Sur le fond, l’examen de cette affaire par les juges risque d’être rapide. L’association a en effet décidé de saisir la justice pour « non-présentation de documents administratifs ». Les faits remontent à 2008. À ce moment, l’association demande à connaître le montant des subventions accordées par la Ville de Reims à l’Association de défense des familles et de l’individu (Unadfi), une structure qui lutte contre les sectes. « Généralement, commente Antoine Robert, secrétaire de l’association Ethique et liberté, cela se passe bien avec les collectivités à qui nous demandons ces informations. Manifestement, à Reims, quelqu’un a fait blocage. Ou alors, il y a eu un manque de communication… »
Si Antoine Robert peut se permettre de faire une généralité, c’est parce que la Scientologie, via son association, est coutumière de ce genre de demande, tout à fait légale il faut le dire. D’ailleurs, la présidente nationale de l’Unadfi, Catherine Picard, ne s’en étonne guère. « Cela fait partie d’une stratégie pour éreinter l’entourage de la lutte contre les sectes, estime-t-elle. Et puis c’est une manière de faire parler de soi. »
L’histoire, pourtant, aurait pu s’arrêter là. Mais la mairie de Reims a fait la sourde oreille, et choisi de ne pas répondre à cette demande. Du moins pas tout de suite. Pour le premier adjoint, Eric Quénard, cette procédure est simplement « incompréhensible ». « L’association en question n’a reçu aucune subvention de notre part. Comme nous sommes prudents, nous leur avons formellement répondu que les documents demandés n’existaient pas. » Oui, mais trop tard. La réponse, nous expliquera par la suite le service communication de la Ville, aurait été envoyée après que le tribunal administratif a été saisi.
La logique aurait donc été que Ethique et Liberté abandonne cette procédure devenue inutile. Pourtant il n’en est rien. D’après Antoine Robert, « la mairie a décidé de nous poursuivre et demande que nous soyons condamnés à payer 900 euros pour leur avoir fait perdre beaucoup de temps ». Le crêpage de chignon judiciaire aura donc bien lieu ce matin. Quant au fond de l’histoire, et la raison pour laquelle Ethique et Liberté passe les subventions reçues par l’Unadfi au peigne fin, elle témoigne des relations qui existent entre une secte et une structure qui lutte contre ces phénomènes. Pour Antoine Robert, « ces subventions représentent de grosses sommes. Puisque cette association vient en aide aux familles ce devrait être aux particuliers de la financer et non à des structures publiques ». Au service communication de l’église de Scientologie, à Paris, l’explication est un peu plus franche. « Ces gens se mettent constamment en travers de notre chemin. Il est donc normal que nous cherchions à connaître leur financement et leurs motivations… »
Les motivations de l’Unadfi sont pourtant très claires, voilà ce qui gêne sans doute la Scientologie.
Julienne GUIHARD-AUGENDRE

source : L’Union 12 avril 2012

http://www.lunion.presse.fr/article/marne/la-ville-de-reims-aux-prises-avec-la-scientologie