TOULOUSE (AP) — La cour d’assises de la Haute-Garonne a condamné vendredi Robert Le Dinh à dix ans de prison pour agressions sexuelles aggravées. Le gourou présumé de l’Ariège était jugé en appel depuis le 28 mars pour viols aggravés, agressions sexuelles, notamment sur des mineures, et abus de faiblesse aggravé.
Dans son verdict, la cour d’assises n’a donc rendu coupable Robert Le Dinh que d’agressions sexuelles aggravées et, à la déception des parties civiles, a écarté les viols aggravés et les abus de faiblesse aggravés.
Jeudi, l’avocate générale Cécile Deprade avait requis 12 ans de réclusion criminelle et sollicité l’abandon du facteur aggravant dans les poursuites.
Robert Le Dinh, qui a animé durant plus de vingt ans un groupe « d’enseignement mystique chrétien » avait été condamné le 18 septembre 2010 à 15 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de l’Ariège, à Foix et avait fait appel de sa condamnation. Lors ce premier procès, la même avocate générale, Cécile Deprade avait requis entre 10 à 12 ans de réclusion criminelle.
Plus tôt dans la matinée, vendredi, Me Edouard Martial, l’un des trois conseils de Robert Le Dinh, avait incité à plusieurs reprises les jurés à faire preuve de « prudence » sans pour autant leur demander « d’avoir de l’amour ou de la sympathie » pour son client.
« Vous avez toutes couché ensemble. Vous avez couché avec presque tous les hommes du groupe. Vous ne vous êtes jamais rebellées. On ne peut pas retenir 23 ans de viol! » avait asséné Me Martial, en s’en prenant à Isabelle Lorenzato, partie civile, devenue « conférencière de l’antisectarisme » et aux autres plaignantes venues, selon lui, « pleurnicher » à la barre.
« Je crois aux femmes battues, violées, à toutes ces femmes fracassées devenues des pantins à tout ce que des hommes sont capables de faire. Mais je crois aussi aux femmes délaissées, qui n’ont pas trouvé dans le groupe ce qu’elles étaient venues chercher et qui, après avoir admiré, ont été rejetées et ont cherché à se venger », a déclaré Me Martial.
Avant lui, Me Pierre Le Bonjour avait livré sa conviction sur un dossier qui selon lui ne repose que sur « beaucoup de rancoeur » et « une volonté de vengeance » de la part d’anciennes membres du groupe.
Durant tout son procès en appel devant la cour d’assises de la Haute-Garonne, l’accusé, qui se faisait appeler « Tang » ou encore le « Saint-Elu » et le « Grand Monarque » et a dirigé durant plus de vingt ans un groupe « d’enseignement mystique chrétien » dans le Lot-et-Garonne puis en Ariège, a contesté l’ensemble des faits qui lui étaient reprochés.
Il a notamment assuré que les relations sexuelles qu’il avait pu avoir avec des membres de son groupe, exclusivement des femmes, étaient « parfaitement consenties ». Concernant les abus de faiblesse et les importantes sommes d’argent qu’il aurait perçues du groupe, Robert Le Dinh a déclaré qu’il n’avait « jamais rien soutiré à qui que ce soit ».
Né en 1959 à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), ce fils d’ouvrier bouddhiste d’origine vietnamienne et d’une mère française catholique dit avoir reçu un message divin du Christ en 1982 le chargeant d’une mission. Après cette « révélation », Robert Le Dinh a formé en 1984 une communauté « pour la paix dans le monde », réunissant selon les périodes de 20 à 50 personnes, dans un premier temps à Madaillan et dans d’autres localités proches d’Agen, dans le Lot-et-Garonne et à partir de 2005, à Bonac-Irazein, près de Castillon en Ariège.
Durant vingt ans, le groupe de Tang a donné naissance à diverses associations caritatives ou humanitaires telles que l’ADLEIF (Association de défense des libertés d’expression dans l’institution française), citée dans le rapport parlementaire sur les sectes en 1995.
Tang et son groupe ont également fait l’objet d’une mention dans le rapport 2010 de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).
L’affaire Tang avait démarré en avril 2007, lorsque deux de ses anciens disciples, un couple de fonctionnaires qui avait rejoint le groupe peu de temps après sa création en 1984, avait dénoncé ses agissements auprès des gendarmes de Saint-Girons (Ariège). Le 5 septembre 2007, Robert Le Dinh était placé en garde à vue et, deux jours plus tard, mis en examen pour viols et agressions sexuelles aggravés, abus de faiblesse aggravé. AP
Dans ce procès, sept anciens disciples ainsi que l’UNADFI (Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes) se sont portés parties civiles.
Source : ASSOCIATED PRESS 06-04-2012 à 18h30 – Mis à jour à 18h30