Le philosophe Frédéric Lenoir défend la pratique de la philosophie dès l’école. Lundi 11 novembre 2019 au cinéma Pathé Le Mans, il participera à un débat autour du film de Cécile Denjean, « Le cercle des petits philosophes ».
Frédéric Lenoir : « C’est un film qui s’adresse à tous, parents, grands-parents, pédagogues, à tous ceux qui s’intéressent aux questions pédagogiques. Cécile Denjean a filmé pendant une année scolaire mes ateliers de philosophie dans deux classes, l’une à Pantin, l’autre à Belleville auprès d’enfants de CE1 (6 à 7 ans ) et de CM2 (10 et 11 ans). Je me rendais une fois tous les quinze jours dans ces classes et la réalisatrice a profité de ces ateliers pour faire parler les enfants. »
Comment des écoliers abordent-ils la philosophie ?
« D’une façon très simple. Il ne s’agit pas de délivrer un cours magistral mais de les questionner. On voit très vite que les enfants sont sensibles au raisonnement. Ils interrogent, réfléchissent. On leur apprend à dialoguer, à s’écouter. De même, les enfants ont un temps de méditation. Cette pause est si efficace que certains enseignants y recourent tous les jours. En quelques minutes, les écoliers apprennent à intérioriser et à se calmer. C’est très utile auprès d’enfants dont on sait qu’ils ont de plus en plus de mal à se concentrer. »
Vos ateliers existent depuis trois ans. Quels changements notez-vous dans les classes qui les pratiquent ?
« Philosopher avec les enfants les rend plus tolérants, car ils écoutent des avis différents. Ils prennent aussi confiance en eux puisque pour la première fois, on leur demande d’exprimer leur opinion, non de réciter une leçon. Ils sont considérés comme un interlocuteur valable dont on écoute les arguments. Ils apprennent à étayer leur pensée. »
Quel regard le ministère porte-t-il sur ces cours ? ?
« Jean-Michel Blanquer a donné un agrément à la fondation SEVE (Savoir Être et Vivre Ensemble) qui forme les enseignants ou les animateurs de ces ateliers de philosophie. Nous avons aussi des contacts avec les directeurs académiques. Il ne s’agit pas d’intervenir sur les programmes scolaires, simplement d’apporter ce petit plus. Plutôt que de proposer des écoles alternatives coûteuses, nous faisons évoluer le système en douceur. Des villes comme Trappes ou Montreuil ont adapté les ateliers philo dans les classes de toutes leurs écoles. »
Vous venez de publier « La consolation de l’ange » (Albin Michel). Vous aviez envie de revenir vers le roman ?
« Ce roman d’initiation est né des ateliers philo car à chaque fois que je demande aux enfants : « De quoi voulez-vous parler ? », on revient toujours vers le sens de la vie, pourquoi on meurt. Avec cette histoire qui relie un jeune homme rescapé d’un suicide et une vieille dame, je réponds à ces questions. C’est un roman de transmission. »
Film « Le cercle des petits philosophes » lundi 11 novembre à 18 heures au cinéma Pathé. Avec Frédérique Lenoir et la philosophe Edwige Chirouter.