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{{LA CROIX}} : 14/06/2010 17:30

{Le Conseil national des évangéliques de France (Cnef) sera constitué aujourd’hui. Une étape majeure pour une galaxie en plein essor, mais qui ne va pas sans interrogations}

{{Qu’est-ce que le Cnef ?}}

Le Conseil national des évangéliques de France, qui fédère 29 unions d’Églises soit 70% du monde évangélique hexagonal, était au départ une simple plate-forme de dialogue. Il réunissait de manière informelle depuis 2001 deux grandes familles évangéliques : la Fédération évangélique de France (FEF), un courant piétiste conservateur, et l’Alliance évangélique française (AEF), qui rassemble aussi des Églises pentecôtistes-charismatiques. Mais aujourd’hui, le Conseil revendique une volonté d’institutionnalisation et de représentation auprès des pouvoirs publics.

{{Comment réagit le monde protestant ?}}

« À partir du moment où des pentecôtistes sont déjà membres de la Fédération protestante de France (FPF) et s’y sentent bien, j’ai du mal à comprendre quelles raisons peuvent pousser d’autres évangéliques à créer une Fédération bis », interroge le pasteur Antoine Nouis, de l’Église réformée de France (ERF), reflétant la perplexité du monde protestant traditionnel.

Que la galaxie évangélique, critiquée pour son éparpillement (2200 lieux de culte et 40 dénominations), travaille à son unité, voilà qui fait l’unanimité. Pour autant, les prétentions du Cnef à la représenter auprès des pouvoirs publics inquiètent la FPF, jusque-là seule interlocutrice officielle. « Nous ne voulons pas nous poser en concurrents, mais nous laisser la liberté d’affirmer un son de cloche différent sur certains sujets, lorsque cela sera nécessaire », souligne Stéphane Lauzet, secrétaire général de l’AEF, un des artisans du Cnef.

Le président de la FPF, le pasteur Claude Baty, lui-même issu du courant évangélique, a mis en garde contre un risque de « brouillage de l’image du protestantisme dans la société française», lors de la dernière assemblée générale de la Fédération en avril.

{{Pourquoi une instance séparée ?}}

Certaines Églises évangéliques mettent en avant des différences théologiques de fond : « Pour certains, il y a des vérités sur lesquelles on ne peut transiger : ils ne peuvent admettre de partager la communion à la Cène avec des protestants libéraux qui croient que les textes bibliques sont purement symboliques ou ne lient pas le croyant dans sa foi, explique Alain Nisus, baptiste et professeur de théologie à l’Institut de Vaux-sur-Seine. Pour eux, le pluralisme a des limites.»

« On a d’un côté un modèle pluraliste qui fait le pari d’accueillir et de faire dialoguer des Églises aux positions différentes, de l’autre un système confessionnel, plus identitaire », résume le pasteur réformé Marcel Manoël, ancien président de l’ERF.
Céline HOYEAU

VOIR A CE SUJET DANS LIBERATION du 15/06/2010 : “Les évangéliques font chapelle à part” (2 pages)

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