Porté à nouveau par Jean-François Copé, patron de l’UMP, ce texte -simple voeu du Parlement sans force de loi- porte cette fois sur “l’attachement au respect des principes de laïcité et de liberté religieuse” et réaffirme notamment que “nul ne peut se prévaloir de ses croyances religieuses pour s’affranchir des règles communes”.

Seuls les députés du parti majoritaire ont approuvé ce texte déclinant 14 propositions. Toute la gauche a voté contre, dénonçant une “instrumentalisation” par l’UMP du débat sur la laïcité face à la montée du Front national.

Jean Glavany (PS) a ainsi déploré “une offensive idéologique qui s’exprime par tous les bouts de notre débat” tandis que, pour François Asensi (ex-PCF), “la droite sarkozyste courtise les électeurs du Front national, quitte à attiser les peurs et à jouer sur les sentiments xénophobes”.

“Une fois de plus, l’islam se trouve sur le banc des accusés”, a-t-il dénoncé. “Avec M. Copé, c’est clair, le lobby de la Droite populaire l’emporte sur les humanistes”, a renchéri l’écologiste Noël Mamère en fustigeant une dérive “islamophobe”.

La gauche voit aussi dans cette résolution “un recul sur la laïcité” et sur la loi de 1905 de séparation des églises et de l’Etat, via l’introduction de “la liberté religieuse” en lieu et place de “la liberté de conscience”, qui est celle de “croire ou de ne pas croire” en Dieu.

“Cette satanée expression +liberté religieuse+”, a lancé M. Glavany, “c’est une vieille revendication des églises” et notamment “de l’Eglise de scientologie”.

Face à ces critiques, M. Copé et le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, en charge des cultes, ont pris soin de troquer cette expression par celle de “liberté de conscience”.

Le Nouveau Centre a lui refusé de prendre part au vote, déplorant notamment que ce débat soit “préempté par un parti” et que ce texte “ne règle pas grand-chose”.

A l’inverse, Jean-François Copé a estimé que cette résolution était “l’occasion d’affirmer une vision positive de la laïcité”.

“C’est aussi une invitation à la gauche pour l’aider à sortir de l’ambiguïté” sur “un fondement de notre République” et à “prendre ses responsabilités” plutôt que de “fermer les yeux sur une réalité qui la dérange”, a-t-il lancé.

“Ce sont des sujets que vous avez décidé de fuir”, a renchéri le patron des députés UMP Christian Jacob.

Se félicitant de l’initiative de l’UMP, M. Guéant, en charge des cultes, a tenu à “clairement” réaffirmer qu’il était “exclu” de “financer sur fonds publics la construction de lieux de culte”.

Une façon de répondre à l’inquiétude provoquée par l’une des propositions du texte, qui suggère de “clarifier” et d'”aménager le régime de financement de la construction et de l’entretien des lieux de culte”, comme les mosquées.

S’agissant du “code de la laïcité” préconisé également dans la résolution, le ministre de l’Intérieur a précisé que son élaboration “devrait aboutir dans les tout prochains jours”.

La résolution répond aussi explicitement à des situations particulières ayant défrayé la chronique récemment, comme l’affaire de la crèche “Babyloup” à Chanteloup-les-Vignes, en affirmant que “le principe de laïcité doit être étendu à l’ensemble des personnes collaborant à des secteurs social, médico-social ou de la petite enfance”.

Source : AFP par Frédéric DUMOULIN