Qatar Papers, le livre de Christian Chesnot et Georges Malbrunot aurait dû interpeller toute la société et faire l’objet d’une commission d’enquête parlementaire tant ses révélations sur le financement d’un islam radical sont choquantes. Mais, à peine trois mois plus tard, celui-ci, est déjà presque tombé dans l’oubli…
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Cet article se propose donc de revenir sur quelques révélations d’importance du livre, notamment celles concernant les rouages du financement de la deuxième religion de France et d’Europe.

En effet, de bien étranges opérations permettent au Qatar d’aider matériellement les Frères musulmans à poursuivre leur stratégie d’islamisation politique d’une partie de la société française et européenne. Problème, en ces temps de lutte contre le terrorisme et de vérifications tous azimuts des transactions financières, il n’est pas facile pour le minuscule émirat gazier de transférer en France des sommes conséquentes. Par conséquent, le Qatar met en place des opérations/contorsions en utilisant une kyrielle d’ONG, d’associations loi de 1901 et de fonds.

Qatar Charity est l’ONG qatarie pourvoyeuse des fonds, ce n’est d’ailleurs pas à proprement parlé une ONG puisqu’elle est très liée à l’émir al-Thani et à son gouvernement, même si des citoyens qataris versent leur obole surtout en période de ramadan. Cette ONG a une filiale à Londres qui a été renommée, en 2017, Nectar trust. Cette organisation est un véritable instrument du soft power religieux du Qatar. Elle figure dans tous les montages décrits par Christian Chesnot et Georges Malbrunot.

Autre incontournable, le Fonds de dotation Passerelles que l’on retrouve aussi dans presque toutes les transactions. Un fonds de dotation est un organisme à but non lucratif créé par une ou plusieurs personnes physiques ou morales, il doit réaliser une œuvre ou une mission d’intérêt général en lui accordant des financements.

Concernant le fonds de dotation Passerelles, reste à savoir si la création de centre islamique, de mosquée ou d’écoles coraniques sur le territoire français correspondent à une mission d’intérêt général dans un pays laïc. Sur ce point le débat public n’a pas eu lieu, Passerelles est pourtant utilisé dans tous les montages financiers importants pour les projets des Frères musulmans en France.

Quant aux associations, elles sont nombreuses, signalons les deux plus importantes : les Musulmans de France (anciennement UOIF) et l’Association des musulmans d’Alsace (AMAL).

Dernières arrivées dans la galaxie frériste, les SCI, ces sociétés civiles immobilières sont très prisées car très pratiques. Elles permettent d’acheter à une ou à plusieurs personnes physiques et/ou morales et permettent de reverser des loyers aux associations ainsi que de loger les dirigeants d’associations gratuitement.

Deux ont été particulièrement en pointe dans la réalisation du plus grand centre islamique d’Europe à Mulhouse : Confluences et Avicenne. Pour la première le mandataire est le fonds Passerelles ; représenté par Ayyoub Abouliaquin, également dirigeant de Nectar Trust ; en ce qui concerne la seconde, il y a plusieurs mandataires dont les Musulmans de France, représenté par Abdelhafid Akhmim.

Ces ramifications, imbrications entre ONG, associations, fonds, dans lesquelles on retrouve les mêmes réseaux montrent bien comment se mettent en place les stratégies et comment le Qatar et les Frères musulmans sont passés maître dans l’art d’utiliser, probablement avec l’aide de brillants avocats d’affaires, les structures mises en place par l’Etat français pour aider le monde associatif.

Pour autant, est-ce légal ?

Dans une correspondance de mails datée de 2015, entre Abouliaquin et Akhmim, dévoilée par les deux auteurs, ce dernier écrit au dirigeant de Nectar Trust pour lui faire part des difficultés financières que son association et sa SCI rencontrent pour la construction du grand centre islamique de Strasbourg. Akhmim fait part de ses craintes et notamment de passer « le restant de ses jours derrière les barreaux » si le Qatar via Passerelles, ne passe pas à la caisse. Dans un autre mail, il lui demande de débloquer 500 000 euros immédiatement, une somme qui ne « représente que 10% de la somme promise » !

Il serait vraiment temps que les pouvoirs publics se penchent sérieusement sur ces montages financiers et enquête également sur les responsables, maires, députés, présidents de régions qui donnent leur aval à la vente de terrains, à la construction de centres islamiques démesurés ou d’écoles coraniques sur le territoire de l’Hexagone.

Ne l’oublions pas, le guide spirituel des Frères musulmans a défendu les attentats suicides contre les juifs et la peine de mort contre les homosexuels.

source : https://blogs.mediapart.fr/tanya-klein/blog/110918/freres-musulmans