Ils mangent de grandes quantités de pâtes, vénèrent les pirates et portent parfois une passoire sur la tête. Leur divinité s’appelle le Monstre en spaghetti volant et c’est une boule de spaghetti avec deux boulettes de viande et des yeux d’escargot. Ces joyeux farceurs sont adeptes du pastafarisme (un mot qui fait référence aux pâtes et au mouvement rastafari), une nouvelle religion apparue il y a huit ans et qui a le vent en poupe. Née aux États-Unis, elle compte aujourd’hui plusieurs milliers de fidèles un peu partout dans le monde, qui font régulièrement parler d’eux. Ainsi, fin juillet, Lucas Novy, un jeune Tchèque originaire de la ville de Brno, a obtenu des autorités locales le droit de porter une passoire sur la photo de sa carte d’identité. En 2011, c’est son coreligionnaire autrichien, Niko Alm, qui a été autorisé à porter la même coiffe inhabituelle sur la photo de son permis de conduire. Dans les deux cas, la passoire a été considérée comme un accessoire lié à la pratique religieuse.
Le mouvement doit sa naissance à Bobby Henderson, un physicien américain, diplômé de l’Université d’État de l’Oregon, qui signe en 2005 une lettre ouverte pour protester contre l’enseignement du dessein intelligent (Intelligent Design) dans les écoles publiques de l’État du Kansas. Dans sa missive, Henderson évoque le Flying Spaghetti Monster, parodiant ainsi la principale thèse de cette théorie néocréationniste, qui suppose que la nature est si complexe que seul un être supérieur intelligent a pu la créer. Pourquoi pas un personnage fait de nouilles aux atours d’extraterrestre? Le physicien exige également que le pastafarisme soit enseigné dans les écoles au même titre que le dessein intelligent et la théorie de l’évolution. Sa démarche fait tache d’huile sur internet et devient le symbole d’opposition à l’enseignement du dessein intelligent, prôné par les représentants de la droite chrétienne ultraconservatrice. Peu à peu, d’autres personnes rejoignent le mouvement. Les pastafariens établissent leurs fêtes religieuses et leurs textes sacrés : l’Évangile et les « huit condiments », pastiche des dix commandements dans le christianisme. Mais leur principal dogme reste le refus de « tout dogme et formalisme ».

Plus récemment, le mouvement a pris de l’importance en Russie, où il a ses fidèles, ses évêques et son « pastriarche ». La première église pastafarienne russe a officiellement déclaré son existence en juillet dernier. Le groupe, qui compte d’ores et déjà 9.000 adhérents, se donne pour objectif d’obtenir le statut de religion officielle – mission compliquée dans un pays qui connaît actuellement une surenchère autour de la religion orthodoxe et semble peu enclin à plaisanter. D’ailleurs, les pastafariens russes n’hésitent pas à titiller les autorités politiques et religieuses de leur pays. Dans leurs apparitions médiatiques, ils prônent la tolérance et critiquent la loi controversée qui punit d’emprisonnement les « offenses aux sentiments religieux des croyants », en vigueur depuis le 1er juillet 2013.

En France, le mouvement fait aussi des émules, surtout sur la Toile. La page Facebook dédiée au pastafarisme francophone compte une centaine d’abonnés. La Fédération pastafariste francophone et le pastafarisme marseillais ont leurs sites Internet. Seul bémol, les pastafariens français ne sont pas prêts de s’afficher avec une passoire sur la tête sur leurs pièces d’identité. La loi hexagonale est très stricte en la matière et exclut d’emblée « les couvre-chefs, foulards, serres-têtes et autres objets décoratifs ».

Sources: Daily Mail, Lenta.ru
Fait-religieux
La rédaction | le 06.08.2013

http://www.fait-religieux.com/monde/religions_1/2013/08/06/les_huit_condiments_du_pastafarisme