Nous avons en France une image trompeuse du vaudou. La poupée avec les aiguilles n’est qu’un mythe. C’est pourquoi je suis parti au Bénin, terre du vaudou pour en apprendre plus sur cette religion. Le vaudou est une religion qui se veut tolérante.
Saviez-vous que la première église en Afrique a été construite au Bénin ?
A l’époque, des missionnaires catholiques arrivèrent en masse en terre béninoise. En les voyant, la population locale ne voulaient qu’une seule chose : les faire juger pour ensuite les tuer. Ils allèrent donc voir le chef vaudou du village qui dit aux missionnaires :
« Que voulaient-vous, hommes blancs aux robes rouges ? Que faites-vous ici ? »
« Nous sommes venus répandre la parole sacrée, la parole de Dieu » dirent les missionnaires.
Le chef vaudou répondit alors : « Votre but est sain et bon, nous avons le même Dieu, alors, vous allez construire votre Eglise en face de mon temple ».

Au Bénin, près de 30% de la population est chrétienne, 20% musulmane et 50% suit les croyances traditionnelles, comme le vaudou et l’animisme. Malgré cette segmentation, la plupart des béninois pratique le vaudou, quelle que soit leur religion.
Pendant de nombreuses années, le gouvernement du Bénin a interdit le vaudou. Les descendants des esclaves béninois qui habitaient en Amérique et aux Antilles ont perduré cette religion auprès de leurs enfants et ces derniers ont réussi à faire pression sur les politiques. Grâce à eux, depuis les années 80, elle est reconnue comme religion à part entière.

Le vaudou est une religion qui croit en un seul Dieu. Ce Dieu est le même que celui que l’on trouve dans l’Islam, le Judaïsme et le Christianisme. C’est pour cela que la plupart des béninois pratiquent le vaudou. Trois couleurs expriment cette croyance: le noir (représentant le monde invisible), le blanc (représentant la sagesse) et enfin le rouge (très peu utilisé car il représente le mal).
Le vaudou croit aux esprits, aux ancêtres et au monde invisible. Le monde invisible est un vaste univers en relation permanente avec le nôtre qui abrite de nombreux esprits. Pour comprendre ce qu’il se passe dans la réalité, il faut plonger dans ce monde. Pour y plonger, il faut être initié, c’est à dire avoir suivit l’enseignement d’un prêtre vaudou et plusieurs rites. Le vaudou veut expliquer tout, « il fait feu de tout bois et ne néglige rien, ni personne » me dit un béninois.
Selon les béninois, toutes les femmes sont jalouses. Comment expliquer cela ? Le vaudou permet de trouver une explication. En effet, on raconte ici qu’avant leur naissance, les esprits des enfants passent par une grande porte (la porte de Zewa) avant de rejoindre le corps qui leur est attribué. Devant cette porte se trouve une huile. Chaque esprit féminin, contrairement aux esprits masculins, goûte à cette huile. Malheureusement, cette huile est l’huile de la jalousie…

En plus d’expliquer le monde qui nous entoure, le vaudou peut influer sur celui-ci. Vous êtes étudiant et vous voulez réussir vos prochains examens ? Vous craignez un empoissonnement ? Vous êtes militaire ou policier et vous avez peur de vous faire tirer dessus ? Vous êtes amoureux d’une personne et vous voudriez que cette personne vous aime en retour ?
Aucun problème, le vaudou a la solution ! Rendez vous chez le prêtre vaudou pour lui demander un grigri pour votre réussite scolaire, une bague qui vous avertira du poison dans votre nourriture, un bracelet qui vous rendra imperméable aux balles ou un cadenas de l’amour. Pour la réalisation de ce talisman magique, le prêtre vous donnera une liste. Sur cette liste figureront sûrement plusieurs ingrédients : une tête de singe, une dent de crocodile, des poils de chien, un coq, une bouteille locale de whisky… Vous irez alors sur les marchés des fétiches pour acheter ces ingrédients nécessaires à l’élaboration de votre grigri. Une fois que vous apporterez ces objets au prêtre, celui-ci rentrera en transe pour plonger dans le monde invisible, parler aux esprits et leur offrir la tête de singe, le coq et la dent de crocodile…

Au dessus des prêtres vaudous, se trouvent les Dah. Chaque village possède plusieurs Dah, c’est à dire des chefs locaux qui possèdent le titre de grand chef vaudou. Ils commandent tous les prêtres vaudous. Figures importantes du village, ils sont aussi responsables localement de la politique. On devient Dah de père en fils. Chaque personne ayant le statut de Dah hérite d’un respect inégalé dans le village. Chaque villageois croisant un Dah doit lui baiser les pieds. Le Bénin s’appelait autrefois « Le Royaume du Dahomey ». On retrouve dans ce nom le nom « Dah ».
L’histoire de ce royaume mérite d’être conté car elle contient une histoire liée directement au vaudou. Dahomey peut aussi s’écrire Danhomey, qui signifie « à l’intérieur du ventre de Dan ». Un devin avait dit au roi Hakaba de tuer Dan pour être assurer de régner aussi longtemps que son père et d’avoir un grand royaume. Sauf que Dan était réputé très puissant, il maîtrisait le monde de l’invisible et pouvait voyager jusqu’au bout du monde juste avec son esprit, le tuer s’avérait alors être une entreprise très difficile. Hakaba décida de se lier d’amitié avec Dan. Une fois que leur amitié fut sincère, il le tua d’un coup de couteau. Il décida à sa mort de l’enterrer et de mettre dans son ventre une graine qui deviendrait plus tard arbre. Son royaume se nommerait alors Danhomey, en l’honneur de son ami.

Dans un pays contenant de nombreuses ethnies, le vaudou s’avère être une pratique qui rallie les différentes religions et les différents peuples. Dans un pays rongé par la pauvreté, le vaudou permet à chacun d’espérer un avenir plus radieux.

source : http://grand-prix-photo-reportage.parismatch.com/2014/Le-Benin-terre-du-vaudou-547217#547238