Sur le visage de Roméo Dallaire se lit l’épuisement des années de devoir au Rwanda, mêlé à la force d’une mission cathartique: la lutte contre l’usage des enfants soldats dans les conflits du monde entier. C’est pour ce combat, qu’il mène avec sa fondation éponyme, que le lieutenant-général Roméo Dallaire a été reçu en audience par le Souverain Pontife le jeudi 17 janvier. «Une rencontre des plus magnifique et inspirante», confie-t-il. «Inspirante», elle ne pouvait que l’être, entre deux défenseurs des droits de l’homme et des droits des enfants. Ils ont notamment discuté des Principes de Vancouver, une série d’engagements politiques pris par les 71 États signataires pour prévenir le recrutements des enfants soldats. Le général canadien aspire à une signature prochaine du Saint-Siège.

Selon les Nations-Unies, 56 groupes armés non-étatiques et les forces armées de 7 pays (Afghanistan, Birmanie, Somalie, Soudan du Sud, Soudan, Syrie et Yémen) utilisent des enfants, entre 6 et 18 ans selon l’UNICEF, comme de la chair à canon. Et le fléau ne cesse d’empirer, il se métamorphose aux côtés des groupes tels que Boko Haram ou l’organisation de l’État Islamique. «La présence des enfants dans des conflits est un outil pour les perpétuer», enseigne Roméo Dallaire, qui mise sur le droit pour lutter contre l’utilisation des enfants, un outil «fondamental pour réduire les possibilités de conflit car la mobilisation est diminuée». Dans les quatre coins du monde, la Child Soldiers Initiative de Roméo Dallaire milite avec les citoyens, les militaires et les politiques pour faire avancer les droits des enfants. L’année dernière, l’Institut Roméo Dallaire annonçait devenir un centre d’expertise pour l’OTAN en matière d’enfants soldats.

Les deux sexes concernés

Est considéré enfant soldat tout individu de moins de 18 ans utilisé à des fins militaires. Cela concerne donc un enfant sur le front, mais aussi celui utilisé pour espionnage ou pour laver le plancher de la caserne. Parmi les victimes, de nombreuses filles: elles représentaient par exemple 34% des enfants soldats recrutés en République Centrafricaine en 2017, 30 à 40% en République Démocratique du Congo en 2015, selon les chiffres des Nations Unies. Des fillettes qui sont aussi utilisées comme «instruments sexuels», ajoute Roméo Dallaire.

 

source :

https://www.vaticannews.va/fr/monde/news/2019-02/guerre-enfants-soldats-romeo-dallaire.html

Entretien réalisé par Marine Henriot – Cité du Vatican