Les Etats-Unis ont renforcé vendredi leur lutte contre la propagande du groupe Etat islamique (EI), en créant une cellule anti-radicalisation jihadiste et en tentant de convaincre les géants d’internet d’assouplir leur cryptage des données.

Ces mesures témoignent du relatif échec sur la question des autorités américaines, confrontées à un ennemi qui, de leur propre aveu, sait particulièrement bien utiliser les réseaux sociaux pour recruter et étendre son influence.

L’actualité vendredi a d’ailleurs fourni une illustration chaude de la poussée du nombre d’apprentis-jihadistes sur le sol américain, avec l’annonce de l’arrestation d’un homme ayant fait allégeance à l’EI qui a “tenté d’exécuter” un policier de Philadelphie (est).

“Les terribles attentats de Paris et San Bernardino ont mis en lumière la nécessité pour les Etats-Unis (…) de priver les extrémistes violents tels que ceux de l’organisation Etat islamique d’un terreau fertile de recrutement”, a justifié Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC).

Cette nouvelle cellule aura pour objectif d'”intégrer et harmoniser” les efforts menés sur le territoire américain par le ministère de la Sécurité intérieure et celui de la Justice, a-t-il précisé.

Dans un contexte tendu par la campagne des primaires de l’élection présidentielle de novembre 2016, le président Barack Obama est la cible de critiques virulentes sur sa stratégie militaire, diplomatique et intérieure contre l’EI.

Ses opposants républicains lui reprochent notamment de refuser d’utiliser l’expression “islam radical” et l’accusent d’angélisme, malgré des poursuites lancées par le FBI dans les 50 Etats américains contre des individus suspectés de se radicaliser anonymement en ligne.

– Apple, Google et Facebook –

C’est pourquoi les plus hauts responsables de la sécurité du pays ont mis le cap vendredi sur la Silicon Valley, pour une rencontre au sommet avec les géants mondiaux d’internet.

Apple, Facebook, Google et Twitter ont chacun confirmé à l’AFP leur participation à cette réunion dans la ville de San José, censée fournir une réponse au cryptage des données, dont se plaignent les agences américaines de lutte contre le terrorisme.

Selon le programme officiel de la rencontre, transmis de façon anonyme à l’AFP par l’un des participants, les invités comptaient également le réseau social professionnel LinkedIn, la plateforme de stockage Dropbox ainsi que Microsoft et YouTube. Apple était représenté par son patron, Tim Cook.

Du côté du gouvernement, ont été dépêchés depuis Washington la ministre de la Justice Loretta Lynch, le chef du FBI James Comey, le patron du renseignement James Clapper ou encore le directeur de l’Agence nationale de sécurité (NSA) Michael Rogers.

Barack Obama s’est lui fait directement représenter par le secrétaire général de la Maison Blanche, Denis McDonough, ainsi que par plusieurs de ses conseillers spécialisés dans les sujets de sécurité.

“C’est l’occasion de discuter franchement de comment compliquer la tâche des terroristes qui se servent d’internet pour recruter, radicaliser et mobiliser des partisans pour commettre des actes violents”, a expliqué Josh Earnest, porte-parole de la Maison Blanche.

L’idée est de “créer, publier et promouvoir des contenus crédibles qui vont contrer les messages de radicalisation de l’Etat islamique”, a-t-il ajouté.

– Vidéos simplistes –

Les tentatives passées des autorités américaines de répondre à la propagande radicale sur la toile ont été parfois raillées, avec notamment des vidéos du FBI accusées d’être soit simplistes, soit de discriminer les musulmans, de surcroît en anglais et non en arabe.

Cette stratégie de contre-propagande “a rencontré ses limites, en manquant de moyens et d’attention en profondeur”, a estimé dans un rapport cette semaine The Heritage Foundation, un institut de recherche.

“Une importante façon de saper la crédibilité et l’idéologie de l’EI consiste à répercuter les histoires des gens qui en font défection”, a-t-il suggéré.

Mais les nouvelles mesures envisagées pour aménager le cryptage des données, en ouvrant une “arrière-porte” d’accès à la police américaine, se heurtent à divers principes, dont la liberté d’expression, la protection de la vie privée ou la confiance des consommateurs dans les sociétés des nouvelles technologies.

Le chef du FBI n’a pas caché sa frustration ces dernières semaines sur la lenteur des réponses apportées pour mieux identifier les candidats potentiels à la radicalisation en ligne.

source : tv5monde.com
Mise à jour 09.01.2016 à 02:00 Par Sébastien BLANC, Jérôme CARTILLIER
AFP
2016 AFP