Au menu : l’enseignement supérieur catholique, des questions de société, dont l’euthanasie, la PMA et la GPA, mais aussi les tensions sociales actuelles et les chrétiens d’Irak.Ce n’est pas un pèlerinage annuel à Matignon mais c’est une habitude désormais bien ancrée dans le paysage laïque français. Depuis 2002, sous le gouvernement Jospin, le sommet de l’État (premier ministre et tous les ministres concernés) s’entretient, une fois l’an et de façon formelle, avec le sommet de l’Église de France (président de la conférence épiscopale et son équipe, l’archevêque de Paris et le nonce apostolique) pour mettre à plat tous les dossiers en cours et y apporter des solutions.
La rencontre 2014 était fixée ce jeudi, à 17 h. C’est Manuel Valls qui accueillera pour la première fois en tant que premier ministre les dignitaires catholiques qu’il connaît bien et depuis longtemps. Il sera accompagné d’une série de ministres, dont notamment, Laurent Fabius pour les Affaires étrangères, le ministre de l’Intérieur et chargé des cultes, Bernard Cazeneuve, Geneviève Fioraso, secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales.
Le dossier de l’enseignement supérieur catholique au programme des discussions

On ne sait pas si la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, sera présente mais l’un des dossiers techniques les plus chauds sera celui de l’enseignement supérieur catholique, plus connus sous le termes des «cathos», les universités catholiques, mais qui concerne aussi des écoles d’ingénieurs ou de nombreux instituts supérieurs.
Ce n’est pas la reconnaissance du travail accompli par ces établissements, ni leur existence qui est en cause, mais des questions techniques, très sérieuses toutefois, de jurys rectoraux, donc de reconnaissance de diplômes, et de conventions avec l’enseignement supérieur. Mais aussi, et bien sur, de financements.
Autre dossier complexe, celui d’une réforme touchant de façon restrictive les legs que peuvent adresser des particuliers à des associations cultuelles. Les Protestants s’en sont émus bruyamment au printemps dernier car, chaque temple ayant pour support juridique une association cultuelle, l’enjeu financier est direct pour eux. Mais l’Église catholique est également concernée. Chaque diocèse est fondé juridiquement en association cultuelle et reçoit, à ce titre, des legs devenus, avec la raréfaction des fidèles, une indispensable source d’équilibre de leur financement.
«Ne pas se lancer dans des projets clivants»

Plus politique et international, le troisième sujet chaud sera celui des chrétiens d’Orient et d’Irak en particulier. L’Église de France a déjà été plusieurs fois consultée, cet été et la semaine dernière encore, par Laurent Fabius qui s’était rendu à Bagdad et à Erbil dans le nord irakien à la mi-août et qui encourage l’accueil de réfugiés irakiens.
Enfin, très politique, sera l’examen des questions de société, dont l’euthanasie mais aussi la PMA et la GPA. Sans oublier les tensions sociales et la montée de l’exaspération partout en France. L’Église catholique – très proche des populations par son réseau des paroisses et d’œuvres caritatives – ressent le pouls s’affoler au jour et le jour. Et s’inquiète de graves soubresauts à venir. Le message qu’elle pourrait donc faire passer au gouvernement, selon une source bien informée, serait «de ne pas se lancer dans des projets clivants», type PMA ou GPA, quand la société française toute entière se trouve profondément inquiète et troublée sur sa propre existence et destinée.

source : lefigaro.fr