Que s’est-il passé à Rome la semaine dernière ?
Dans le cadre du dialogue entre les Béatitudes et le Conseil pontifical pour les laïcs et dans le prolongement de la réunion du 5 juin dernier (lire La Croix du 24 juin), une nouvelle rencontre a été organisée à Rome mercredi 3 décembre, à l’initiative du cardinal Stanislaw Rylko, président de ce dicastère, avec le gouvernement de la communauté. En effet, association internationale de fidèles de droit pontifical depuis 2002, elle relève désormais du Conseil pontifical pour les laïcs et plus seulement du diocèse d’Albi.

Le cardinal Bernard Panafieu, ancien archevêque de Marseille et accompagnateur de la communauté, ainsi que Mgr Pierre-Marie Carré, évêque d’Albi, participaient également à cette rencontre. À cette occasion, le Conseil pour les laïcs a annoncé la décision d’« orienter la communauté des Béatitudes vers l’érection d’une “nouvelle famille spirituelle de vie consacrée” », relate dans un communiqué le P. Étienne Richer, porte-parole des Béatitudes.

« Nous sommes allés à fond dans tous les problèmes, et nous avons indiqué les lignes d’un chemin de refondation », confirme une source romaine, évoquant même une « refondation spirituelle et juridique ».

Pourquoi cette nouvelle structure juridique ?
D’un point de vue juridique, le Saint-Siège attend que chaque état de vie soit bien « défini » au sein de la communauté : laïcs, consacrés hommes et femmes, religieux et religieuses, familles… « On s’oriente donc vers la création d’un institut religieux féminin, un institut masculin, et une association de familles, indique-t-on à Rome. Actuellement, ce n’est pas encore le cas, ce qui suscite parfois des confusions. Nous leur avons indiqué une issue possible, qui passe par une rénovation de fond. »

Du côté des Béatitudes, on estime que cette nouvelle structure « permettra à chaque état de vie de participer d’une manière nouvelle au charisme et à la spiritualité de la communauté », tout en « préservant son unité » et sa « pérennité ». Quant au travail à réaliser, il devrait être rapidement « redéfini » pour permettre à la prochaine assemblée générale de « mettre en œuvre cette décision ».

Cette rencontre annonce-t-elle un changement de cap ?
Il s’agit maintenant de « repréciser nettement la vocation propre de chacun des états de vie », tout en conservant une « démarche apostolique réalisée par des chrétiens aux statuts différents », estime le cardinal Panafieu. Et ce travail ne peut être que « progressif », reconnaît-il.

Concrètement, cela passera sans doute par des implantations dans des lieux distincts, ce qui était déjà souvent le cas. Sur le plan spirituel aussi, les choses bougent, observe-t-il : « La communauté a pris en compte un certain nombre de recommandations, comme le fait de ne pas mélanger l’accompagnement spirituel et thérapeutique, et continue à avancer dans la transparence. » Au fond, pour l’archevêque émérite de Marseille, cette « crise de croissance » aura permis aux Béatitudes (1 100 membres répartis dans le monde, dont une centaine de prêtres) de « faire le point et de réajuster (leurs) orientations », en vue d’enraciner leur « dynamisme » dans la vie de l’Église.

François-Xavier MAIGRE (avec Isabelle DE GAULMYN, à Rome)

La Croix