Le gouvernement français s’efforce actuellement de mettre au point différentes mesures administratives permettant d’empêcher certains jeunes français musulmans d’aller se former à la guerre en Syrie ou autres lieux (bientôt aussi sans doute rejoindre le Hamas dans une guerre contre Israël). Ces mesures devraient par ailleurs permettre d’identifier ceux d’entre eux revenant en France pour commettre ce qu’il faudra bien appeler de véritables actes de guerre.

Le juge Trévidic, chargé de la lutte contre le terrorisme, s’est convenablement expliqué à ce sujet lors du 7/9 de France Inter le 9 juillet (réécouter : http://www.franceinter.fr/emission-le-79-le-plan-anti-djihad-du-gouvernement)

Mais les juges, comme tous ceux qui étudient la question d’une façon quelque peu critique, ne peuvent, tout en félicitant l’Etat de cette première démarche, que souligner les nombreuses raisons faisant qu’elle n’obtiendra pas de résultats suffisants. En voici quelques unes:

Le recrutement se fait principalement aujourd’hui à travers des sites Internet qu’il n’est pas possible d’interdire, le voudrait-on, sauf à priver d’Internet toute la population.
Derrière ces sites se trouvent une ou plusieurs organisations, clandestines ou ne s’en cachant pas (telles celles menant la guerre contre Bashar el Assad, l’actuel gouvernement irakien ou d’autres cibles) qui ont su parfaitement s’organiser pour exploiter les failles du système de protection dont cherchent à se doter les Européens. Ceux-ci, non coordonnés et mal équipés, ne font pas le poids face à des agresseurs déterminés.
En Europe, et plus particulièrement en France, les services de police et les magistrats en charge du problème manquent de plus en plus des crédits et des effectifs permettant de prévenir un phénomène qui inévitablement prendra de plus en plus d’intensité (voir ci-dessous un argument en faveur de ce jugement pessimiste).
Les opportunités permettant aux individus d’échapper aux mesures de contrôle sont multiples: absence de frontières intérieures au sein de l’espace Schengen, porosité des frontières de celui-ci avec l’extérieur, impossibilité d’appliquer des lois nationales à des bi-nationaux, recrutement de jeunes mineurs auxquels ne s’appliquent pas les réglementations, multiples facilités pour la contrefaçon de documents administratifs.
Intervention de différentes organisations défendant les Droits de l’Homme qui execrent de tels procès d’intention sur les services de police et de justice que ceux-ci sont de plus en plus découragés d’agir, que ce soit préventivement ou de façon répressive. En amont, elles font une pression permanente sur le Parlement ou l’exécutif pour prévenir la mise en place de mesures plus efficaces. Certaines agissent par un idéalisme louable en principe, mais qui devient mal placé lorsque l’ordre public est sérieusement menacé. D’autres pour des motifs plus intéressés. Il leur faut vivre, en effet. Les forces politiques ayant intérêt à la dissolution de l’Union européenne ou de la République française ne manquent pas. Elles disposent de beaucoup de ressources.

Que faire?

Le juge Trévidic n’a pas manqué d’indiquer ce que chacun dans les quartiers peut constater: l’appel au djihad contre tous ceux qui selon eux bafouent les droits de la religion mais même aussi contre ceux qui ne pratiquent pas cette religion, rencontre chez des jeunes gens plus ou moins influençables des échos qui viennent, si l’on peut dire, du fond des âges. Si des manipulateurs intelligents réussissent à les convaincre qu’ils seront soutenus par Dieu, qu’ils se battront pour que son règne arrive, ces jeunes gens seront désormais prêts à tout tenter et tout accepter. Aussi bien pour s’adonner à des cruautés que l’on croyait disparues, que se sacrifier eux-mêmes dans des actions-suicides. Certains sociologues tentent de persuader l’opinion que ceci ne se produirait pas si l’Europe offrait à tous des emplois et des perspectives sociales qui sont dorénavant de plus en plus réservés aux éléments favorisés de la population.

Ce n’est pas faux. Mais à supposer que les pays européens décident de conduire les véritables révolutions politiques permettant de mieux égaliser les revenus et les conditions de vie, cela ne suffirait pas. Les magistrats, les policiers comme nombre de psycho-thérapeutes ont depuis longtemps constaté que certains individus brûlent de s’adonner à des conduites criminelles ou suicidaires, pour peu qu’ils se croient inspirés par Dieu. Ce ne sont d’ailleurs pas les seuls. Tous les fanatismes tristement célèbres dans l’histoire se sont toujours nourris de telles addictions à des croyances s’exerçant au delà du commun.

Les chrétiens n’ont rien eu à envier aux musulmans dans ce domaine. Ceci non seulement depuis le Moyen-Age mais encore aujourd’hui, dans des pays se disant développés. Un article intéressant publié par la revue américaine Skeptic « Becoming a Faith Healer: An Insider’s Look at the Business of Revealed Religion » par Dustin White, dans son numéro du début juillethttp://www.skeptic.com/eskeptic/14-07-09/ montre comment les églises évangéliques de plus en plus nombreuses aux Etats-Unis et par ailleurs officiellement reconnues, manipulent un jeune esprit (en l’espèce dès l’âge de 8 ans) pour en faire un véritable faiseur de miracle. Le narrateur, depuis devenu un repenti, raconte comment un prêtre en avait fait, en le persuadant que Dieu l’inspirait, une sorte d’illuminé capable de mobiliser tout un village. Ce n’est d’ailleurs pas sans motifs intéressés, puisque ces pratiques permettent aux églises d’extorquer des sommes considérables à des fidèles de plus en plus convaincus.

Ainsi va la nature humaine, relayée par les technologies de la communication. Nous sommes en présence de phénomènes que la science se devrait d’étudier en profondeur. Mais en attendant, faut-il que des Etats laïcs comme la France, renoncent à agir? Certainement pas, mais nul ne doit s’illusionner sur l’efficacité des mesures qui sont ou seront prises. Dans le domaine du dhihad, il se trouvera de plus en plus de terroristes se croyant inspirés par Dieu pour mener des attentats. Certains d’entre eux réussiront, y compris en France. Faut-il espérer qu’alors la société se mobilisera pour se défendre? Et de quelle façon?

Le bien alors pourrait être pire que le mal. Renvoyons le lecteur à un excellent numéro spécial de Sciences et Avenir de ce mois de Juillet: « La France des lieux maudits »http://www.relay.com/sciences-et-avenir-hors-serie/numero-courant-461.html

Cette France là, cette Europe-là, n’ont pas dit leurs derniers mots.

source : http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-paul-baquiast/090714/le-djihad-au-nom-de-dieu
PAR JEAN-PAUL BAQUIAST