Anne-Cécile Juillet | 04.06.2009

Entre 1997 et 1999, Sabine Jacquart est présidente de l’Association spirituelle de l’Eglise de scientologie (ASES) au Celebrity Center, l’un des deux sites parisiens de l’organisation. Hier, devant la 12e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, la prévenue, la quarantaine avenante et assurée, est revenue sur ses deux années passées au « CC ».
C’est là-bas que les deux plaignantes, Aude-Claire Malton et Nelly Reziga, estiment avoir été victimes d’escroquerie en bande organisée, et exercice illégal de la pharmacie il y a près de dix ans.
Sabine Jacquard entre en Scientologie en 1989 parce qu’elle y trouve « exactement ce (qu’elle) cherchait » : « Une religion qui ne m’imposait rien », explique-t-elle. Rapidement, elle en devient « membre actif », c’est-à-dire que, sans emploi, elle passe le plus clair de son temps au centre, contre une allocation « variant de 20 à 100 € la semaine ».

{{Elle perd son sang-froid}}

Huit ans plus tard, elle est élue présidente du bureau de l’ASES : « Je devais représenter cette association, faire en sorte que ses statuts soient respectés, convoquer les assemblées générales et donner mon aval pour l’acceptation ou la radiation d’un membre. ». Et puis, c’est tout.
Si le tribunal ou les parties civiles tentent d’approfondir des détails, comptables notamment (pourquoi une multiplication de comptes en banque ? pourquoi une partie de l’argent partait-il aux Etats-Unis ? pourquoi des transferts de fonds entre l’association à but non lucratif et la librairie de la Scientologie, vrai commerce ?) ou purement rituels (la prise de vitamines, l’utilisation de l’électromètre, les tests de personnalité), les réponses de la prévenue varient peu : « Cela m’est difficile de répondre sur ce point-là, je n’étais pas sur place. » « Vous étiez présidente pourtant ». « Oui, mais je ne suis pas comptable et je n’étais pas au courant de tout l’organigramme. ». Quand l’un des deux représentants du parquet lui demande si, sous couvert de « récompenser le prosélytisme des membres », comme l’indique un texte scientologue, ces derniers ne se voient pas tout simplement rétribués par commission suivant le nombre de nouveaux adeptes recrutés, Sabine Jacquard répond : « Je ne sais pas, je ne m’occupais pas de cela. » « En tant que présidente, vous devriez pourtant », déplore la procureur.
A l’issue de près de trois heures à la barre, Sabine Jacquard peine à ne pas apparaître comme une simple gérante de paille et la Scientologie, une organisation pour le moins difficile à comprendre pour un non-initié. C’est sur ce point que Sabine Jacquard, au milieu de sa déposition, perd son sang-froid. Elle fond en larmes : « Je suis choquée, sanglote-t-elle, parce que depuis une semaine je n’entends que des choses déplacées à propos de cette religion que je pratique depuis vingt ans, dans laquelle j’ai éduqué mes enfants…» Sabine Jacquard, par la voix de son avocat, a fait savoir avant-hier au tribunal que, depuis le début du procès, elle avait été victime de harcèlement et d’une agression, en bas de chez elle, avec l’un de ses enfants.

Le Parisien