Le procès pour pédophilie qui s’ouvre le 30 novembre à Rodez est l’un des plus douloureux avatars de ce mouvement issu du Renouveau charismatique, forme d’expression joyeuse de la Foi née dans la mouvance de Vatican II.

Ce n’est pas le seul.

Récemment, Mgr Michel Santier, évêque de Créteil, a soulevé la chappe de plomb qui pesait sur certaines communautés religieuses en stigmatisant leurs “thérapies psycho-spirituelles”, citant explicitement les Béatitudes.

Les pratiques “psy-spi”, issues du New Age et du pentecôtisme, consistent à rechercher dans le passé d’une personne, voire dans sa généalogie, les causes traumatiques à l’origine de son mal-être.

Elles reposent sur les “souvenirs induits” par un thérapeute autoproclamé. Il faut prier Dieu de visiter cette mémoire afin de couper les mauvaises branches du passé familial, de libérer ses aïeux qui sont au purgatoire.

“Le risque, soulignait l’évêque de Créteil, est qu’une personne en proie à des difficultés psychologiques peut imaginer, affabuler et se retourner en accusatrice contre sa famille. Les plaintes qui sont remontées de ces pratiques, nous proviennent de parents complètement catastrophés.”

{{Devant l’ampleur des plaintes reçues, le Centre Contre les Manipulations Mentales (CCMM), a créé en 2010 un “collectif des victimes du psycho-spirituel”.}}

Dans une démarche de “repentance et de purification de (la) mémoire” des Béatitudes, le Frère Henri Donneaud, dominicain et nouveau responsable, a promis “un processus d’assainissement et de restructuration”.

Frère Ephraïm
Il reconnaît “les fragilités, les défauts, les dérives qui ont gravement affecté sa croissance: des pratiques psycho-spirituelles mal équilibrées, une confusion dans la vie commune des différents états de vie, des problèmes de gouvernance, de graves délits commis par certains de ses membres”.

Une enquête de Canal+, “Les Béatitudes: une secte aux portes du Vatican”, dénonçait ce mois-ci des conditions de vie plus que précaires de communautaires -froid, nourriture avariée-, qui, ayant fait voeu de pauvreté, léguait tous leurs biens à la Communauté.

Laquelle disposerait d’un très confortable patrimoine immobilier en France et à l’étranger: une vingtaine de châteaux ou monastères, de nombreux lieux de culte.

“La Communauté ne possède pas un tiers des maisons dans lesquelles elle vit”, s’est défendu auprès de l’AFP un porte-parole des Béatitudes.

Comment les Béatitudes, nées dans l’élan du Renouveau charismatique avec un idéal de rayonnement spirituel et apostolique, capable de toucher jusqu’aux incroyants, a pu en arriver à se faire accuser de “dérive sectaire” par la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) ?

“La Miviludes a lancé un appel sérieux de mise en cause (…). Sous la conduite énergique du Saint-Siège, la Communauté a mis fin à ce qui pouvait donner prise aux critiques de dérives sectaires. C’est du passé”, a confirmé à l’AFP le porte-parole des Béatitudes.

Le fondateur des Béatitudes, Gérard Croissant, dit “Frère Ephraïm”, a été évincé en 2008. Un de ses bras droits, Bernard Dubois, pédiatre et psychothérapeute autoproclamé, a également quitté les Béatitudes, mais dispense de coûteuses sessions d'”agapéthérapie” au Puy-en-Velay (Haute-Loire) et dans les carmels.

Avec 150 prêtres, 400 religieux et laïcs, plusieurs milliers de fidèles et de donateurs, la Communauté est présente dans 70 établissements, sur 5 continents.

Source : AFP

(PAPIER D’ANGLE)
Par Annick BENOIST