Assia, l’adolescente de 15 ans qui a fugué pendant quatre jours et envisageait de faire le jihad en Syrie avant d’être retrouvée à Marseille, a été mise en examen ce lundi par le juge des enfants. Cette mise en examen porte sur des faits de «vols, d’escroquerie par usage frauduleux de carte bancaire et de tentative d’escroquerie par usage frauduleux de carte bancaire» a indiqué Matthieu Bourette, le procureur de la République de Vienne (Isère).

Selon le magistrat, l’adolescente a «reconnu les faits» au cours de sa garde à vue. Laissée libre, elle fait cependant l’objet d’une mesure de liberté surveillée avec suivi par un éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). La justice a également confié à la PJJ une mesure judiciaire d’investigation éducative «qui doit permettre d’apprécier globalement l’environnement de la mineure et sa personnalité».

Assia doit également subir une expertise psychiatrique «afin de mesurer son degré de responsabilité pénale et l’éventuelle existence de pathologies mentales», comme le précise le procureur dans un communiqué. En revanche, l’âge de la jeune fille et son absence d’antécédents pénaux ne permettent pas son placement sous contrôle judiciaire.

{{«Aucun propos idéologiquement construit»}}

La disparition d’Assia du domicile familial à Villefontaine, dans l’Isère, était la troisième fugue de l’adolescente, mais la première pour faire le «jihad». Elle «a confirmé qu’elle voulait partir faire le jihad, qui correspond pour elle à la guerre sainte», ajoutait le procureur dimanche. «Elle considère que participer au jihad est “une expérience de la vraie vie”. Son degré de religiosité apparaît extrêmement faible et il n’y a aucun propos idéologiquement construit.» Le procureur, perplexe, est demeuré toutefois «extrêmement circonspect sur la réelle prise de conscience de cette demoiselle par rapport aux faits, la garde a vue semblant la faire rire».

Disposant d’indices laissant supposer son intention de gagner la Syrie par le sud de la France, le parquet de Vienne avait ouvert une enquête pour «disparition inquiétante» et lancé un appel à témoins. L’adolescente avait également été inscrite au fichier des personnes recherchées et les autorités françaises avaient pris à son encontre une mesure d’opposition à sortie du territoire (OST).

Selon les enquêteurs, la jeune fille aurait été en contact avec une personne qui disait vouloir quitter la France «avant la fin du mois de septembre». Sur sa page Facebook, la jeune Iséroise mentionnerait «un Frère qui l’attend». C’est en découvrant l’existence d’un compte Facebook que la jeune fille cachait à ses parents et utilisait sous un pseudonyme que les enquêteurs avaient mis au jour les raisons de son départ inopiné. «Les messages qui y figuraient étaient univoques et démontraient qu’elle avait des velléités de fugue depuis plusieurs semaines, avec la perspective de quitter le territoire national pour aller faire le jihad», avait indiqué mardi le magistrat.

source : le parisien.fr