PARIS, 10 avr 2010 (AFP) – Le protestantisme doit « gérer sa diversité », a déclaré samedi le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France (FPF) dans son discours d’ouverture de l’Assemblée générale de l’organisation qui doit étudier la représentativité de ses composantes, notamment celle des évangéliques charismatiques.
Gérer sa diversité, « c’est une obligation pour être signifiant », a-t-il ajouté devant la centaine de représentants des membres de la FPF, réunis à Paris: luthériens, réformés, apostoliques, adventistes, évangélistes historiques ou charismatiques.
La question qui se pose est celle des Eglises évangéliques que le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) compte rassembler alors qu’une partie des Eglises évangéliques font partie de la FPF.
Le CNEF, a dit Claude Baty, « apparaît (…) comme une fédération concurrente, avec une volonté de pouvoir », mais « il faut dédramatiser », le CNEF « n’est pas un réel concurrent ».
La FPF, a-t-il poursuivi, « rassemble environ 800.000 protestants, dont au moins 200.000 évangéliques qui n’ont pas l’intention de la quitter, alors que le CNEF rassemblerait au mieux 150.000 évangéliques. D’une certaine manière, la parole évangélique sera plus à la FPF qu’au CNEF ».
Répétant que la gestion de la diversité est « indispensable », il a annoncé un colloque en novembre, animé par les spécialistes de la religion Sébastien Fath et Jean-Paul Willaime, sur le thème « le protestantisme français, une famille recomposée ».
Les protestants représentent 2,1 % de la population en métropole, soit environ 1,3 million de personnes, dont un tiers de luthériens, un tiers de réformés, un tiers d' »autres Eglises » (charismatiques pour la plupart). 350.000 protestants ne font partie ni de la FPF ni du CNEF.
Dans son discours, le pasteur Baty a évoqué diverses questions relevant du fonctionnement interne à la FPF mais aussi des questions d’actualité, comme celle des migrations.
« L’immigration zéro est une illusion quand on se souvient que l’Europe compte environ 65.000 km de côtes. (…), a-t-il dit. Le simple fait que plusieurs milliers de personnes meurent noyées ou assassinées chaque année en essayant coûte que coûte de rejoindre l’Europe pose un problème éthique ».
Rappelant la figure d’Abraham, le nomade emblématique des juifs comme des chrétiens », il a souligné que la Bible « appelle à respecter l’immigré » (…) qui est « celui qu’il faut protéger et aimer et non exploiter ».
Il souhaite que la réflexion sur les migrations engagée avec les Eglises et les associations travaillant sur le terrain « permette, sans idéologie agressive ou partisane, mais avec fermeté, de défendre des principes simples mais fondamentaux touchant le respect des personnes et de la dignité humaine ».