Le pasteur Odilon a lancé à la Cour et aux jurés : « Je sens que vous êtes à l’écoute et qu’on pourra comprendre là où il y a la vérité et là où se cache le mensonge. »

Nseka, 38 ans aujourd’hui, qui se prétend une fois pentecôtiste, une fois évangéliste, mais en tout cas diplômé en théologie et membre de « L’Eglise du Christ Zaïre » et missionnaire itinérant au Bénin et au Nigeria, avait abouti à Forest, où réside toujours son frère aîné. Il s’en était allé ensuite vers la France où il s’était présenté sous ses habits de pasteur aux communautés africaines établies autour des zones pavillonnaires de Champigny-sur-Marne. Le « Prophète », était à la tête de son « église autocéphale ». Il prélevait la dîme auprès de ses quelques fidèles. Il se targuait, dans les cités de Champigny, de « guérisons » qui provoquaient de nouvelles collectes. Il se brouille avec ceux qui contestent son statut de pasteur. Il se rapproche d’une de ses « fidèles », Konga Kapinga, que tout le monde appelle Henriette. Elle est érigée au titre de « mama pasteur », sa favorite : il est déjà marié au Congo et est père de deux enfants. Konga « Henriette » lui est toute dévouée. C’est elle qui l’aide à déposer les statuts de son « Eglise du Gagnant de Bonne Nouvelle ».

Nanou, tuée à bout touchant

Le pasteur Odilon a l’œil sur l’une des trois filles de sa « mama pasteur ». Nanou, 19 ans, assure la chorale lors des messes du « Prophète ». Elle est fan de gospel. Croyante, certes, mais aussi jeune fille moderne qui prête sa voix à un morceau de rap intitulé « Gangster pour me refaire ». Odilon Nseka veut la marier. Sa mère y consent. Elle, elle ne veut pas du religieux. Lui, il multiplie les crises de jalousie, l’insulte en public. Jean-Robert Kapinga, le père de Nanou, s’inquiète : « Il voulait se marier avec ma fille, de nationalité française, pour obtenir des papiers. C’était un escroc », nous dit-il.

Le 17 août 2006, Nanou se rend à la pharmacie où elle travaille. Un homme l’abat d’un coup de feu « à bout touchant » dans le dos. L’émotion est immense dans la cité. Odilon est le suspect nº1 : il a un alibi et est relâché. Son colocataire assure qu’à l’heure du crime, il était chez lui. Mais trois mois plus tard, un témoin assure l’avoir vu sur les lieux du crime. Odilon est alors en fuite. Il est parti vers l’Espagne a rejoint la Belgique et le domicile forestois de son frère. C’est là qu’il commet une erreur fatale : en avril 2008, il utilise son GSM français. La police le repère. Les enquêteurs belges l’arrêtent. Il est extradé.

La personnalité trouble du « pasteur » ne prouve pas sa culpabilité, selon son avocat bruxellois Me Didier de Quévy : « On n’a retrouvé ni trace d’ADN, ni l’arme du crime ». Et les traces de poudre retrouvées sur un manteau : « C’était sur le manteau de son frère et l’analyse eut lieu trois ans plus tard ! » Quant au témoin qui affirme l’avoir vu le matin du crime, elle évoque un homme en training noir. D’autres parlent d’un training blanc…

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