Cette semaine, ils ont tenu leur réunion de travail et d’information à Lyon.

Le phénomène est connu. Le diable aime faire le malin lorsque les temps sont durs et qu’un nombre croissant de gens le tire par la queue… En juillet dernier, près de 60 000 personnes ont ainsi assisté à une prière de délivrance dans un stade de foot de Varsovie et il faut aujourd’hui trois mois pour obtenir un rendez-vous avec un prêtre exorciste dans la très catholique Pologne.

En Italie ? Pour répondre aux demandes, l’évêque de Milan a mis en place un numéro vert. Quant à l’Espagne, l’archidiocèse de Madrid recrute des assistants pour son titulaire, énumérait récemment Le Monde 2.

De fait, dans les pays où crise et “rationalisme” économique se conjuguent pour tuer le raisonnable et propager l’incertitude du lendemain, la régression vers la pensée magique se vérifie partout. La France n’échappe pas au phénomène. Confrontée au problème, l’église le constate aussi.

Les prêtres exorcistes dont le chiffre a quadruplé en trente ans font face à de plus en plus de demandes, chacune exprimant d’abord une souffrance à prendre en compte. Et cette semaine, comme tous les deux ans, ils se sont donc réunis trois jours à Lyon pour faire le point sur l’exercice de leur ministère, partager leurs expériences et se former, avec leurs équipes.

“Délivrer du mal, mais quel mal ? : le thème central qui aura ainsi occupé leurs travaux ouverts par une conférence du père dominicain Luc-Thomas Somme, recteur de l’Institut catholique de Toulouse. «La grande majorité des cas sont psychologiques», note-t-il, mais en tant que théologien et philosophe, il s’interroge aussi sur «le mal de l’homme». Car avant d’aider le demandeur, encore faut-il déterminer si «le problème qu’apporte la personne est psychologique ou spirituel, ou les deux», explique-t-il. Tandis que les prêtres, eux, s’inquiètent de la multiplication des dérives.

La plupart des exorcistes constatent ainsi qu’on s’adresse désormais à eux «en dernier recours», après avoir épuisé sans résultats de pseudo-guérisseurs et vrais charlatans. De fait, échaudés par le grand guignol auquel cinéma et sectes ont résumé leur ministère dans l’imaginaire populaire, eux ne sont pas dans l’annuaire et préfèrent rester discrets. Et plus que le mal, c’est donc un mal-être grandissant qu’ils confient rencontrer. Dans le monde actuel, être possédant ou possédé, telle pourrait être aussi la question ?

source :
http://www.ladepeche.fr/article/2014/02/02/1808821-le-retour-des-exorcistes.html

par Pierre Challier