Ce n’est pas un roman d’Agatha Christie mais une énigme criminelle bien réelle qui agite la Belgique. Depuis jeudi, Stijn Saelens, un riche héritier de 34 ans a disparu. Sa dernière trace : une mare de sang sur le perron de son château à Wingene près de Bruges et une douille de 9 mm à proximité.
En deux jours, les policiers belges ont mis une série de suspects en garde à vue, mais ils ont tous été relâchés. Entre les conflits familiaux, une secte russe installée en Australie et quatre mystérieux Tchétchènes, les pistes ne manquent pas.

Jeudi dernier à l’heure du déjeuner, la docteur Elisabeth Gyselbrecht rentre chez elle au château Carpentier pour y retrouver son mari Stijn Saelens. Elle traverse le parc de cette demeure qui s’étend sur 90 ha et s’avance vers la porte d’entrée. Là, elle découvre une mare de sang et des gouttelettes dont le cheminement s’arrête brusquement dans les graviers comme si une voiture avait récupéré la victime. Un sang dont on sait maintenant qu’il est celui de son mari Stijn Saelens, un agent immobilier prospère fils d’un riche industriel.

Le couple et ses quatre enfants vivent dans ce château acheté 2 M€ depuis plusieurs années. Mais la vie familiale s’est détériorée il y a quelque temps. Les policiers ont en effet découvert que Stijn envisageait de tout plaquer pour emmener sa femme et ses enfants aux antipodes, en Australie, pour y exploiter une ferme bio. Un projet qui serait né de sa découverte du Ringing Cedars, un mouvement écologique à tendance sectaire né en Russie. Cet exil familial ne faisait pas l’unanimité, surtout dans la belle-famille de Stijn qui craignait de ne plus pouvoir rendre visite à ses petits-enfants. Les policiers ont rapidement interpellé le beau-père et le beau-frère du disparu, vite relâchés une fois leurs alibis vérifiés.

Mais un nouveau rebondissement est survenu quelques heures plus tard avec l’arrestation de cinq autres personnes vendredi, dont quatre Tchétchènes. Ce quatuor avait été contrôlé très récemment, par hasard, à proximité du château de Wingene avec un plan des lieux sur eux et les coordonnées d’un certain Pierre S. dans leurs poches. Un homme connu par la justice belge pour une affaire de trafic de cocaïne et d’hormones de croissance et qui, surtout, connaît le beau-père du châtelain disparu. Lui aussi a été arrêté à plus de 200 km du lieu des faits en Wallonie, et interrogé. Ce rapprochement fait par les enquêteurs semblait le bon et validait le scénario d’un contrat passé par la belle-famille de Stijn pour le faire disparaître et mettre ainsi un terme au projet australien qui semblait tellement avancé que le couple devait s’envoler pour l’Océanie dans les prochains jours pour des repérages en vue de leur future installation. Mais samedi, les cinq hommes étaient à leur tour remis en liberté faute de preuves.

Quatre jours après la découverte de la flaque de sang et la disparition du père de famille, le mystère reste donc entier. Le corps du châtelain n’a pas été retrouvé malgré d’intenses recherches, y compris dans l’étang du parc. Un élément qui alimente une autre piste : celle d’une disparition volontaire de Stijn, maquillée en meurtre. Un ultime scénario rocambolesque auquel ne croit pas le parquet de Bruges, qui estime notamment que « la quantité de sang retrouvée sur le perron du château est très importante ». Mais pour l’instant, toutes les hypothèses même les plus farfelues restent ouvertes dans ce Cluedo belge dont l’imposant château Carpentier de Wingene est l’inquiétant décor.

source : http://www.leparisien.fr/espace-premium/actu/le-riche-chatelain-la-secte-et-les-tchetchenes-06-02-2012-1847550.php

Le Parisien
par DAMIEN DELSENY