Mis à jour 24-05-2009 23:20

{{Pianiste de formation, Alain Stoffen a vécu pendant quinze ans sous l’emprise de la scientologie. Dans Voyage au cœur de la scientologie (Ed. Privé), il ra­conte sa descente aux enfers.}}

{{Comment êtes-vous devenu membre de la scientologie ?}}

Pianiste de formation classique, j’aspirais à des choses nouvelles. J’étais fan du pianiste Chick Corea, sciento­logue reconnu. Comme beaucoup, j’ai été séduit par des promesses offertes par cette secte. J’ai commen­cé par prendre des cours de communication, puis j’ai acheté des livres… Pendant 15 ans, j’étais intimement persuadé que je devenais de plus en plus authentique, que la scientologie détenait toutes les solutions à mes problèmes, alors que c’était tout l’inverse. Je me suis laissé enrôler, sans m’en rendre compte, par une mise en scène trompeuse.

{{Quel est le profil des scientologues ?}}

Il y a une vision très caricaturale de la scientologie. Il n’y a aucun délire mystique ou ésotérique, il n’y a pas de gourou illuminé et tout le folklore qui va avec.
Les adeptes sont en costumes cravate ou en tailleur Chanel. Ils sont dans une dynamique très positive avec plein de projets… Ils installent une confiance avec ceux qu’ils veulent attirer, ils trouvent leurs failles, proposent le test de personnalité, et
donnent des résultats catastrophiques pour leur proposer des solutions. Le but est de piéger les gens, et ça marche…

{{Vous avez réussi à vous procurer votre dossier d’éthique. Quelles ont été les révélations ?}}

Ça a été un électrochoc. Quinze ans de ma vie se sont écroulés. Ce document
confidentiel de 120 pages, com­pre­nant les notes, les rapports et les circulaires rédigés par la scientologie sur ma personne, m’a fait comprendre l’ampleur du désastre, l’énormité des menson­ges. Là, j’ai décidé de partir. J’ai porté plainte en 2002 contre cette secte pour “escroquerie et extor­sion en bande organisée, chantage, exercice illégal de la méde­cine, exercice illégal de la pharmacie”.

{{Une plainte et un livre contre la scientologie. Ne redoutez-vous pas des représailles ?}}

J’ai été menacé à plusieurs reprises, mais il ne m’est rien arrivé. La médiatisation me protège

Metro France, recueilli par A.S