TOULOUSE, 27 mars 2012 (AFP) – Robert Le Dinh, gourou d’une communauté spirituelle, est jugé en appel à partir de mercredi devant la cour d’assises de Haute-Garonne pour le viol d’anciennes adeptes sur lesquelles il est accusé d’avoir exercé son emprise mentale.

Deux thèses radicalement opposées s’étaient affrontées au cours du procès de Robert Le Dinh, jugé pour viols sur personnes vulnérables et agressions sexuelles, y compris sur des mineures, ainsi que pour abus de faiblesse.

D’un côté, d’anciens disciples ont décrit le gourou pervers d’une secte qui usait de son emprise pour obtenir des faveurs sexuelles mais aussi faire financer son train de vie.

De l’autre, l’accusé évoquait une communauté d’amis dans laquelle il n’a jamais rien imposé à personne, et certainement pas des viols.

Disant avoir reçu en 1982 une révélation du Christ, Tang, fils d’un ouvrier bouddhiste d’origine vietnamienne et d’une mère française catholique, dispensait des enseignements spirituels à une vingtaine de personnes, d’abord dans le Lot-et-Garonne, puis, à partir de 2005, dans l’Ariège.

Son ascendant était tel qu’il conseillait les adeptes dans leur carrière, constituait les couples ou prénommait les enfants, d’après des témoins.

S’il est mis en cause, dit-il, c’est le résultat d’une machination fomentée par Dominique et Isabelle Lorenzato, ex-adeptes motivés par la jalousie et le dépit amoureux. Le couple avait le premier dénoncé les faits, en 2007.

Me Pierre Le Bonjour, qui avec Me Edouard Martial plaidera l’acquittement comme en première instance, dément le caractère sectaire du groupe de Le Dinh.

Si Robert Le Dinh était le “chef” d’un groupe, l’avocat met en doute la “force de son emprise sur les gens. Il faudra voir si elle était suffisante pour contraindre quelqu’un à être amoureux ou à avoir des relations sexuelles”, dit-il.

Un avis que ne partagent évidemment pas les parties civiles, parmi lesquelles l’association de défense des familles UNADFI, qui soulignent que le groupe de Tang a été cité dans le dernier rapport de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).

C’est un dossier “particulièrement emblématique du fonctionnement de la manipulation et de l’emprise mentale”, dit le couple Lorenzato dans un communiqué. “On aborde ce dossier l’arme au pied”, souligne leur avocat, Me Daniel Picotin, faisant valoir en particulier que les expertises psychiatriques avaient “très clairement conclu à l’emprise mentale” exercée par le gourou.

Le procès se terminera le 6 avril.

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