Keep on dancing till the world ends. » C’est Britney Spears qui le chante. Dans son clip, la référence à 2012 est explicite derrière ses poses suggestives. « We gonna party like it’s 2012. » On va s’amuser comme si on n’avait plus rien à perdre, et ça c’est Jay Sean qui nous y entraîne. Quand on regarde le film 2012, de Roland Emmerich, sorti il y a deux ans, il n’y a pourtant pas de quoi s’amuser. Quand on voit Patrick Geryl non plus…

Cet Anversois de 56 ans est long comme un jour sans vin. D’ailleurs il n’en boit pas : son régime, c’est fruits et légumes. Il se lève chaque matin avec deux kiwis et un litre et demi de jus d’orange et de pamplemousse. L’émission de la RTBF Questions à la une nous l’a montré, le 21 décembre, dans son petit appartement, dans sa petite banlieue, le cou toujours recouvert de petits lainages. L’œil est triste. Les journalistes, il n’aime plus. Il s’est senti piégé par la VRT il y a plusieurs mois, et par l’(excellente) enquête de Régis De Rath pour la RTBF. S’expliquer, bavarder, parler de survie, il refuse. Tout ce qu’il accepte, c’est expliquer, une fois de plus, ses théories. Mais elles le sont en long et en large sur le site howtosurvive2012. com, qui est le sien.

Le site du Flamand parle exclusivement anglais. Je l’ai contacté par courriel, en anglais évidemment. Il doit passer ses journées devant son PC : il me bombarde immédiatement de liens vers ses théories sur la fin du monde.

Je le remercie et lui pose quelques questions. Sur sa vie, sa famille, sur son air triste qui parcourt les vidéos que j’ai visionnées, sur ses projets de survie, sur les moyens de rejoindre un de ses groupes de survie, sur la somme que ça me coûterait pour le faire avec ma famille… « Je ne veux parler que des matières que je vous ai adressées, sur les éruptions solaires, me répond-il. Aucun journal ne veut publier cela. Ils veulent tous publier des choses sur la survie et les bunkers. Mais… personne ne peut le croire… et agir… à moins que quelque chose de sérieux ne soit publié… C’est un cercle vicieux. »

Quelques heures plus tard, à 6 h 43 du matin : « Le problème, c’est, comme je l’ai écrit dans mon livre : l’humanité peut-elle survivre à une fusion nucléaire mondiale ? Je crois que non. Il est donc inutile d’écrire sur la survie, si personne ne sait si la survie est possible. Et s’ils ne ferment pas les réacteurs avant décembre, nous ne survivrons pas… »

Que dit exactement Patrick Geryl ? Qu’un gigantesque orage magnétique solaire va causer un gigantesque court-circuit sur la terre. Que l’humanité se retrouvera sans électricité, que les centrales nucléaires entreront en fusion, que cet holocauste nucléaire tuera neuf personnes sur dix. Et que cet orage solaire causera une inversion du champ magnétique terrestre, le pôle nord se retrouvant au sud et vice-versa. « Ce n’est pas une théorie, assène Patrick Geryl : c’est une certitude. » Il ajoute que le film d’Emmerich, c’est de la bibine à côté de ce qui va se passer réellement. Il abandonne même bien vite son optimiste statistique d’un survivant sur dix : « Mon scénario, c’est que personne ne survivra. »

Est-ce cette perspective qui rend le visage de ce chômeur si triste ? C’est plutôt, semble-t-il, parce qu’il se considère comme un savant incompris.

Savant ? Il n’a pas fait d’études supérieures. Mais il s’est toujours intéressé au soleil et aux « apocalypses ». Quand il était enfant, il a fait un cauchemar : le soleil enrobait la terre de ses flammes et annihilait toute vie humaine sur la planète. Ce rêve le poursuit. L’apocalypse, il la dessine et la peint sur les murs de son appartement. Et il la prêche comme un gourou.

Cet autodidacte affirme qu’il a découvert des théories sur l’activité du soleil dans le codex de Dresde, un livre maya, et sur des rouleaux égyptiens. Théories que les astronomes d’aujourd’hui ne connaissent pas. Et qui disent qu’il y aura une modification du pôle magnétique solaire fin 2012. Avec l’apocalypse qui s’ensuit. Le 21 décembre, exactement, parce qu’il a vu la date exprimée dans des glyphes mayas qu’il est parvenu à déchiffrer.

Une gigantesque éruption solaire le 21 décembre 2012 ? Sophie Van Eck, de l’Institut d’astronomie et d’astrophysique de l’ULB, n’y croit pas. « Le soleil est une étoile qui a des humeurs, dit-elle. Mais la plupart de ces événements n’ont aucune conséquence. L’activité solaire varie beaucoup. Nous avons des modèles qui analysent ces cycles. Et qui prédisent ce qui va se passer. La prochaine intensité maximum aura lieu en mai 2013 et sera plus faible que la précédente, en 2000, qui n’a rien causé de notoire. Bien sûr, cela reste une prédiction, mais ce modèle a montré la fiabilité de ses extrapolations. »

Autrement dit : rien ne se passera le 21 décembre 2012. Et les propos de Patrick Geryl sont des élucubrations. « Cet homme, qui doit souffrir d’un problème psychologique, a certainement lu des choses dans la presse scientifique pour en faire un grand melting-pot qui n’a rien de scientifique. » Pour faire quelque chose de sa vie ? Pour qu’on parle de lui ? Peut-être. Mais pas seulement. C’est que le personnage est plus qu’ambigu. Il affirme qu’il n’y aura sans doute pas de survivants à la catastrophe, il conseille même aux gens d’acheter des pilules pour s’endormir paisiblement et définitivement au lieu d’agoniser longuement après l’Armaggedon. Mais allez sur son site, déroulez le contenu. Et cliquez sur le logo New Global Trust. Sa photo apparaît, enfin souriante. Qui appelle à devenir membre de son « survival and revival group ».

Il nous dit : « Préparez-vous à un mini-âge glaciaire sans soleil pour trente ans. Vous aurez besoin de vêtements contre le froid, de chaussures de marche, d’être en bonne forme physique. » Il propose de se rendre sur un autre site : « J’espère pouvoir vous accueillir comme nouveau membre et vous souhaite le courage et l’énergie de survivre à la catastrophe de 2012. »

Si vous y allez – le reportage de Régis De Rath en a fait l’expérience – Geryl est immédiatement intéressé, propose un rendez-vous et parle d’abris, de bunkers, chez Louis (De Cordier, voyez ci-contre) en Espagne, chez Chantal en Afrique du Sud, chez Simon en Bulgarie. Le coût ? 30.000 euros pour le bunker et la nourriture stockée. « Nous sommes intéressés par des gens qui peuvent faire quelque chose de spécial avec nous, dit Geryl. Et nous avons besoin de jeunes femmes pour jeter les bases d’une nouvelle civilisation. »

Imposteur ? Ou escroc ?

Source : Le Soir Samedi 7 janvier 2012, Page 34 par Jean-Claude Vantroyen

http://archives.lesoir.be/le-prophete-belge-de-l-armageddon_t-20120107-01R619.html?query=Maya&firstHit=0&by=10&sort=datedesc&when=-1&queryor=Maya&pos=0&all=734&nav=1

Qu’est-ce que les Mayas ont à voir avec ça ?

Le terme « Mayas » renvoie à une culture qui s’est épanouie, de 1600 à 1500 avant l’ère commune, au Mexique, Guatemala, Honduras et Belize. Une civilisation dont la chronologie est bien connue par les nombreuses stèles datées et qui était parsemée en cités-Etats. Le calendrier maya est fait de grands cycles. Le temps maya se divise en périodes : k’in (un jour), winal (20 jours), tun (360 jours), k’atun (7.200 jours) et bak’tun (144.000 jours). Selon le déchiffreur de ce calendrier Joseph T. Goodman, en 1897, les Mayas comptaient aussi en grands cycles de 13 bak’tuns (1.872.000 jours). Et d’après les suiveurs de Goodman, le Grand Cycle actuel se conclut le 21 décembre 2012. Voilà d’où vient la date.

Mais ça ne signifie rien. Car le calendrier maya ne dit pas que le grand cycle actuel est le dernier. Il projetait au contraire des dates très loin dans le futur. Une inscription prédit par exemple que l’anniversaire du couronnement du roi K’inich Janaab’ Pakal (7e siècle) se célébrera toujours en 4772 de notre ère. Alors…

Alors, cette date ? C’est la faute au codex de Dresde, auquel Patrick Geryl fait référence. Ou plutôt à certains interprètes de ce livre maya préhispanique, qui annonce la fin du monde dans une inondation catastrophique.

La mise en coordination des deux était facile… Ajoutez-y le travail des astrologues, numérologues, mystiques, hippies, partisans du new age et compagnie.

D’ailleurs l’annonce de l’apocalypse est une constante dans notre culture depuis 2.500 ans. Près de deux cents prophéties ont déjà annoncé la fin du monde. Ce qui n’empêche pas les bouquins sur la fin du monde de s’accumuler, les sites internet de croître… et les pays mayas d’accueillir des touristes.

http://archives.lesoir.be/qu-est-ce-que-les-mayas-ont-a-voir-avec-%E7a-_t-20120107-01R61A.html?query=Maya&firstHit=0&by=10&sort=datedesc&when=-1&queryor=Maya&pos=1&all=734&nav=1

Autres gourous belges

Louis De Cordier
C’est un sculpteur. Il est né à Ostende, en 1978. Il vit à Cadiar, dans la Sierra Nevada, en Espagne. Il a créé la Mataha Foundation pour y établir une bibliothèque qui permet d’assurer la continuation de la culture humaine, en vue de la survie après l’apocalypse. Un projet ambitieux d’arche de la culture qui se résume aujourd’hui à jouer les intermédiaires avec les gogos qui rachètent de vieilles fermes en ruine pour en faire des bunkers. En altitude, la Sierra Nevada pourrait échapper aux tsunamis.

http://archives.lesoir.be/autres-gourous-belges_t-20120107-01R61C.html?query=Louis+De+Cordier&firstHit=0&by=10&sort=datedesc&when=-1&queryor=Louis+De+Cordier&pos=2&all=30412&nav=1

Luc Vervliet
Il s’appelle « le poète égaré ». Egaré il semble bien l’être ; poète ? Son truc, c’est la théorie du complot : « On nous cache tout, on nous dit rien ! » Mais lui, il sait, alors il raconte au cours de conférences. Que les puissants (grands politiques, familles richissimes) ont décidé de se débarrasser du trop-plein du monde via une troisième guerre mondiale. Les camps de concentration existent déjà, dit-il, des millions de cercueils en plastique sont prévus.

http://archives.lesoir.be/luc-vervliet_t-20120107-01R61D.html?queryand=%22Luc+Vervliet%22&firstHit=0&by=10&when=-1&sort=datedesc&pos=0&all=1&nav=1