PEKIN, 23 avr 2009 (AFP) – Dix ans après l’encerclement surprise du quartier général du Parti Communiste par des milliers de membres du Falungong, les adeptes du mouvement spirituel sont toujours victimes de persécutions, rapportent avocats et défenseurs des droits de l’homme.
Le Falungong a été interdit en Chine et une décennie plus tard, le mouvement qui revendiquait 70 millions de pratiquants est décimé.
“Il n’y a pas de doute, il y a des membres du Falungong en Chine, mais
l’organisation sous-terraine a presque totalement disparu”, explique à l’AFP Nicholas Bequelin, chercheur pour l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Right Watch, à Hong Kong.
“L’étouffement du Falungong de 1999 à aujourd’hui a été une violation des droits de l’homme, massive et secrète, avec utilisation systématique de la torture et détention illégale”, affirme-t-il.
Le mouvement est apparu en 1992 sous les traits du chef charismatique Li Hongzhi, qui vit aujourd’hui aux Etats-Unis. Li prêchait “vérité, compassion et tolérance”, alliées à la méditation et aux exercices traditionnels de respiration.
En 1999, le gouvernement a reconnu que des millions de Chinois avaient
rejoint ce mouvement et a été choqué de constater que parmi eux se trouvaient des membres du Parti communiste et des responsables gouvernementaux.
Le 25 avril 1999, quelque 10.000 pratiquants du Falungong avaient formé un cordon devant le quartier général du Parti et du gouvernement pour réclamer la liberté de culte. En juillet, le mouvement, accusé de “perturber l’ordre social”, était interdit.
Dix ans après, les autorités chinoises feront en sorte qu’aucune
protestation n’ait lieu.

Pour Erping Zhang, porte-parole du centre d’information du mouvement
Falungong exilé à New York, la répression a pour objectif d’éradiquer toutes pratiques traditionnelles, comme la méditation, contraires au dogme marxiste.

“Ce retour à la tradition met en cause la légitimité de l’idéologie
étrangère (marxiste) du Parti Communiste”, juge-t-il.
Selon le centre, des milliers d’adeptes ont été envoyés dans des camps de travail depuis 1999 et plus de 3.000 personnes ont été torturées à mort pendant leur incarcération.
Les personnes non incarcérées ont été “licenciées, expulsées des université, privées de soins et d’aides sociales, délogées, ou victimes d’autres formes de discrimination”, selon le site du centre.
“Personne ne croit vraiment que le mouvement Falungong représente une réelle menace pour la stabilité du gouvernement mais sa répression montre dans quelles mesures une campagne politique peut outrepasser toute loi”, estime Nicholas Bequelin.
En enfermant les gens, le gouvernement évite tout procès public, mais même ceux qui ont eu droit à un procès n’ont pas été écoutés, explique-t-il.

Jeudi, le gouvernement a assuré que la répression s’était faite dans le
cadre légal.
“Il y a dix ans, le gouvernement a mis hors-la-loi la secte du Falungong
conformément à la loi”, a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jiang Yu.
“Le Falungong a violé les droits de l’Homme en contrôlant les esprits des
gens, provoquant des maladies, et même la mort de nombreuses personnes innocentes et de pratiquants”, a-t-elle ajouté.
Pourtant, estime Xie Yanyi, avocat à Pékin, défenseur de plaignants du
Falungong, “dans la plupart des cas, la procédure légale n’est pas suivie et il y a même manque de preuves”.
“Nous (avocats) devons faire face à beaucoup de pressions: nous sommes confrontés à la police, les centres de détention ne nous laissent pas voir nos
clients et les tribunaux utilisent des procédures illégales”, dit-il.

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