Cet appel à la prudence, lancé par la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) s’adresse aux personnes fragilisées par la maladie, susceptibles d’être victimes de dérives sectaires.

Dans son rapport annuel, publié mercredi, la Mission distingue les “traitements complémentaires” des “pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique” (PNCAVT) qui prétendent remplacer les thérapies classiques.

Certaines méthodes, comme l’acupuncture ou l’auriculothérapie, peuvent être utilisées en complément d’un traitement oncologique classique pour en atténuer les effets.

Elles ne peuvent, à elles seules, traiter le cancer.

Que dire des “pratiques non conventionnelles”, qui n’ont aucune validité scientifique, et se veulent des “substituts” aux traitements classiques?

“Il s’agit là d’une véritable industrie et d’un marché porteur pour tous les charlatans qui ont très bien compris l’intérêt pour eux d’investir ce champ”, prévient la Miviludes. “Le cancer fait peur et les pseudo-thérapeutes exploitent cette peur”.

Serge Gagnon en est mort.

Sa soeur Françoise raconte à l’AFP comment, après avoir été soigné pour une tumeur cancéreuse près de l’oeil, fin 2006, “Serge a décidé d’abandonner chimio et radiothérapie au bout de trois mois”.

“Il s’était laissé convaincre par une kinésiologue, adepte de la +biologie totale des êtres vivants+ du Français Claude Sabbah, que la chimio était du poison et qu’il lui suffisait d’identifier les conflits familiaux non résolus, vrais responsables de la maladie, pour guérir”.

“Serge a également rencontré un spécialiste du +décodage biologique+. Toujours pour découvrir un conflit familial qui pourrait remonter à une ou deux générations. Puis, ça a été un naturopathe qui lui conseillait des baies, certaines huiles ou la fameuse cure de légumes à suivre pendant 40 jours”.

“Ca se passait dans un centre de médecines naturelles, dans le sud de la France. Quand il a voulu revenir à une médecine conventionnelle, 18 mois plus tard, il était trop tard. Il est entré à l’hôpital pour ne plus en sortir. Il avait 42 ans”.

Reste que les traitements par “psychogénéalogie”, ou “décodage biologique”, de l’allemand Ryke Geerd Hamer, condamné en 2004 pour escroquerie et complicité d’exercice illégal de la médecine, et réfugié en Norvège, ont encore de beaux jours devant eux.

Ils ne sont pas les seuls.

Les iridologues affirment pouvoir déceler des terrains “cancériniques” par l’étude de l’iris, quand les radiesthésistes fondent leur diagnostic sur une baisse importante des énergies.

La Miviludes ne compte plus les pseudo-traitements par ingestion: ainsi la “crème Budwig”, à base d’huile essentielle de lin non chauffée et non traitée et de lait caillé. Ou la cure de jus de citron à haute dose d’Alain Scohy, (par voie orale ou en lavement). La méthode Amaroli recommande l’absorption d’urine, la méthode Simoncini, le traitement par bicarbonate de soude.

Les promoteurs des PNCAVT ne se contentent plus de vendre leurs solutions miracles aux malades: ils forment des apprentis-sorciers, en un temps record, lors de stages ou séminaires à des prix stratosphériques.

Source: AFP 15 juin 2011 par Annick BENOIST