«Il est incompréhensible que, dans le contexte actuel, une poignée de fondamentalistes religieux ait pu exposer de larges pans de la population indienne à la maladie et la mort». Il leur faut «se libérer des fantasmes médiévaux entretenus par certains prêcheurs et adopter des attitudes plus contemporaines» : ces propos de Najeeb Jung, vice-chancelier de l’université musulmane Jamia Millia Islamia de Dehli, sont opposables à tous les fondamentalismes religieux.

En Inde, du 13 au 15 mars 2020, alors que l’épidémie de coronavirus faisait déjà rage, les fondamentalistes musulmans de Tablighi Jamaat avaient réuni 3400 personnes à Delhi : 1290 participants étaient testés positif au 30 mars 2020 soit 49% des cas recensés en Inde. Cette secte musulmane, qui prétend «vivre comme au temps du Prophète, s’habiller de la même manière, prier de la même manière», compte une forte majorité en Asie du Sud. Du 27 février au 1er mars, ses adeptes étaient en réunion en Malaisie : parmi les 16.000 participants, dont 1500 étrangers venus de 30 pays différents, 620 personnes furent testées positif au Covid-19 après avoir prié, mangé et dormi ensemble. Le 18 mars suivant, une autre assemblée avait réuni 8000 participants à Sulawesi, Indonésie.

En Corée du Sud, c’est la secte chrétienne dite église Shincheonji de Jésus à Daegu, qui fut le foyer de la propagation du coronavirus dans la ville de Daegu, la quatrième ville de Corée avec 2,5 millions d’habitants. Une des adeptes, le «patient 31», avait assisté à au moins quatre services religieux, entrant en contact avec 1100 adeptes, avant d’être diagnostiquée. Les investigations des autorités sanitaires coréennes ont permis d’apprendre que cette secte avait une branche secrète en Chine, à Wuhan même, épicentre de l’épidémie mondiale de coronavirus et que certains de ces membres à Wuhan s’étaient rendus à Daegu, quelques mois auparavant. Le 1er mars 2020, le Gouvernement coréen décidait de porter plainte contre le gourou de la secte Shincheonji pour meurtres et violation de la législation sur le contrôle des maladies.

En Inde encore, le festival hindou de Holi s’était tenu les 9 et 10 mars 2020, mais sans les fastes habituels à cause de l’épidémie de coronavirus. Le Premier Ministre Narendra Modi, pourtant un nationaliste hindou, avait donné un signal fort en ce sens, en annonçant sa non-participation au festival. En Israël, ce sont les Haredim qui obligent la police à déployer des hélicos au-dessus de Mea Shearim et de Beth Shemesh où ces ultra-orthodoxes juifs prétendent vouloir prier collectivement : le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s’est montré inflexible : «Il n’y aura plus de prière autre qu’individuelle».

Issu d’un monde de la contrainte et de l’enfermement, le message de ces sectes apocalyptiques, de ces ultra-orthodoxes et de ces fondamentalistes est toujours aussi mortifère : «le plaisir de vivre dans ce monde n’est que peu, par rapport à l’au-delà». Cette posture religieuse, qui prend au pied chaque lettre des «Livres», sévit plus facilement auprès des populations accablées par la pauvreté et n’ayant qu’un accès limité à l’éducation : yeshivot ktanot, madrasa, sekoly alahady… Nos sociétés «éclairées» et les États modernes savent où il faudrait enraciner les barrières du containment : dans la justice sociale et l’éducation.

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