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Une manifestation contre les « abus psychiatriques » a eu lieu samedi 18 janvier 2020 devant l’entrée de l’hôpital psychiatrique de Sotteville-lès-Rouen.

Vol au-dessus d’un nid de coucou au Rouvray ? « Ce n’est pas pour le bien des patients, c’est pour les finances de “Big Pharma” ! » pour Adélaïde, qui habite près de Saint-Valery-en-Caux. La seule régionale présente affirme ne pas supporter « qu’on abuse des gens »…

Une manifestation contre ces « abus psychiatriques » a eu lieu samedi 18 janvier 2020 devant l’entrée de l’hôpital psychiatrique de Sotteville-lès-Rouen. Comme il y a un an ou cet été, la dizaine de membres de la Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme (CCDH) a demandé « que se passe-t-il au Centre Hospitalier du Rouvray ? ».

Seul le dress code a changé : plus de noir, les militants anti-psychiatrie étaient cette fois-ci tous habillés de rouge. Mais ces activistes pas vraiment transparents n’affichent pas leur réelle couleur : cette association a été créée par l’Église de Scientologie, dont la psychiatrie reste la cible privilégiée, en 1969. Ses membres sont ouvertement hostiles à la psychiatrie et « à ses méthodes abusives ».

« Ce n’est pas contre les soignants »

Pour la Miviludes, l’organe ministériel de lutte contre les dérives sectaires, « cette association est communément désignée par son acronyme CCDH, ce qui lui permet d’introduire une confusion auprès de certains de ses interlocuteurs qui peuvent la confondre avec des organismes comme la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme (CNCDH), ou la Ligue des Droits de l’Homme (LDDH), avec lesquels elle n’a bien entendu aucun lien. » Et d’ajouter que prétexter « l’inutilité des traitements conventionnels » peut permettre « l’achat d’ouvrages, la participation à des stages ou des séminaires payants ou à des retraites coûteuses ».

« Ce n’est pas contre les soignants », affirme Coralie Gamet, « plutôt contre la direction de l’établissement, qui refuse catégoriquement de nous transmettre la copie du registre de contention et d’isolement qu’on demande depuis plus d’un an… Est-ce qu’ils auraient des choses à cacher ? Cet établissement a fait l’objet d’une visite de contrôle en octobre 2019 par la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), qui a constaté une situation très inquiétante ». Adeline Hazan a effectivement parlé de « conditions indignes »...

« Le manque de personnel n’explique pas tout »

Pour la porte-parole de cette branche française au millier de membres revendiqués, « l’isolement et la contention, qui doivent être limités à douze et six heures et être utilisés en dernier recours, sont devenus la règle ». En appelant au mégaphone « à la fin des pratiques barbares et au droit des patients dont la liberté est restreinte comme dans une prison, alors que ces personnes ne sont pas criminelles ».

Postes à pourvoir manquants, unité de spécialisation pour les adolescents en attente, grève de la faim de dix-neuf jours, vétusté avancée de nombreux bâtiments… Malgré une médiatisation nationale, les Parisiens ne connaissent pas le contexte, se contentant de répéter : « Le manque de personnel n’explique pas tout ».

« Salut Pierrot. T’es retombé à l’HP ? » À l’intérieur, à la cafétéria, chez les premiers intéressés, des patients critiquent surtout ce « manque de personnel… Et de respect », la tendance « à charger la dose des médicaments » et les retards dans « les rendez-vous avec les médecins ou la distribution des petits déjeuners ».

Joce Hue

Journaliste, éditions du Dimanche, Rouen

j.hue@paris-normandie.fr

 

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