RAPPEL
Les époux Bernard sont poursuivis pour
les viols de leurs filles ( Midi Libre d’hier) « J’ai installé une secte à la maison dédiée aux Bernard… Et puis, il y a eu cette monstruosité. (…) Je n’ai jamais été dupe de ce système. » Le procès d’Assises de Patrick Bernard, poursuivi avec son épouse pour viols sur ascendant à l’encontre de ses deux belles-filles, mineures au moment des faits, a livré, hier, ses nouvelles vérités par la voix même des accusés.
Patrick Bernard a « simplifié » le travail du président, du procureur de la République et de l’avocat de la partie civile en confirmant d’emblée que “Robert”, le double mystique qui commandait à la famille tous ses actes, y compris les plus ignobles, était « une fiction, un moyen d’avoir des relations
de sang avec Lætitia ».
Les véritables rapports du couple sont apparus, hier, au grand jour. Géraldine Bernard agissant ou laissant faire « par amour ». Patrick Bernard, lui, avouait ne plus aimer son épouse. « Elle m’aimait plus que tout. Pour moi, c’était la mère de mes enfants, pas la femme de ma vie. » Géraldine Bernard, tête baissée accuse le coup. Quelques instants plus tôt, à la question « pourquoi avez- vous toléré cette relation ? », elle répondra : « Patrick était plus que tout, plus que ma vie. » Et de poursuivre en justifiant ainsi la naissance de Deborah, fruit des relations entre Lætitia et son beau-père. « Patrick voulait un autre enfant. J’ai été voir un gynéco car j’avais fait ligaturer mes trompes. Pour moi, il était logique que cela soit Lætitia qui est un enfant. » Logique à la fois ignoble et implacable qui satisfait le désir de Patrick Bernard de fonder « une famille qui m’appartienne à moi. (…) Deborah, c’était une Bernard. » C’est cette même logique de soumission et d’appartenance, selon Patrick Bernard qui le guide dans cette spirale infernale. « Je voulais des liens de sang avec Audrey et Lætitia et je voulais ma famille. »Plus tôt dans la matinée, le témoignage de Jonathan, beau-fils de Patrick Bernard confirmera la violence que faisait régner le père. Violence insidieuse et redoutable issue de ce cercle sectaire. Mais aussi violences physiques dont sera victime le jeune garçon à plusieurs reprises.
Les faits débuteront pour Lætitia en 1994 alors qu’elle a 11 ans par un premier baiser sur la bouche imposé. Un an plus tard, elle assiste aux ébats de ses parents. 1996 commence le calvaire des rapports forcés, parfois à trois – une dizaine de fois selon la mère – puis quasi quotidien avec Patrick Bernard.

Difficile dans ce contexte de comprendre l’attitude de Mme Bernard qui « laisse faire » et participe même, pendant trois ans, à ce sinistre manège. Pourquoi, n’a-t-elle pas réagi ? « En dix ans, je n’ai pas eu le temps de réfléchir. J’ai mis deux ans d’arrêt complet, d’analyses pour m’apercevoir ce qui s’est fait. (…) Aujourd’hui, quand j’y pense, c’est horrible. » Une conscience qui ne l’empêche pas tout de même de revenir sur le rôle de Robert avec une étonnante froideur. Pourquoi ce système sectaire ? « Robert, c’était une sortie possible de la galère. On avait l’impression d’un bien être… J’ai participé à des relations sexuelles qui donnaient de la puissance. Cela nous aidait à continuer à vivre. » A aucun moment, Géraldine ne viendra en aide à ses enfants. Elle « laisse sa place de maîtresse en 2001 » à Lætitia. Elle avoue avoir souffert de cette mise à l’écart mais accepte. « Fin 1996, quand j’apprends ce qui s’est passé, j’étais un peu en colère sur le moment, mais c’est tout. C’était pas ma fille que j’offrais à Patrick, c’était une amie. Pour moi, c’était pas un viol. Aujourd’hui je regrette et je sais que c’en est un. » Robert, véritable « instrument de culpabilité » permettait à Patrick Bernard d’arriver à ses fins. Dans sa première déposition, Lætitia avouera. « Il me disait que si je ne le faisais pas, mes frères et soeurs n’auraient pas mangé… » Hier, les deux victimes ont été entendues par la cour et les jurés à huis clos. Un instant fort de confrontation avec leurs bourreaux. Aujourd’hui, place aux plaidoiries et au réquisitoire avant le verdict. Les Bernard encourent 20 ans de réclusion.

Patrick BESSODES

Le 25 mars 2009- Le midi libre