LE MONDE | 16.06.09 |

A l’issue d’un réquisitoire de trois heures lundi 15 juin, le ministère public a demandé au tribunal correctionnel de Paris de condamner l’association spirituelle de l’Eglise de scientologie et sa librairie parisienne la SEL (Scientologie Espace Liberté) à 2 millions d’euros d’amende chacun ainsi que la dissolution des deux sociétés. Depuis le 25 mai, six responsables de l’Eglise de scientologie, dont Alain Rosenberg, l’un de ses principaux responsables en France, comparaissent pour “escroquerie en bande organisée” et “exercice illégal de la pharmacie”. Contre eux le parquet a requis des amendes allant de 2 000 euros à 150 000 euros et des peines de deux à quatre ans de prison avec sursis.

Maud Coujard, l’un des représentants du parquet à l’audience, a fustigé les “manoeuvres frauduleuses” qui président au fonctionnement de l’association et à son mode de recrutement. “Cela fait trois semaines que nous avons appris que si le bonheur n’a pas de prix, il a un coût”, a-t-elle lancé. Tout en dénonçant “un projet à prétendue valeur religieuse dont on se sert comme un bouclier à toute fin pénale”, la magistrate a stigmatisé le “pacte faustien” que la Scientologie scelle avec des nouvelles recrues dont elle pille le patrimoine financier.

Avec ce réquisitoire, le parquet de Paris a opéré un revirement. Il y a trois ans, au terme de l’instruction de cette affaire, le même parquet avait requis le non-lieu. Le procès se poursuit jusqu’au 17 juin avec les plaidoiries de la défense. Le jugement est attendu à l’automne.

Yves Bordenave