Le doute planait sur les agissements du père Finet, le fondateur des foyers de charité à Châteauneuf-de-Galaure (Drôme), depuis un premier témoignage rendu public en 2019. Après six mois d’enquête, les foyers viennent de reconnaître ces abus et les condamnent. 26 victimes sont venues témoigner.
« Les Foyers de Charité condamnent sans réserve les agissements du père Finet (décédé en 1990, ndlr) qui sont gravement contraires au droit et au respect des personnes. » Cette phrase du communiqué publié ce jeudi par la maison mère de l’œuvre catholique fondée dans le nord-Drôme fait l’effet d’une bombe.
« Nous sommes sous le choc », confirme le secrétaire général des foyers basé à Châteauneuf-de-Galaure, Thierry Coustenoble, et « nos premières pensées sont pour les victimes, nous reconnaissons leur souffrance, nous sommes bouleversés. » C’est après la diffusion, notamment sur internet, d’un premier témoignage que les foyers ont décidé de lancer une enquête confiée à une commission indépendante en septembre dernier. Six mois plus tard ses conclusions sont sans appel.
26 victimes d’agressions sexuelles recensées
Vingt-six femmes sont venues dénoncer le comportement du père Finet, dont elles ont été victimes pendant les confessions. Pour la plupart elles étaient élèves à Châteauneuf-de Galaure et âgées de 10 à 14 ans. Les témoignages font état des faits commis de 1945 à 1983 avec une recrudescence à partir de 1961.
« Le fait que ces actes aient été commis au cours de confessions, par un prêtre ayant une autorité spirituelle sur ces jeunes filles, ajoute à leur gravité » – Communiqué des Foyers de charité »
Témoignages accablants
Parmi ces victimes, 14 indiquent un toucher du corps : sur le cou, sur les seins, la poitrine, le sternum, sur le dos, sur les bras, sur les fesses, sur les cuisses, sur les genoux détaille la synthèse de la commission d’enquête. Et ces femmes évoquent aussi des touchers qui s’exerçaient directement sur la peau. « Il y a eu parfois déboutonnage et reboutonnage des vêtements de la pénitente par le père Finet. » Une vingtaine de victimes se disent aussi troublées par des questions intrusives à caractère sexuel, certaines manifestent une souffrance durable et prés d’une dizaine rejettent complètement l’église.
Pour le secrétaire général des foyers de charité il n’est évidemment pas question une seconde de remettre en cause ces témoignages. Il tient à assurer d’abord et avant tout aux victimes toute la compassion de la communauté.
Poursuivre la recherche de la vérité
Le père Finet a créé les foyers en 1936, il est décédé en 1990, et aujourd’hui plusieurs décisions découlent de la découverte de ses abus. Il faut continuer à enquêter dans l’ensemble des 78 foyers de charité présents dans le monde, et réfléchir à ce qu’il faut mettre en place pour éviter désormais tout abus qu’il soit sexuel, abus de pouvoir ou même abus de conscience. Un audit général va être lancé concernant toutes les activités des foyers à travers le monde (40 pays). Les retraites spirituelles qui reçoivent 50 000 personnes par an mais aussi dans tous les établissements scolaires, les hébergements de vacances les dispensaires etc.
Ne plus aduler le père Finet
Les foyers font face aujourd’hui à une espèce de révolution interne car le père Finet est l’une des deux figures tutélaires de cette œuvre catholique avec Marthe Robin, « la stigmatisée de la Galaure ». Il faut faire descendre le fondateur de son piédestal reconnait Thierry Coustenoble. « Son aura et notre adulation ont sans doute amoindri notre esprit critique vis-à-vis du père Finet » confirme le secrétaire général. Et il va falloir revoir cela même si le responsable drômois n’oublie pas « toutes les autres personnes, nombreuses qui ont voulu témoigner en faveur du père Finet. » Thierry Coustenoble conclut : « ces faits sont une part d’ombre mais nous n’avons pas peur et voulons faire toute la lumière sur la vérité.»
source : https://www.francebleu.fr/infos/societe/le-pere-finet-fondateur-des-foyers-de-charite-a-bien-commis-des-abus-sexuels-1588862647