Cette nouvelle approche thérapeutique, émotionnelle et énergétique a pour ambition de relancer les processus d’autoguérison, grâce à des traitements naturels qui favorisent les relations corps-esprit. Explications.

Pendant une longue carrière de quarante ans, le Dr. Daniel Ballesteros a écouté des centaines de patients dévider leur litanie de symptômes : fatigue chronique, douleurs du dos et du ventre, maux de tête… Il est donc arrivé à la conclusion qu’il existe une « maladie inconnue », seule et unique, ignorée de la médecine classique, et que toutes les autres pathologies ne sont que des variantes aggravées de cette dernière. Dans son ouvrage Se soigner, c’est s’écouter (1), il l’explique en détail, en s’appuyant sur les dernières découvertes scientifiques. Il livre aussi les clés de sa thérapie, la vitalothérapie, associant phytothérapie, homéopathie, prébiotiques, acupressing, yoga et méditation.

Le Vif/L’Express : Cette « maladie inconnue », que vous nommez dystonie neurovégétative ou DNV, constitue le fil conducteur de votre livre. Comment la définissez-vous ?

Dr. Daniel Ballesteros : C’est la maladie « mère » de toutes les pathologies qui vont se construire avec le temps. La DNV est partout, au cœur de toutes les maladies fonctionnelles et même de toutes les pathologies organiques. Énormément de signes cliniques vont accompagner le patient jusqu’à la maladie d’organe qui est la seule maladie vraiment reconnue par la médecine classique. Parmi ces signes cliniques, on peut citer : palpitations, spasmes digestifs, brûlures gastriques, douleurs musculaires, maux de tête, vertiges, fatigue durable et inexpliquée, infections respiratoires à répétition, etc. Si un patient souffrant de ces symptômes consulte son médecin, celui-ci ne peut pas faire le diagnostic, car il ne l’a pas appris. Dans 80 % des cas, il ne trouvera rien.

Selon vous, la DNV est provoquée par l’émotion. Mais encore ?
Il ne peut pas en être autrement, notre structure anatomique en est la cause. L’émotion se fabrique dans le cerveau, mais nous ne le savons pas car… il ne se passe rien. Pour se « matérialiser », l’émotion a besoin d’un support corporel. Au niveau du corps, elle se construit de la façon suivante. Lorsque nous recevons une information (de l’environnement, du corps ou de la psyché), elle est décodée par le système limbique, autrement dit par notre cerveau émotionnel. Ensuite, cette information est traitée par le néocortex ou notre cerveau rationnel. Si celui-ci dit : « Cette info, je la connais », il pourra donner une réponse adaptée à la situation rencontrée. Si, en revanche, l’information est inconnue, elle ne sera pas « validée » par la raison et risque d’être inadaptée et donc dangereuse pour l’individu. C’est elle qui va déclencher, petit à petit, la « maladie inconnue ». Ensuite, l’information va descendre vers l’hypothalamus pour être exécutée au niveau du corps et devenir quelque chose de concret. Durant tout ce trajet, nous n’avons aucune idée de ce qui se trame dans notre cerveau. Contrairement à ce que l’on pense, on ne ressent pas l’émotion dans notre tête mais dans notre corps. L’émotion n’est, au départ, qu’un produit intracérébral non conscient. Si on n’avait pas de corps, on n’aurait pas d’émotions. L’émotion, c’est ce qui anime notre corps et nous rappelle sans cesse que nous sommes vivants.

Vous évoquez aussi l’importance de notre cerveau digestif et de notre cerveau cardiaque…
Déjà, la médecine traditionnelle chinoise parle du cerveau digestif. Les dernières découvertes scientifiques montrent que les cent millions de neurones présents dans le tube digestif sécrètent des neuromédiateurs identiques à ceux du cerveau, dont la sérotonine. On peut dire que le système digestif est vraiment un cerveau à part entière. Les émotions de notre cerveau dans la tête trouvent leur retentissement dans le ventre. Je dis souvent à mes patients : « Je ne peux pas mettre mes doigts dans votre cerveau pour traiter votre psyché, par contre je peux les poser sur votre ventre qui est un cerveau à ciel ouvert, et grâce à un travail spécifique traiter vos émotions ». Ces mêmes émotions frappent également de plein fouet le muscle cardiaque en le faisant palpiter. Les trois cerveaux, intracrânien, digestif et cardiaque, certes autonomes, sont reliés entre eux par une trame neurovégétative et hormonale, ainsi que par une multitude de neurotransmetteurs. C’est donc l’harmonie globale « cerveau-cœur-intestin » qui est gage de bonne santé.

Comment les émotions s’expriment-elles dans le corps ?
Le corps humain est un tout, formé d’un immense réseau de communications puissamment connectées. Pour rester en équilibre et pouvoir faire face aux agressions diverses, notre corps dispose d’un triple arsenal de détection, de défense et d’adaptation : les systèmes nerveux, endocrinien et immunitaire. Les dernières découvertes scientifiques mettent en évidence l’union de ces trois systèmes. Autrement dit, ces derniers ne forment qu’une seule et immense trame interconnectée. Ici, il faut y ajouter un quatrième élément, la bio-énergétique cellulaire, qui fournit l’énergie nécessaire au métabolisme de la cellule. Cet ensemble de régulation que l’on peut nommer « psycho-neuro-endocrino-immuno-bioénergétique » (PNEIB) relie sans discontinuer notre psyché à chacune de nos cellules. L’émotion va se servir de cet ensemble pour s’exprimer dans le corps.

Vous pointez aussi l’importance du tissu conjonctif….
Oui, car il est partout. Représentant de 30 % à 40 % de notre masse corporelle, il occupe tout l’espace extracellulaire, c’est-à-dire tout le territoire situé hors de la cellule. Le tissu conjonctif est relié au PNEIB et on peut dire que ces deux trames ne forment qu’une seule et très grande connexion.
Les trames PNEIB et le tissu conjonctif plantent donc le décor.

Mais comment les émotions parlent-elles au corps ?
Elles ont deux interlocuteurs privilégiés, le système neurovégétatif et l’axe du stress. Le premier, composé d’une branche sympathique et d’une branche parasympathique, assure le fonctionnement harmonieux de nos organes. Le second permet à l’organisme d’adapter son comportement aux différentes situations. Lorsque, soudain, une information inattendue ou potentiellement dangereuse ne plaît pas à notre cerveau émotionnel, celui-ci va activer, via l’hypothalamus, le système neurovégétatif et l’axe du stress qui, eux, vont transformer cette information en une multitude de signes physiques. Si tout rentre dans l’ordre, on récupère rapidement. Les signes de la « maladie inconnue » vont diminuer et disparaître. Notre organisme a en quelque sorte la faculté de s’autonettoyer, comme un four à pyrolyse. En revanche, si l’emprise émotionnelle se poursuit encore et encore, le système s’emballe et va être à la base de la « maladie inconnue ». Tout le parcours effectué par l’émotion devient quelque chose de décryptable au niveau du corps. On intériorise les émotions et elles se transforment en maladie. La somme de toutes les émotions telles l’anxiété, la peur, l’énervement ou la tristesse, donne la colère et c’est cette colère qui agresse les organes, entraîne les tensions musculaires et détruit les articulations. J’insiste sur ce point : il est important de comprendre que la construction de la pathologie suit toujours le même ordre : les signes émotionnels deviennent psychosensoriels, se transforment ensuite en signes fonctionnels qui débouchent sur la maladie d’organe, pratiquement seule reconnue et traitée par la médecine classique.

Vous venez de mettre au point une nouvelle thérapie, nommée vitalothérapie. Quels sont ses points forts ?

Je l’ai nommée ainsi car c’est la vie qui est en nous qu’elle se propose de soigner, de relancer, pour qu’elle puisse s’exprimer dans sa plénitude à tout instant. L’être humain doit être soigné dans sa totalité : corps physique, énergie, âme et esprit. La vitalothérapie est une somme de méthodes naturelles (homéopathie, acupuncture, mésothérapie, phytothérapie, aromathérapie, etc.) qui vont renforcer la partie « bonne santé » du corps qui, elle, va traiter la maladie. Car l’organisme veut guérir. On tombe malade pour guérir. Dans 80 % des cas, la vitalothérapie est une médecine alternative qui peut remplacer la médecine classique, trop puissante, inactive ou inappropriée. Dans 20 % des cas, la vitalothérapie va aider la médecine classique de deux façons : en lui permettant d’agir plus efficacement ou en prenant moins de médicaments ou encore en traitant les effets secondaires pour que le patient ne souffre pas.

Par Barbara Witkowska

(1) Se soigner, c’est s’écouter, par le Dr. Daniel Ballesteros, collection Réponses, aux Editions Robert Laffont, 336 p.

source : Le Vif
dimanche 02 mars 2014 à 12h55
http://www.levif.be/info/actualite/sciences/la-vitalotherapie-pour-se-soigner-il-faut-s-ecouter/article-4000545696808.htm