Jean-Michel Cravanzola avait des vues sur le château de Corcelles-sur-Chavornay, vide depuis quelques années.
Prédicateur charismatique et mégalomane, le Français Jean-Michel Cravanzola, qui affirmait donner sa vie à Dieu, a défrayé la chronique dans le canton de Vaud de la seconde moitié des années 70. En décembre 1977, 24 heures révèle que le gourou a lancé un appel de fonds «urgent». Il espère «un miracle financier» pour sauver son association qui, prétend-il, vient en aide aux drogués, aux mères célibataires et aux «paumés». «N’oubliez pas, dit la lettre, que nous prions pour vous chaque jour.»
Plusieurs centaines de personnes feront des dons, pour plus de 300 000 francs au total. Le 9 décembre, 24 heures dévoile le pot aux roses: l’appel de fonds, «opération menée sur une grande échelle (120 000 missives-circulaires auraient été envoyées en Suisse romande et alémanique), vise un but précis, à savoir l’achat du château de Corcelles-sur-Chavornay, dans lequel une partie des adeptes de Jean-Michel s’installent ces jours».
Dans le même article, la journaliste Francine Brunschwig révèle que «la Banque Cantonale Vaudoise a pris une mesure exceptionnelle: elle a fermé le compte ouvert à sa succursale de Prilly par l’association Jean-Michel et son équipe». L’un des responsables de la banque déclare: «Il nous est apparu que ce compte était alimenté d’une manière particulière, notamment par l’envoi de lettres accompagnées d’enveloppes portant notre adresse et créant ainsi une confusion au sein du public. Certaines personnes ont même cru que Jean-Michel et son équipe étaient des collaborateurs de la BCV!»
«Un peu partout on commence à se poser des questions sur le comportement et les méthodes de Jean-Michel, sur son intolérance et son mépris pour quiconque ne le reconnaît pas dans ce qu’il affirme être, soit Dieu lui-même», poursuit24 heures.
Une plainte a été déposée et les réponses apparaîtront lors du procès tenu en 1979 par le Tribunal correctionnel de Lausanne: Cravanzola était un escroc. Pendant que ses adeptes suaient sang et eau, il a employé des montants considérables à satisfaire son goût du luxe (montres, voitures, vêtements, bureaux) ou à des voyages d’agrément. Après sa condamnation pour «escroquerie à la charité», Jean-Michel Cravanzola s’est expatrié en France, puis aux Etats-Unis.
Article paru le 9 décembre 1977 dans «24 heures».
Archives consultables ici.(24 heures)
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Par Gilles Simond. Mis à jour il y a 17 minutes
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