Le pape, qui a convoqué un synode en octobre prochain pour relancer la « nouvelle évangélisation », avait prôné durant son voyage en septembre en Allemagne une transmission de la foi par des communautés où s’échangent « les expériences » et où se vit « une nouvelle proximité de l’Eglise avec la société ».

Le « Chemin », né dans les années 1960 en Espagne, est aujourd?hui présent sur tous les continents, pour environ 40.000 communautés. Il compte plus de 70 séminaires formant des centaines de prêtres. En Espagne et en Italie, en Amérique latine, il est en plein essor.

Dans la salle Paul VI, le pape devrait recevoir quelque 5.000 membres pour en valider les pratiques liturgiques, au terme de dix ans jalonnés de rappels à l’ordre et d’étapes probatoires: en 2002 approbation à titre expérimental des statuts, en 2008 approbation définitive, validation de la catéchèse fin 2010.

Le cardinal Stanislaw Rylko, président du Conseil pour les laïcs, lira le décret validant ses pratiques souvent originales, en y apportant peut-être quelques correctifs finaux.

Les fondateurs espagnols, Kiko Argüello et Carmen Hernandez, ont la bienveillance d’un pape pourtant sourcilleux sur l’orthodoxie liturgique. Il s’est laissé convaincre par l’enthousiasme et la fidélité indéfectible des néocatéchumènes au Saint-Siège, sans cesse réaffirmée.

Une des spécificités du Chemin néocatéchuménal est d’être un « itinéraire de formation chrétienne », en diverses étapes et divers groupes, adaptées donc à la nouvelle évangélisation d’adultes.

Il veut aussi revenir à la participation communautaire des chrétiens des premiers siècles.

Lors de longues célébrations, accompagnées d’une symbolique puisant dans les traditions juives, des temps sont accordés aux « partages » de foi, témoignages personnels des joies et des souffrances. Dans les assemblées chaleureuses comme celles suivant les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), des jeunes du mouvement sont appelés à « se lever » s’ils sentent une vocation religieuse.

Entre 100.000 et 200.000 jeunes du Chemin ont ainsi prolongé les JMJ en août à Madrid par une célébration propre. Des familles entières sont aussi envoyées « en mission » dans le monde.

Le mouvement a été critiqué par les tenants d’une liturgie sobre et les plus traditionalistes pour ses innovations –l’eucharistie reçue par les fidèles autour de l’autel, les « monitions » et témoignages de fidèles lors de cérémonies émotionnelles–. Mais aussi par certains progressistes, qui le soupçonnent d’être sectaire et le trouvent trop aligné sur le Vatican, rigide en matière de moeurs et jugeant le monde moderne matérialiste et hédoniste de manière excessivement pessimiste.

Certains évêques et prêtres ont aussi reproché au Chemin de tenir ses célébrations de manière parallèle aux paroisses, court-circuitant et dévalorisant les circuits de l’Eglise. Du côté des « néocats », il n’est pas rare d’entendre des avis critiques sur des paroisses manquant de chaleur.

La semaine dernière, Benoît XVI a reçu trois évêques japonais venus exposer leurs inquiétudes sur le Chemin au Japon. Dans le passé, un d’eux avait même parlé d' »activités puissantes et assimilables à celles d?une secte » et « facteur de division ». Rome juge ces objections largement excessives et injustes.

Alors que les Légionnaires du Christ ont été affaiblis par le scandale de pédophilie entourant leur fondateur Marcial Maciel, le Néocatéchuménat est perçu au Vatican un de ses nouveaux atouts maîtres pour convertir des gens de tous milieux.

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par Jean-Louis DE LA VAISSIERE (AFP) – le 19 janvier 2012