Avant de quitter Rio de Janeiro, le pape François a dénoncé dimanche “les idéologisations socialisantes” ou “restauratrices” du message évangélique, vantant au contraire la solidité de la foi populaire.

Le pape François, avant de quitter Rio de Janeiro, a dénoncé dimanche “les idéologisations socialisantes” ou “restauratrices” du message évangélique, déplorant l’immaturité de nombreux laïcs latino-américains et vantant la solidité de la foi populaire.

Jorge Mario Bergoglio a tenu, malgré son programme harassant, à rencontrer, à la fin des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) le Comité de coordination du CELAM (Conseil épiscopal des évêques d’Amérique latine et des Caraïbes) pour faire le point, six ans après, des fruits de la grande conférence d’Aparecida dont il avait été le rapporteur.

Critique de la théologie de la libération
La “réduction socialisante”, “l’idéologisation a été, à certains moments, très forte”, a observé le pape devant des centaines d’évêques réunis à la résidence de Sumaré, à Rio, en faisant allusion sans la citer à la théologie de la libération.

Cette “prétention interprétative selon les sciences sociales” recouvre “les champs les plus variés : du libéralisme de marché aux catégories marxistes”, a-t-il dénoncé. Dans l’autre sens, des tentations de “restauration” se développent, s’est-il inquiété. “Devant les maux de l’Église, on cherche une solution seulement disciplinaire, par la restauration de conduites et des formes dépassées qui n’ont pas même culturellement la capacité d’être significatives”, a-t-il déploré.

“En Amérique Latine, de petits groupes, quelques Congrégations religieuses nouvelles recherchent une sécurité doctrinale ou disciplinaire. Cette proposition cherche à récupérer le passé perdu”.

Dérive “élitiste”
Le pape François a dénoncé d’autres dérives, comme “l’idéologisation psychologique”. Dérive “élitiste” qui “réduit la rencontre avec Jésus-Christ à une dynamique d’auto connaissance” dans les cours de spiritualité, les retraites spirituelles, etc. Les “groupes d’élites faisant la proposition d’une spiritualité supérieure constituent une autre dérive, gnostique”, a ajouté le pape.

François a encore dénoncé “le fonctionnalisme”, “paralysant” qui cherche “l’efficacité” et “les statistiques” et s’enthousiasme davantage pour la “feuille de route” que pour la route. Et encore les “entrepreneurs” de l’Église, qui prône “une sorte de théologie de la prospérité”.

“Le cléricalisme, tentation très actuelle en Amérique Latine” est à nouveau dénoncé par François: “le curé cléricalise, et le laïc lui demande à être cléricalisé, c’est une complicité pécheresse!”. Le cléricalisme explique “en grande partie le manque de maturité et de liberté chrétienne dans une bonne part du laïcat latino-américain”. “Ou bien il ne grandit pas –la majorité– ou bien il se blottit sous les couvertures des idéologisations”, a analysé le pape argentin.

Retard dans la participation des laïcs
François voit face à ces difficultés “une forme de liberté des laïcs à travers des expériences de peuple : le catholique comme peuple”. “Ici on voit une plus grande autonomie, saine en général, qui s’exprime fondamentalement dans la piété populaire”, se félicite-t-il. “La proposition des groupes bibliques, des communautés ecclésiales de base et des conseils pastoraux va dans le sens d’un dépassement du cléricalisme et d’une croissance de la responsabilité des laïcs”.

Le pape s’attarde précisément sur la confiance manquante des prêtres dans les laïcs: “rendons-nous participants les fidèles laïcs? “Je crois que nous sommes très en retard en cela”. “Soutenons-nous et accompagnons-nous les fidèles, en dépassant toute tentation de manipulation ou de soumission indue”, s’interroge encore le pape de la miséricorde.

La “mission” d’évangélisation doit s’adapter au changement d’époque, estime le pape: “dans une même ville, existent différents imaginaires collectifs”. “Si nous restons seulement dans les paramètres de la culture de toujours, au fond une culture de base rurale, le résultat sera finalement l’annulation de la force de l’Esprit Saint”. “Il faut annoncer Dieu dans (…) chaque réalité, chaque langue, a un rythme différent.

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