Le grand nettoyage lancé par le pape François pour mettre hors d’état de nuire des communautés aux dérives en tous genres, que nous avons largement relayé les semaines précédentes, relève du travail d’Héraclès dans les écuries d’Augias. Avec quelques pouvoirs surnaturels en moins. Coup de projecteur cette semaine sur deux mouvements qui ont prospéré avant que les évêques aient été réveillés par un vent de changement venu de Rome.

Le 29 juin 2022, Jacques Habert, évêque de Bayeux-Lisieux (Normandie), a décrété la suppression de la Mission thérésienne. Des « dysfonctionnements importants » au sein de cette association canonique de fidèles en seraient la cause. Le Père Laurent Berthout, délégué épiscopal à l’information, pointe des « problèmes de gouvernance et pastoraux », ainsi que des questions autour de la distinction « entre for interne et for externe ». En précisant qu’il n’est « pas question d’abus sexuels dans le cadre de cette association » – l’honneur est sauf ! – et qu’il faut « bien distinguer la personnalité du Père Bruno Thévenin (fondateur et conseiller spirituel de la Mission thérésienne) de l’association ». Ce dernier a en effet fait l’objet d’une plainte par le passé, suivie d’une enquête canonique qui n’a pas eu de suites.

Cette annonce de suppression intervient après plusieurs autres mesures radicales au sein de l’Eglise en France, ces dernières semaines, visant en particulier des associations de fidèles. Le Vatican a suspendu les ordinations dans le diocèse de Fréjus-Toulon. Sous la pression du Vatican, l’évêque Dominique Rey a dissout l’association des fidèles du monastère Saint-Benoît. Il pourra également se pencher sur la Fraternité suisse Eucharistein, qu’il héberge dans son diocèse sur le site de Château Rima, à laquelle il a accordé en 2008 le statut important de « famille ecclésiale diocésaine de vie consacrée ». Une visite canonique y était conduite en 2021 par le dominicain Gilbert Narcisse et la laïque consacrée Mari Carmen Avila. Leur rapport est accablant pour le fondateur et modérateur de la Fraternité jusqu’en 2020, le Père Nicolas Buttet : « L’exercice de l’autorité au sein de la Fraternité a été marqué par un système pyramidal, abusif, infantilisant, qui a annulé les personnes dans les diverses dimensions de leur être, en particulier leur psychologie. » Les rapporteurs déplorent « l’absence de suivi plus fréquent et plus lucide de la part de l’évêché » de Fréjus-Toulon, et notent que « plusieurs membres reprochent à l’évêque de ne pas avoir assumé sa responsabilité face à la communauté alors que des dysfonctionnements ont été signalés à plusieurs reprises ». Les semaines à venir risquent d’être riches en rebondissements. Alexandre Ballario

source : Golias