LE PROGRES / jeudi 18 décembre 2008
« Amour et Miséricorde » rend les armes à Chaussin
Après avoir reçu la mission interministérielle chargée de la lutte contre les sectes et avoir appris qu’elle avait recueilli « des informations attestant de dérives sectaires », la communauté religieuse a décidé de s’autodissoudre
La communauté religieuse « Amour et Miséricorde » n’est plus. Au moins sur le papier puisque le groupe a décidé lundi de s’autodissoudre. Une décision qui fait suite à la venue de Georges Fenech, le président de la Miviludes (la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), à Chaussin jeudi denier, où il a rencontré des membres de la communauté, dont Éliane Deschamps, la fondatrice du mouvement, qui dit recevoir des apparitions de la Vierge tous les 15 de chaque mois à 0 h 06.
Il s’est aussi entretenu avec différents ex-adeptes, aujourd’hui plaignants. « Nous avons recueilli des informations attestant de comportements constitutifs de dérives sectaires à travers des témoignages révélant un processus d’emprise sur ses membres, de ruptures avec l’environnement familial et social et de pressions financières », explique-t-il. Pour Dominique Balestrat, propriétaire du terrain sur laquelle vivait la communauté, et lui-même membre du groupe depuis dix ans, c’est l’incompréhension et la tristesse.
Il dit : « Nous, on l’a bien reçu Georges Fenech, il nous avait dit qu’il venait non pas pour une enquête mais seulement pour nous rencontrer. Et nous voilà abreuvés de calomnies. Il n’est pas venu en ennemi. Il est venu en traître. Il s’est servi des médias pour nous écraser alors qu’il n’y a rien à écraser. Nous étions une dizaine ici. » Et d’affirmer : « Nous ne sommes pas une secte. Nous sommes des catholiques et voulions vivre en communauté. C’est vrai que la vie en communauté suscite parfois des frottements avec les familles qui se sentent coupées de leurs proches. Quant à ceux qui ont vécu ici et qui aujourd’hui se plaignent, c’est qu’ils n’ont pas supporté le principe même de vie en communauté. »
Et lorsqu’on l’interroge sur la voyante, les apparitions et les prières qui durent une journée entière, il répond que la voyante a demandé de ne pas en parler. Lui-même a vécu une expérience spirituelle lorsqu’il avait 14 ans. Il n’a pas vu la Vierge, mais l’a pressentie. Et depuis ce temps-là, il n’a plus dérogé à ses croyances. « J’ai fait de la théologie et de la philosophie, je ne me laisse pas manipuler. » Les larmes lui montent aux yeux.
Ce qui le rend vraiment triste, c’est qu’ils ont pris la décision de détruire d’ici une quinzaine de jours leur croix de Marie. Elle était là depuis une dizaine d’années.
Tatiana Vazquez