux comprendre ce qui nous relie au divin”, explique-t-il au tribunal.

Auparavant, le tribunal a examiné le volet “exercice illégal de la pharmacie” reproché à certains des prévenus. Elisabeth Hérail, responsable des affaires juridiques et européennes de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), a conclu que les “vitamines” vendues par les scientologues correspondaient à la définition française du médicament en raison des produits utilisés: vitamines A, C, E, D, dont les dosages très importants pouvaient entraîner des “risques de surdosage”.

Ces “vitamines”, placées sous scellés depuis dix ans, sont entreposées pour la durée du procès sur le rebord d’une fenêtre tellement leur odeur est forte. “Vous voyez, ça dégage pas mal”, s’est presque excusée la présidente du tribunal, Sophie-Hélène Chateau, pour justifier ce rangement un peu particulier.

Les débats se poursuivaient dans la soirée. AP