Un ancien gendarme français de 66 ans est ce lundi devant le Tribunal criminel de l’arrondissement du Nord vaudois qui doit le juger pour acte d’ordre sexuel avec des personnes dépendantes ou incapables de discernement. Douze femmes ont porté plainte.
Le témoignage d’une des nombreuses jeunes victimes d’un magnétiseur-abuseur met en lumière la nature délétère des relations que cet ancien gendarme français de 66 ans parvenait à nouer avec ses clientes. Son procès, qui s’est ouvert lundi à Lausanne, durera toute la semaine.
Le Tribunal criminel de l’arrondissement du Nord vaudois dissèque depuis lundi à Lausanne la mécanique qui unissait un «magnétiseur» du Nord vaudois aux jeunes «patientes» dont il abusait sexuellement sous couvert de les soigner. Dix-huit d’entre elles ont porté plainte.
Le long témoignage d’une de ces jeunes femmes est édifiant. Elle était âgée de 16 ans lorsque ses parents l’avaient mis en contact avec son agresseur en 2008 pour un problème de cheville.
Contrat bidon
Le sexagénaire est actuellement incarcéré à la prison de la Croisée. Il est jugé principalement pour viol, acte d’ordre sexuel avec des personnes dépendantes ou incapable de discernement, escroquerie, extorsion, usure, abus de détresse et pornographie.
L’homme s’était mis en tête de libérer sa jeune victime, alors adolescente et en conflit avec sa mère, d’un soi-disant «blocage sexuel» et avait estimé que «son aura n’était pas bonne». Pour cela, il lui avait fait signer un document stipulant avoir «accepté un exorcisme avec rapport sexuel librement consenti».
Rituel d’occultisme
«Au niveau de la méthodologie, ce rituel d’occultisme, dans lequel je n’étais qu’un relais, nécessitait d’arriver à la limite de l’orgasme», a expliqué, tout naturellement et en laissant tout le monde perplexe, l’autoproclamé «magnétiseur» qui assume une partie des faits tout en réfutant qu’il s’agisse d’abus.
A propos de sa victime, il déclare: «Il y a beaucoup de confusion de sa part. Je ne comprends pas sa position. Je lui souhaite d’être heureuse et de vivre sa vie. La seule chose que je regrette c’est d’avoir trompé ma femme (…) Généralement, je ne couche pas avec des patientes».
Un simple «plan cul»
«Il avait installé entre nous une mécanique qui fait que, dès que j’avais un souci, je me tournais vers lui au point qu’il me dictait les SMS que j’avais le droit d’envoyer ou pas à mon petit ami de l’époque et me disait tout ce que je devais faire», a aussi expliqué sa victime.
Le prévenu décrit leur relation comme ayant basculé naturellement de thérapeutique à un simple «plan cul». Sa victime, en larmes, s’est dite «choquée d’entendre ça» et a souligné qu’entretenir des relations sexuelles «thérapeutiques» avec l’accusé, alors obèse et de 36 ans son aîné, la dégoûtait. «C’était une jolie jeune femme… Nous les hommes, on est un peu con…», a argué l’intéressé.
Psychologiquement détruite
La jeune femme a précisé que «ces faits ont eu d’énormes conséquences au niveau intime». «Je me suis retrouvée complètement bloquée et j’ai longtemps eu du mal à regarder mon corps dans un miroir (…) Psychologiquement, j’étais détruite». «C’était une jeune fille pétillante et pleine de vie qui est devenue terne du jour au lendemain», confirme un ami à la barre. En cinq ans, elle a versé plus de 8000 francs à son agresseur.
L’homme aurait ainsi extorqué des sommes de plusieurs milliers de francs à ses victimes pour procéder à des actes de désenvoûtement ou de guérison. Et ce en plus des séances pour lesquelles ses victimes étaient venues vers lui et qui étaient facturées 100 francs l’heure.
Une expertise psychiatrique a révélé que ce petit homme, grassouillet et barbu, au redoutable bagout et prétendant maîtriser les magies blanche et noire, souffrait de graves troubles de la personnalité mixtes, narcissiques et borderline. Sa responsabilité est malgré tout considérée comme pleine et entière et les risques de récidive élevés.
Victimes à la barre
Une douzaine d’autres victimes du charlatan devraient se succéder à la barre dans les jours à venir. L’acte d’accusation énumère une trentaine d’infractions, lesquelles se sont étalées sur une dizaine d’années. Le procès doit durer toute la semaine. Le verdict sera connu lundi 6 juillet. (ats/Le Matin)
https://www.lematin.ch/faits-divers/pseudo-magnetiseur-aurait-viole-90-jeunes-filles/story/20222555