Ils s’appellent Yéshua, Ben Hilkiyah, Noum et Mishala. Membres de la communauté installée à Sus, leurs parents demandent à la justice « d’annuler la décision prise par l’inspecteur d’académie, en septembre 2009 » et qui les met « en demeure de scolariser leur enfant ».
C’est le 16 juin prochain que le tribunal administratif de Pau se penchera sur ce dossier impliquant à nouveau la communauté Tabitha’s Place. Cette action, qui sera portée par Me Françoise Selles, l’avocate de la secte, injoignable hier, remet sous le feu des projecteurs les conditions de scolarisation de ces mineurs. « Des enfants livrés à l’obédience sectaire de leurs parents », selon les conclusions de la commission d’enquête parlementaire venue à Sus en 2006.
« Dans notre pays, la scolarisation est obligatoire. Mais, par choix, cette instruction peut s’effectuer à domicile », rappelle l’inspecteur d’académie, Philippe Couturaud, qui n’était pas encore en poste à Pau lors de la mise en demeure rédigée par son prédécesseur.
« Personne n’a le courage de faire des vagues »
Recevant un enseignement qualifié de « très rudimentaire », selon diverses sources, les enfants de cette communauté doivent une fois par an se soumettre à des tests. Ils reprennent, peu ou prou, les critères des évaluations nationales passées récemment par tous les élèves français.
Cette commission spécialisée s’est réunie pour la dernière fois en février, au lycée Barthou à Pau. « On s’aperçoit régulièrement que le niveau des enfants de Sus n’est pas en conformité avec le programme scolaire », se souvient un enseignant qui a déjà fait passer ce type de tests.
Le maire de Sus n’en est pas surpris le moins du monde. Retraité de l’enseignement, il regrette que « personne, au sein des services de l’Etat, n’ait le courage de vouloir faire des vagues ». « Dans cette affaire, le seul qui fait son boulot, c’est l’inspecteur d’académie », relève Jean-Maurice Mestrot.
Amené quasi quotidiennement à fréquenter les représentants de la communauté Tabitha’s Place, il ne se fait aucune illusion sur les suites qui seront données à cette nouvelle affaire. « Par le passé, la justice les a condamnés à de la prison avec sursis et à payer 400 € d’amende. Je peux vous assurer qu’ils s’en moquent royalement ! », déplore l’élu.

Un « mouvement sectaire » basé à Sus
Installée à Sus depuis 1983, la communauté de Tabitha’s Place est répertoriée dans la liste des mouvements sectaires. Egalement connue sous le nom d’Ordre Apostolique, elle fait partie d’un mouvement fondamentaliste d’origine américaine.
À plusieurs reprises, la secte de Sus – qui compterait aujourd’hui une centaine de membres dont plus d’une quinzaine d’enfants en âge d’être scolarisés – a attiré l’attention de la justice. On se souvient du décès (en 2000) d’un mineur dont les parents, qui avaient refusé tout traitement, ont été condamnés à 12 ans de réclusion criminelle. Puis, en novembre 2006, une commission d’enquête parlementaire avait tiré des conclusions qualifiées « d’édifiantes » sur les conditions de scolarisation et la santé des enfants de Sus.

Source : La République des Pyrénées
Par Gérard Cayron