Créé le 19.05.09 à 08h06

ETUDE – Le nombre de mouvements sectaires a explosé en France depuis quinze ans…

Ils ont trouvé une nouvelle niche. Quelque cinq à six-cent mouvements sectaires sont établis en France, contre moins de deux cent il y a 15 ans, profitant notamment du marché florissant de l’épanouissement personnel, a déclaré Georges Fenech, président de la Miviludes, qui a publié mardi son rapport annuel sur les sectes.

Ces mouvements sectaires réussissent à s’installer dans des «niches nouvelles», selon Georges Fenech, qui a remis lundi soir le rapport de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires au Premier ministre. La Miviludes y décrit les risques d’emprise mentale (caractéristique de la dérive sectaire) dans certaines pratiques et méthodes de la psychothérapie, dans des formations fantaisistes et déstabilisantes.

{{«On passe vraiment à l’action»}}

Elle réclame un recensement de ce type de pratiques et des différents organismes, de façon à mieux informer le public, car la demande est très grande et l’offre assez disparate mêlant sans distinction les vrais professionnels et les amateurs.

Selon Georges Fenech, l’année 2008 marque «un vrai tournant dans l’attitude des pouvoirs publics face aux dérives sectaires. On passe vraiment à l’action», se félicite-t-il, en citant les propositions des divers ministères qui traduisent «une véritable sensibilisation» au phénomène.

Par exemple, le ministère de la Santé a mis en place un «groupe d’appui technique» en février «sur les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique». Le ministère du Travail traque les cas de «travail dissimulé» dans des organisations qui font travailler leurs adeptes sans les rémunérer. Il va également engager une réforme de la formation professionnelle pour doter les organismes d’un agrément administratif (actuellement, une simple déclaration suffit pour être répertorié comme organisme de formation professionnelle).

{{Les écoles sous surveillance}}

Quant à l’Education nationale, elle va se pencher sur les dérives sectaires liées à l’école à domicile pour déterminer combien d’enfants sont concernés, pour quelles raisons ils ne sont pas dans le système scolaire et pour contrôler leur niveau d’instruction. La Miviludes souligne que de nombreux groupements sectaires invoquent «l’instruction dans les familles» pour justifier la scolarisation sur place alors que cette pratique doit être limitée à deux familles.

Il n’existe pas actuellement de liste des mouvements sectaires opérant en France. En 1994, le groupe parlementaire étudiant ce phénomène avait publié une liste d’environ 200 noms, vivement critiquée par les organisations citées qui s’estimaient stigmatisées. Cette liste était vite devenue obsolète, de nombreux mouvements ayant rapidement changé de nom ou d’adresse. Il n’est pas question de faire une nouvelle liste, mais l’actuel président de la Miviludes propose d’établir un «référentiel», sorte de répertoire des pratiques à risque.

MD (Avec agence)

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