Le dialogue islamo-chrétien a fait l’objet d’une importante rencontre académique à Alger. La rencontre a été animée par Monseigneur Henri Teissier, ex-archevêque d’Alger, l’historien Abderrahmane Khelifa et le Dr Soheib Bencheikh, ancien mufti de la mosquée de Marseille.
La grande problématique du dialogue inter-religions, a été abordée durant cette rencontre en présence d’une importante assistance composée des professeurs de haut niveau, des anciens ministres algériens et des diplomates de plusieurs pays européens. Mettant en valeur l’apport des musulmans qui ont contribué grandement à l’établissement de la paix et de la fraternité entre les peuples.
Les conférenciers ont cité notamment l’Emir Abdelkader qui a libéré les prisonniers et sauvé les chrétiens durant la période coloniale française, Charles de Foucauld qui a protégé les musulmans dans les années 1916 à Tamanrasset et autres région du Sud algérien sans oublier l’érudit saint Augustin, un berbère de Souk Ahras. Il a été noté durant cette rencontre également que des chrétiens ont défendu avec ferveur la cause algérienne aussi bien en Algérie que dans le monde occidental. En réalité, le dialogue a toujours existé entre les religions, et a permis de nouer des relations d’amitié, de fraternité et le dialogue à tous les niveaux, notamment le domaine des échanges commerciaux, ont expliqué les conférenciers. Ce n’est qu’après avoir détourné la vocation de tolérance des religions et de l’islam à des fins politiques ces derniers temps, que le monde a connu d’autres tournures au nom des religions pour semer le trouble et la haine, a-t-on ajouté lors de la même rencontre.
Il y a lieu de souligner que le dialogue spontané est souvent resté dans un cadre d’individualités au lieu de le porter à un niveau politique supérieur dans le respect mutuel de toutes les religions et peuples. Monseigneur Teissier donne des exemples effarants qui portent sur des religieux qui ne développent pas le dialogue avec les autres différences. «Il m’est arrivé de discuter avec un évêque qui a grandi à Oran est qui ne savait pas qu’il vivait dans un pays musulman», dira-t-il, rien que pour mettre en évidence, l’importance du dialogue et de l’ouverture avec les autres religions. «Le mal vient de la misère, de l’ignorance et de la pauvreté», précise Mgr Teissier avec un sens de l’humour toujours égal à lui-même.
Les conférenciers ont souligné le fait que le danger ne vient pas des différences de religion, «mais de sectes religieuses extrémistes qui instrumentalisent les religions à des fins politiques, occultes et déstabilisatrices des civilisations humaines depuis la nuit des temps».
Le monde occidental a connu la même situation que l’Algérie et autres pays qui sont touchés par les mouvements de guerre et de déstabilisation sociale, politique et économique. Khelifa Abderrahmane, de son côté, n’a pas manqué de mettre en valeur l’importance de la diversité religieuse et culturelle tout en restant dans l’esprit du respect des libertés et choix des individus: «La liberté de conscience est un acte qui engage l’individu avec sa foi. Il faut comprendre autrui afin de créer de petites passerelles de dialogue entre l’islam et le christianisme comme cela a été dans l’esprit du sociologue et philosophe Abderrahmane Ibn Khaldoun».

Revenant d’un long exil de 26 ans, Dr Soheib Bencheikh, qui n’est plus à présenter, est revenu longuement sur la nécessité de faire la part des choses entre la politique et la religion. «Il ne faut pas théoriser le dialogue des religions. Plutôt, il faut aller vers la découverte d’autrui de manière spontanée», dira-t-il avant d’insister sur l’obligation de dépolitiser la religion afin de laisser les personnes responsables devant leur propre conscience et foi. «C’est l’islam officiel qui pousse les autres à utiliser la religion à leur tour pour rebondir sur la scène politique au nom de la religion», fera-t-il savoir

source :l’expression;dz.com

Par Amar CHEKAR –