{{Préambule}}
Tout au long de l’année 2012, les médias ont parlé de l’Agapè du Puy-en-Velay: publication du rapport du groupe de réflexion «Spirituel et Psychologie» sur le site de Golias en janvier; audit annoncé par Mgr Brincard quelques jours après et rendu public en novembre;
{{publication du Livre noir par le CCMM en septembre;}} annonce la reconnaissance de l’Agapè pendant l’assemblée plénière de la Conférence des Evêques de France qui a eu lieu à Lourdes
en novembre, —annoncée par le journal La Croix; et enfin le 8 décembre, reconnaissance de l’Association Ann-Peggy Agapè comme association privée de fidèles par Mgr Brincard.
Rebondissement en mars 2013, avec le communiqué de Mgr Raffin révélant que l’assemblée de Lourdes n’avait pas discuté la question et n’avait pas donné d’approbation.
Tout cela a fait des remous mais peu nombreux sont ceux qui savent ce qui se passe réellement à l’Agapè. On en parle sans en connaître le contenu concret, toute critique est interprétée comme l’oeuvre de détracteurs. Le maître mot des évêques catholiques a été depuis
des décennies qu’il ne faut pas étouffer l’Esprit qui souffle sur l’Eglise, qu’il faut laisser grandir les jeunes pousses, que l’avenir de l’Eglise est dans les nouveaux mouvements ecclésiaux et les communautés nouvelles. Ne sont-ils pas le ferment de la Nouvelle Evangélisation qui doit répandre le feu de l’Esprit dans le monde? C’est bien cela que se veut être l’Agapè: une structure d’évangélisation dans l’Eglise.
Un constat se dégage des diverses approches de l’Agapè proposées ici: toutes mettent en évidence le mensonge sous une forme ou sous une autre. Il saute aux yeux que le mensonge est omniprésent à l’Agapè et ce mensonge est présenté à ceux qui vont faire une retraite Agapè
— catholiques ou non, puisque ces retraites sont ouvertes à tous — comme un critère de fiabilité.
Le 1er mars 2013, Mgr Brincard terminait une interview sur KTO par l’Agapè: d’après lui leur obéissance est exemplaire1. Chacun pourra en juger après avoir lu ce dossier.
1http://www.ktotv.com/videos-chretiennes/emissions/nouveautes/la-vie-des-dioceses-diocese-du-puy-en-velaymgr-
henri-brincard/00073440

{{Agapè du Puy-en-Velay au fil des ans}}
L’Agapè du Puy-en-Velay a fêté ses dix ans le 7 octobre 2011. Plus de sept mille personnes ont suivi au Puy-en-Velay les sessions d’Agapèthérapie mises en place par Bernard Dubois, ancien médecin-pédiatre et membre de la Communauté des Béatitudes depuis 1988. Mais la présence de l’Agapè dans la cité ponote remonte seulement à 2005. Que s’est-il passé auparavant? Pour le comprendre il faut remonter en amont, aux origines des Béatitudes qui ont servi de matrice à l’Agapè. Nous pourrons ensuite retracer brièvement les événements qui ont marqué les six ans de présence au Puy.

{{Les préparations cachées}}

En 1972, les Béatitudes fondèrent la maison de Cordes et celle de Château Saint-Luc. La seconde mit en place une maison d’accueil thérapeutique; une équipe pluridisciplinaire y travaillait, rassemblant médecins, psychologues, psychiatres, psychothérapeutes, prêtres et
théologiens venus échanger et partager leurs expériences de la guérison avec d’autres communautés d’Eglise. Le 2 janvier 1978, la maison de Cordes ouvre un centre médical conventionné dépendant du Ministère de la Santé, où s’exercent plusieurs compétences complémentaires. Une équipe, composée de médecins, psychiatre, psychologue, orthophoniste et infirmières, approfondit les interactions possibles entre la dimension spirituelle (même inconsciente) et la dimension psychosomatique de l’être humain. Les deux structures
formaient le groupe médical Saint-Luc.
{{Déjà à cette époque, la délivrance du diable faisait partie, des pratiques de ces équipes de soignants sous la houlette de Ph. Madre. Le cabinet médical a été délaissé vers 1982. Ses membres cessèrent leur activité en lien avec le ministère de la Santé pour oeuvrer dans l’Eglise au sein de la maison d’accueil thérapeutique.}}
En 1992, la première intuition de l’Agapè – qui ne portait pas encore ce nom – vit le jour à Château Saint-Luc. Fernand Sanchez (médecin généraliste) et Bernard Dubois (pédiatre) commencent à réfléchir au projet d’une école de formation à un accompagnement spirituel
appuyé sur l’expérience personnelle. Cette première idée a ensuite été mûrie au sein de la Communauté des Béatitudes fondée par Ephraïm, autour de deux médecins communautaires: Fernand Sanchez et Philippe Madre (généraliste). Ils ont élaboré les théories d’une anthropologie judéo-chrétienne spécifique qui a fourni le fil conducteur pour construire la pédagogie des sessions psycho-spirituelles: les formations proposées dans les séminaires à Château Saint-Luc en ont été enrichies. Sur le programme de l’année 1999-2000 quinze séminaires de formations étaient proposés.
Là se trouve le fondement de la session Agapè qui «tente de synthétiser le travail et l’expérience de la communauté des Béatitudes dans le domaine de la recherche anthropologique et de l’accompagnement spirituel.» Cette recherche anthropologique a été
remise en question en 2008 par le Conseil Pontifical pour les Laïcs et récemment par l’audit du P. Humbrecht.
En 1995, au sein de la Communauté des Béatitudes, une commission communautaire se forme pour élaborer des «exercices spirituels» propres aux Béatitudes. Bernard Dubois est à ce 2 Ce chapitre s’inspire d’un article paru sur le site du CCMM: «Dévoilement de l’origine de l’Agapè du Puy-en-Velay»
{{https://www.ccmm.asso.fr/spip.php?article3758}}moment-là «le berger de la Communauté des Béatitudes de Château Saint-Luc; il y dispense un enseignement psycho-spirituel au cours de séminaires consacrés à la guérison intérieure.» Daniel Desbois, psychothérapeute, sera aussi pendant plusieurs années enseignant aux séminaires de Château Saint-Luc. Un article sur la guérison intérieure, paru dans la revue Carmel 3 à cette même date, commence ainsi: «La guérison intérieure ne se conçoit que dans le cadre d’un accompagnement psycho-spirituel, prenant en compte la totalité de l’être humain dans ses dimensions somatique, psychologique et spirituelle.» Il est donc clair que pour B. Dubois on ne peut séparer guérison intérieure et psycho-spirituel. Le lien entre les deux a été bien vu et remis en cause par le Conseil Pontifical pour les Laïcs, en 2008 . Dans ces conditions, comment B. Dubois a-t-il pu écrire en 2010 que lterme «psychospirituel» a été abandonné en 1992 en raison de son ambiguïté, pour prendre celui de «guérison intérieure»?
Quoi qu’il en soit, en 1997 une réflexion est entreprise pour la mise en place de la pédagogie de l’Agapè.
Comme le montre le programme de 2000-2001 de Château Saint-Luc, une nouvelle activité y voit le jour. Il y a toujours un accueil thérapeutique, une formation professionnelle à l’accompagnement et les séminaires – le programme des formations est passé à douze et à côté des enseignants qui exerçaient déjà: Bernard Dubois, Pédiatre, Laurent Perru, professeur au séminaire de Toulon; Bernard-Marie Dewilde, prêtre; Daniel Desbois, Psychothérapeute, Dominique Gagnot, Psychothérapeute; Louis Masquin, Psychiatre; Marie-Dominique
Fouqueray, Psychiatre; Francine Fontaine, Praticienne Vittoz; Sr Mechtilde, Kinésithérapeute, des nouveaux prennent place: Laura Casali, Psychothérapeute; Eric Marquety, Médecin et directeur d’institut médico-social; Soeur Claire de l’Eucharistie, enseignante.

La nouveauté: l’accueil pour la guérison intérieure se fait maintenant sous deux formes, les sessions Agapè et la retraite de guérison intérieure. L’Agapè était prête, il ne manquait plus que les travaux pratiques.
La «première pierre a été posée au mois d’août 2000, au cours d’un séminaire à Saint Luc sur la guérison des mémoires. Mais la maison ne pouvant pas ajouter cette activité à son ministère, il a été décidé de séparer l’Agapé de Château Saint Luc. La première session a donc vu le jour à l’Abbaye Saint Martin du Canigou (Communauté des Béatitudes) le 7 octobre 2001.»

{{La fondation de l’Agapè}}
Dans le programme 2001-2002 apparaissent les sessions agapèthérapies, en remplacement de l’Agapè. Il s’agit d’une relecture systématique de son histoire de la conception à l’adolescence
visant à soulager et à guérir d’éventuelles souffrances de cette période. Ces sessions n’avaient pas lieu à Saint-Luc. Toutefois le discernement, après l’envoi d’une lettre personnelle, se faisait à Saint-Luc. A cette date, les séminaires de formation sont au nombre de dix, chiffre
maintenu encore actuellement au Puy-en-Velay, même si le contenu a légèrement été modifié.

Le dépliant de 2002-2003 parle d’Agapèthérapie en précisant que ces sessions se font en dehors de Saint-Luc, mais dans des maisons de la Communauté des Béatitudes: Casteil (66), Sables d’Olonnes (85), Lisieux (14), Nérac (47) et Nouan-le-Fuzelier (41).

La date est précise. Pourtant une déclaration de l’Agapè affirmera de façon surprenante que «l’Agapèthérapie est un terme controversé inventé par un prêtre canadien en 1975, ce terme signifie ‟guérison par l’amour de Dieuˮ. Ainsi se sont intitulées des sessions de
‟guérison spirituelleˮ organisées d’abord à Cacouna, au Québec, en 1980, puis en 3 B. Dubois, «La guérison intérieure et son accompagnement spirituel», Revue Carmel, n° 75, 1995/1.
France dans les maisons des Béatitudes, du Verbe de Vie ou des Foyers de Charité.
Elles proposent de présenter devant Dieu, dans la prière, les blessures psychiques de l’enfance. Ce terme est controversé en France où le mot ‟thérapieˮ renvoie au domaine strictement médical. Dans un souci de clarification, depuis octobre 2001, l’association du Puy-en-Velay a renoncé à ce terme.»
Double étonnement: l’Association du Puy-en-Velay n’existait pas en 2001 et le terme
Agapèthérapie a été utilisé au moins jusqu’en 2003. Même étonnement pour les lieux où les sessions d’Agapèthérapie ont commencé. Sur le
nouveau site de l’Agapè on peut lire: «Bernard Dubois, médecin pédiatre et membre de la Communauté des Béatitudes et Daniel Desbois psychologue-psychothérapeute, sont les initiateurs de l’Agapè.

Les retraites Agapè se sont développées, dans un premier temps, accueillies (en France, en Belgique, en Suisse) par diverses communautés qui disposaient de lieux adaptés: les Foyers de Charité par exemple.»

{{A la désinformation concernant le terme Agapèthérapie, fait suite une désinformation concernant les lieux…}}

De même, d’après B. Dubois, vers 2002 déjà, la décision aurait été prise d’abandonner le terme de «guérison intérieure» pour celui de «libération intérieure». Or, si l’on se réfère au livret de Cacouna, source de l’Agapèthérapie de Bernard Dubois, son titre nous donne un
renseignement précieux: «Agapèthérapie ou libération intérieure». Il est donc normal qu’ayant introduit l’Agapèthérapie, le terme de libération intérieure soit adopté dans la foulée. Mais guérison intérieure n’est pas renié pour autant, car l’Agapèthérapie était une des formes que prend la guérison intérieure; d’ailleurs un séminaire donnait une formation à cette discipline.

En 2010 encore, on pouvait lire dans un des textes des formations:
«La délivrance n’est jamais un but en soi. Elle n’est qu’une étape dans la guérison intérieure et la vie spirituelle. Elle n’est jamais considérée à part de la guérison intérieure et de l’accompagnement spirituel.»
L’année 2003 est décisive. La DDASS est intervenue au Château Saint-Luc, au centre d’accueil thérapeutique.
{{Conclusion de la visite: «ces activités ne bénéficient d’aucune autorisation, ni agrément». Concernant le contenu des formations, «elles s’appuient sur (…) une vision mystique et des bases thérapeutiques non validées par la science».}}
Les experts avertissent ainsi les membres engagés dans ces activités sans diplôme de médecine qu’ils se «trouvent en pratique illégale de la médecine». Quant aux médecins, «ils sont en infraction au code de déontologie». Compte tenu de ces éléments, la communauté est priée «de supprimer toute allusion à des actions thérapeutiques et de séparer l’exercice médical individuel de la vie communautaire». Les termes médicaux comme «centre d’accueil thérapeutique» ont alors disparu des brochures d’information4. Les Béatitudes décident en
effet de changer le vocabulaire…

Quoi qu’il en soit, le 1er octobre 2003, Bernard et Florence Dubois, Daniel et Claude Desbois et Elisabeth Couturier, ont fondé l’association ANNE-PEGUY AGAPE. Association loi 1901
qui a pour objet: «accueil de détresses humaines en apportant présence, consolation et soutien personnalisé à celui (ou celle) qui le lui demande.» Le siège de l’association est dans la Haute-Garonne. Toute référence à une quelconque activité médicale a disparu. C’est donc
en 2003 et non en octobre 2001, que l’association Anne-Peguy Agapè – et non l’association du Puy-en-Velay – a renoncé au terme agapèthérapie.
4 http://www.psyvig.com/default_page.php?menu=40&page=94

L’année suivante – août 2004 -, «l’amendement» Accoyer est voté et prévoit la création d’un registre national de la profession. Pour y figurer, les professionnels devraient justifier de leur formation et de leurs diplômes.

{{Cinq années fastes au Puy-en-Velay}}
Le transfert du siège l’association au Puy-en-Velay s’est fait le 24 octobre 2005. Mais dès «le 15 août 2005 en la fête de l’Assomption de Marie, quelques membres de la Communauté des Béatitudes et des accompagnateurs de l’Association Anne-Peggy Agapè se sont installés au Puy-en-Velay afin d’y développer cet apostolat dans le cadre des ‟Journées de Notre-Dame du Puyˮ, sous la bienveillance de Monseigneur Henri Brincard.»
Jusqu’à l’audit du P. Humbrecht, la Communauté des Béatitudes était toujours partie prenante de l’Agapè du Puy, car les membres de la Communauté des Béatitudes en activité au sein de l’association «Anne-
Peggy-Agapè», avaient besoin de l’accord de leurs supérieurs pour exercer cet apostolat. On comprend que M. Blisko parle de l’Agapè des Béatitudes. Si le lien avec les Béatitudes n’avait pas existé, le P. Humbrecht n’aurait pas écrit dans le rapport d’audit: «Quant au lien de l’Agapè avec les Béatitudes, il me semble que si plusieurs des
responsables de l’Association, à commencer par celui qui en a élaboré l’intuition et mis en oeuvre la réalisation, Bernard Dubois, n’ont à renier ni leur attachement ni leur rattachement à cette communauté, ils ont maintenant intérêt à développer leur oeuvre en toute autonomie d’esprit et de lieu.»

En avril 2005, paraissait une note faite par la Commission épiscopale pour la vie consacrée, à l’intention des supérieurs d’Instituts de vie consacrée et des responsables de communautés nouvelles: Des rapports du psychologique et du spirituel dans les communautés: des
confusions à éviter. Dès 2005, l’évêque du Puy mit en place un conseil de vigilance5 pour soutenir l’Association Anne-Péggy Agapè et son conseil d’administration: «Un conseil élargi (comprenant des médecins, psychologues et psychiatres, philosophes et théologiens) a été mis en place autour de l’évêque du Puy, pour encourager et vérifier la validité et la pérennité du la démarche.»

L’enseignement dispensé resta pourtant le même qu’à Château Saint-Luc. Les formations qui y étaient données se déplacèrent purement et simplement au Puy, tout particulièrement la Formation à la délivrance. Un ministère pour les laïcs? qui était une des spécialités des
Béatitudes dès le commencement. Un mélange du médical et du spirituel servait à faire des exorcismes sauvages qui perdurent toujours à l’Agapè d’après le programme des formations qui y sont dispensées. Car la libération intérieure qui y est pratiquée, comporte guérison et
délivrance. La délivrance du diable fait partie de la libération intérieure.
Le livret utilisé était intitulé: «Les journées de Notre-Dame du Puy. Session Anne-Peggy Agapè. L’amour de Dieu qui console et guérit.» Agapèthérapie n’est plus mentionné, mais un synonyme est employé, puisque Agapèthérapie signifie: guérison par l’amour de Dieu.
Employer des racines grecques ou leur traduction française ne change rien à la réalité…

En janvier 2010, dans une conférence, B. Dubois aborde la question de lʼexorciste et des personnes qui exercent un ministère en ce domaine. Depuis 1978, comme nous l’avons vu, la délivrance du diable se pratiquait dans la Communauté des Béatitudes, à travers des
exorcismes sauvages. Au Puy, Mgr Brincard a reconnu officiellement ce ministère qui ne fait pourtant pas partie du droit de l’Eglise; ce «ministère d’autorité» est confié à un ( La Croix, 1er janvier 2012)
accompagnateur choisi par le conseil de l’Agapè, et le choix est ratifié par l’évêque. En effet, un ministère de délivrance pour les laïcs a été intégré très tôt à l’Agapè. Mais en 2010, Mgr Brincard est sur le point de nommer deux exorcistes, qui auront pour rôle de décider de
l’exorcisme, le discernement revenant aux laïcs. Le 20 mai de la même année, le décret d’application de «l’amendement» Accoyer paraît dans
le Journal officiel et le 27 mai, est publié le livre des fondateurs de l’Agapè: La libération intérieure, qui disparaîtra curieusement de la maison d’Editions l’année suivante, tout en restant la référence de la formation à la délivrance.
Ce retrait du livre en 2011, est certainement en lien avec les controverses qui ont entourées l’Agapè.

En janvier 2011, le livret des retraitants est remanié à la suite de la consultation du Conseil de Vigilance, alors qu’un groupe de travail venait d’être mis en place par la C.E.F. sous la responsabilité de Mgr Santier depuis quelques mois.

{{L’Agapè controversée}}
L’anniversaire des dix ans de l’Agapè a coïncidé avec le début des mises en question publiques de l’Agapè du Puy-en-Velay. Un article de La Croix du 6 novembre 2011 annonce que Mgr Santier a remis aux évêques un rapport émanant du travail d’un groupe de réflexion
sur Spirituel et Psychologie.
«Le Conseil épiscopal pour les nouveaux courants religieux a rendu un texte soulignant les risques de confusion entre les domaines spirituel et psychologique. […]
‟Un nombre significatif de participants à ces sessions, après une brève période d’amélioration, vit ensuite une décompensation, qui peut avoir des effets destructeurs, pour eux et leurs famillesˮ, observe Mgr Santier, qui refuse cependant de ‟tout condamnerˮ et n’a pas donné d’exemple précis. On sait néanmoins que des critiques se
sont fait jour à propos de certaines sessions ‟Agapéˮ, au Puy-en-Velay, ou des retraites psycho-spirituelles organisées par la communauté des Béatitudes.-»
Le rapport était secret, mais l’article révélait qu’il mettait en cause l’Agapè. L’affaire s’amplifia quand ce rapport confidentiel a été rendu public sur le site de Golias le 6 janvier 2012.

{{Le livret des retraitants}}

Le livret des retraitants qui avait cours à l’Agapè en 2009, est sévèrement analysé dans ce rapport. Le dimanche 8 janvier 2012, Mgr Brincard écrit dans un communiqué:
«En octobre dernier, tous les évêques de France ont reçu le rapport de travail du groupe de réflexion ‟spirituel et psychologieˮ présidé par Mgr Michel Santier. Le rapport contient des remarques très critiques au sujet d’un livret remis aux retraitants.
[…] Une des premières tâches du conseil de Vigilance a consisté à étudier le livret remis aux participants des sessions Agapé. Il en a résulté que de sérieuses modifications ont été apportées au texte de ce livret. A ce propos, il convient de remarquer que la critique du livret dans le document ‟Spirituel et Psychologieˮ a été faite à partir d’une
première édition qui n’est plus en usage aujourd’hui.7»
– http://www.la-croix.com/Religion/S-informer/Actualite/L-Eglise-met-en-garde-contre-les-derives-psycho-spirituelles-_EP_-
2011-11-06-732786
– http://www.zoomdici.fr/actualite/L-Agape-sous-la-vigilance-de-l-eveque-du-Puy-id115966.html

Si nous comprenons bien, le Conseil de Vigilance dès le début, donc dès 2005, a étudié le livret qui était alors remis au retraitant et en a modifié le texte. Ce qui veut dire que le texte qui avait cours en 2009 ne pouvait être une première édition, comme l’affirme Mgr Brincard,
mais la deuxième, dûment revue par le Conseil de Vigilance et qui a servi pendant cinq ans.
Cela pose la question de la qualité de la vigilance exercée, puisque dans l’audit le P. Humbrecht remarque que «les premières versions du livret […] devaient insister davantage sur la guérison du psychologique par le spirituel, sans distinctions suffisantes exprimées.» On
peut comprendre le bien-fondé de l’analyse du psychiatre. Comment le Conseil de Vigilance n’a-t-il pas su distinguer le mélange psycho-spirituel tant de fois dénoncé par les victimes et leurs familles?

{{La question du livret est relancée en 2012, après la parution du Livre noir publié par le CCMM où se faisait entendre le cri des victimes, dont celles de l’Agapè.}}

Ainsi dans un article de La Croix du 10 décembre 2012, la critique du livret de l’Agapè contenue dans le Livre noir est au rendez-vous:
«L’Agapè regrette que ce livre méconnaisse ‟volontairement le travail constant de remise en cause, les évolutions toujours en coursˮ. L’association a pris en compte les critiques des experts et revu ses enseignements. Ainsi, le livret sur lequel l’association s’appuie pour ses retraites, dont une nouvelle édition avait été publiée en février 2011,
a intégré d’autres corrections en août. ‟Ce que nous faisons depuis 2001 a beaucoup évoluéˮ, souligne Philippe Coumau, président de l’association.»
Nous apprenons donc qu’une troisième édition a vu le jour en février 20119 et qu’elle a pris en compte «les critiques des experts». Comment dans ces conditions reprocher au psychiatre expert qui a participé au rapport remis aux évêques, d’ignorer cette version, puisque ce sont
ses remarques qui ont conduit à un remaniement du livret? D’ailleurs, cela suppose que l’Agapè ait été avertie du travail du groupe de réflexion dès la fin de 2010 et qu’elle ait eu en main le travail du psychiatre avant que le rapport ait été finalisé. Dans ces conditions,
comment reprocher à Golias d’avoir publié un document secret réservé aux évêques alors que tout donne à penser qu’une fuite avait déjà eu lieu dans la commission pour avertir l’Agapè qu’il fallait prendre les devants… N’aurait-il pas été plus correct de remettre la nouvelle
mouture du livret au psychiatre expert lors de sa parution en janvier 2011, puisque son travail avait servi à améliorer le texte à son insu?
Mais une autre version des événements a cours à l’Agapè. On lit dans le rapport d’audit: «Les remarques critiques d’un psychiatre (document distribué aux évêques de France, 2011) ont fait l’objet d’une analyse serrée du P. Hamonic, remise à Mgr Brincard. Le P. Hamonic s’attache à distinguer ce qui doit être retenu des objections et ce qui relève,
selon lui, d’interprétations totalisantes ou tendancieuses (parce que relevant du procès d’intention). Certaines remarques légitimes et judicieuses ont concouru à l’amélioration du texte. Je n’ai pas à reprendre ici les quinze pages de son analyse nuancée (qui inclut aussi la considération des remarques critiques d’un théologien (même dossier), mais j’y souscris.»

Si le P. Hamonic a travaillé sur le document distribué aux évêques de France en novembre 2011, comme le livret a-t-il pu être modifié dès février 2011? Ces quinze pages ont-elles été 8 «Précisions que ce livret de retraite qui a soulevé les critiques d’un psychiatre-psychanalyste mandaté par l’épiscopat a tout de même était utilisé pendant cinq ans, jusqu’en janvier 2011 lorsque le nouveau livret est entré en fonction, d’après les services du diocèse du Puy qui nous l’ont précisé ce dimanche» (L’Eveil de la Haute-Loire, 11 janvier 2012).
9 L’article de zoomdici du 12 janvier 2012 parle de janvier 2011, comme la note précédente. C’est bien «la troisième édition Imprimerie Jeanne d’Arc, 43000 Le Puy-en-Velay, N° d’ordre: 102158, 1er trimestre 2011», selon les indications qui sont sur le livret.
communiquées au psychiatre qui avait fait l’analyse? Comment un théologien peut-il s’arroger
le droit d’accuser un psychiatre de procès d’intention?
«Les moutures récentes témoignent d’une volonté d’équilibrage», écrit le P. Humbrecht. Cela
inclut donc l’avant-dernière version de 2011, à laquelle a participé le P. Hamonic puisqu’il
collabore depuis 2009 à l’évolution du livret «avec une compétence exceptionnelle». Mais
alors comment une telle compétence a-t-elle approuvé, entre autres, les prières que disent les
retraitants? En voilà quelques petits passages:
«Tu sais que mon père n’a pas su ou n’a pas pu m’accueillir adéquatement du fait des
circonstances que je t’ai présentées. Délivre-moi, Père Saint, au nom de ton Fils Jésus,
de toutes les conséquences aliénantes que ces blessures ont engendrées dans ma vie et
viens pallier ces carences dans mon coeur. Car tu peux combler mes manques affectifs;
visiter les souvenirs douloureux qui m’enchaînent à mon père et créer de nouveaux liens
d’amour avec lui.»
«Restaure les racines de mon être en y infusant ton Esprit de Vie. Répare en moi ce lien
sacré qui m’établit dans une dépendance filiale vis-à-vis de mes aïeux. Merci, Père, de
baigner ma lignée familiale de ta tendresse guérissante.»
«Tu sais que ma naissance a pu être difficile à cause des circonstances que je t’ai
présentées. Libère-moi des conséquences aliénantes que ces blessures ont engendrées
dans ma vie. Délivre-moi de toute culpabilité que je pourrais ressentir face aux
douleurs vécues par maman.»
Et ce ne sont que des exemples…
On comprend le commentaire de Julien Bonnefoy, dans son article du 11 janvier 2012: «On
peut raisonnablement s’interroger dès lors sur la célérité du comité de vigilance dont s’est
entouré l’évêque Henri Brincard pour surveiller les sessions, psycho-spirituelles organisées
par l’association Anne-Peggy-Agapè et Bernard Dubois.10»
Paradoxalement, ce manque de vigilance a été retourné par l’Agapè contre le psychiatre expert
de la commission. En effet, on lui a reproché d’avoir fait son expertise sur un texte ancien qui
n’avait plus cours à l’Agapè. Mais comment aurait-il pu travailler sur le texte qui a été remanié
en s’appuyant sur son expertise, et cela avant même que son expertise n’ait été rendue
publique?
Mais qu’en est-il de cet audit?
L’audit
Le 8 janvier 2012, dans un communiqué, Mgr Brincard annonce un audit des sessions Agapè
du Puy-en-Velay à sa demande11. Le rapport donné aux évêques venait d’être mis en ligne sur
le site de Golias. Trois jours après, l’Eveil de Haute-Loire précisait:
«Cet audit, d’après les services diocésains, devrait être confié à un double regard
d’experts, celui d’un théologien et celui d’un médecin: ‟Plusieurs pistes sont envisagées
mais le choix des personnes n’a pas encore été arrêtéˮ».
En fait l’audit n’a été fait que par un théologien dominicain, le P. Humbrecht, en août 2012,
qui donne le feu vert. On connaît pourtant le dicton: Testis unus, testis nullus… Julien
Bonnefoy commente dans l’Eveil de la Haute-Loire:
«Il conclut que rien ne s’oppose à l’organisation de ces stages pourtant controversés
par une partie du clergé français et la mission interministérielle de lutte contre les
dérives sectaires (Miviludes, lire notre numéro du 28 décembre 2011).»
10 L’Eveil de la Haute-Loire, 11 janvier 2012.
11 http://catholique-lepuy.cef.fr/Spirituel-et-psychologie.html
La reconnaissance de l’Agapè
Le 11 décembre 2013, l’évêque du Puy-en-Velay annonçait: «Le 8 décembre, j’ai signé un
décret reconnaissant l’association ‟Anne-Peggy Agapè ˮ comme ‟association privée de
fidèles ˮ, appellation prévue par le code de droit canonique.»
Le même jour La Croix annonçait: «Mgr Brincard a présenté à l’Assemblée plénière des
évêques en novembre à Lourdes les résultats de l’audit. ‟Aucune objectionˮ n’a été
soulevée.»
Le CCMM, quant à lui, envoyait un communiqué à l’AFP resté sans réponse à ce jour:
«Le Centre Contre les Manipulations Mentales (CCMM- Centre Roger Ikor) témoin des
ravages causés par l’exercice de l’agapè au Puy en Velay s’attendait à ce que l’Eglise
se prononce contre avec détermination. Grande aujourd’hui est sa déception voire sa
colère, si le soutien des autorités ecclésiales, concernant les récentes positions de Mgr.
BRINCARD sur les sessions de ‟guérison spirituelleˮ s’avérait exact. En effet, le
journal ‟La Croix.comˮ du 10 décembre 2012 annonce la reconnaissance de l’Agapè
par l’évêque de Puy. Les retraites Agapè du Puy-en-Velay seraient officiellement
reconnues par la Conférence des Evêques de France et l’association Anne-Peggy
Agapè, aurait été reconnue samedi comme ‟association privée de fidèlesˮ. Le CCMM
et son collectif des victimes du psycho- spirituel attendent que Mgr. André Vingt-Trois
président de la Conférence des évêques de France précise sa position et celle des
évêques de France en cette affaire.»
Que conclure? La confrontation de toutes les informations émanant de l’Agapè ne peuvent
manquer de surprendre. Le nombre des contradictions est impressionnant. Et il ressort que le
but est de constamment éviter d’avoir à répondre aux mises en cause venant de l’extérieur. La
question qui vient à l’esprit n’est pas celle qui conclut l’audit, mais bien plus simplement:
l’Agapè est-elle crédible? Au lecteur d’en tirer les conséquences.
L’évêque caché au Conseil de Vigilance de l’Agapè
Nous avons évoqué le rôle du conseil de Vigilance de l’Agapè. Mais qui en est membre? Un
grand silence plane sur les membres de ce conseil. Nous disposons pourtant de deux sources
qui peuvent faire comprendre la raison du secret.
En janvier 2012, Mgr Brincard donnait la composition du Conseil de Vigilance, lors d’une
émission sur RCF Le Puy:
– Agapè représentée
– deux théologiens: un Père dominicain, Père Maître des étudiants dominicains de
Toulouse et un théologien de l’Institut de Notre-Dame de Vie
– deux médecins: le premier responsable de la pastorale de la Santé dans le diocèse
du Puy et un médecin psychiatre de l’hôpital Sainte-Marie
– des confrères prêtres qui représentent tous les confrères prêtres du diocèse
En décembre 2012, M. Coumau, président de l’Association Anne-Peggy Agapè, donnait à son
tour la composition du MEME conseil, dans une lettre aux retraitants Agapè:
– un autre évêque
– des théologiens
– des prêtres du diocèse
– des médecins dont deux psychiatres
De la confrontation des deux listes on peut se rendre compte que M. Coumeau passe sous
silence la présence de membres de l’Agapè dans le Conseil et que Mgr Brincard passe sous
silence la présence d’un évêque. Pourquoi ces dissimulations? La question reste posée…
Deux autres questions surgissent: pourquoi faut-il que tous les prêtres du diocèse du Puy
soient engagés à l’Agapè par deux des leurs? Et pourquoi cacher soigneusement tous les
noms? Les remerciements mis à la fin du livre de B. Dubois et D. Desbois: La libération
intérieure (2010) peuvent donner quelques renseignements sur ce dernier point. Sans Fernand
Sanchez, est-il écrit, ce livre n’aurait jamais vu le jour. Cela montre qu’il était fortement
impliqué à l’Agapè en 2009-2010, avec B. Dubois et D. Desbois; ceci se comprend parce que
c’est par eux que l’Agapè a vu le jour dans la Communauté des Béatitudes. Deux théologiens
sont cités: Thierry-Marie Hamonic (prêtre et théologien, o.p.) et François-Régis Wilhélem
(prêtre et théologien, Institut Notre-Dame de Vie) qui correspondent à ce qui est dit des
théologiens présents au sein du Conseil de Vigilance.
Pour le responsable de la Santé du diocèse du Puy, le site du diocèse donne le nom: M. Pierre
BESSON qui est effectivement médecin à Langeac.
Pour le deuxième psychiatre de la deuxième liste, ce pourrait bien être Louis Masquin,
médecin neuro-psychiatre, qui s’occupe d’examiner les dossiers des candidats aux retraites
Agapè.
Quand à l’évêque caché à l’Agapè, on pourrait penser à Mgr Dinnechin, étant donner sa
connaissance de la doctrine de B. Dubois, comme la conférence qu’il a faite à Notre-Dame
pour le carême 2013 l’a montré. L’avenir le dira, car il y a peut-être d’autres évêques agapéens
en France…
L’Agapè: le point de vue des responsables
«Nous n’avons rien à cacher». Elisabeth Couturier.
Lors de l’émission du mardi 06 mars 2012 sur RCF du Puy-en-Velay12, des responsables de
l’association Anne-Peggy Agapè présentent la «Retraite Anne Peggy Agapé», en répondant
aux questions de Stéphane Longin: Elisabeth Couturier, laïque consacrée, ancienne
présidente de l’association: Père Xavier Géron, prêtre en paroisse, membre de la commission
formation; Philippe Coumau, président de l’association; Louis Masquin, médecin neuropsychiatre,
accompagnant bénévole. Quelques points méritent d’être confrontés à des
documents.
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Ce que sont ces sessions
Elisabeth Couturier rappelle que l’inspiration de départ est née à Château Saint-Luc,
Communauté des Béatitudes, où un groupe de médecins accueillait des personnes en
souffrance. Bernard Dubois était l’un d’eux; pour approfondir cette question, il a suivi deux
sessions à Cacouna. A son retour, il a travaillé une année avec Daniel Desbois psychologue et
thérapeute et en octobre 2001 les sessions Agapè ont commencé.
Ce qu’elle oublie de dire:
«Le Cénacle de Cacouna devient le berceau de l’Agapèthérapie en 1980. Des personnes dans
le besoin venaient dans ce Centre de Prière de foi catholique ouvert à toutes croyances
religieuses. C’est alors que s’est développée une démarche d’aide au cours de laquelle on
demandait au Seigneur d’enlever les racines des blessures à partir de la conception, du sein
maternel, de la naissance et même de la tendre enfance. […] A qui s’adresse cette démarche?
[…] à toutes personnes désireuses de vivre une expérience enrichissante de mieux-être,
c’est-à-dire de libération en vue d’un épanouissement humain, moral, psychologique et
spirituel.13»
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Place de la guérison
D’après Elisabeth Couturier, l’Agapè n’a JAMAIS eu un objectif de guérison.
Ce qu’elle oublie de dire:
– Dans le livret des retraitants 2005-2010:
«Quelle sera ta part? 1. Te centrer sur le Seigneur Jésus. 2. Croire qu’il veut te rencontrer et te
guérir parce qu’il t’aime.»
– Dans le livret des retraitants 2011:
12 http://podcast.rcf.fr/emission/135746/298982
13 http://www.lecenacle.com/agapetherapie.htm
«Il est indéniable que nous ne pouvons pas rester prisonniers du passé; on a besoin d’une sorte
de guérison des souvenirs afin que les maux passés ne reviennent pas. »
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La prière de guérison
A la question: «On ne peut pas promettre une guérison par la prière?», Louis Masquin répond:
JAMAIS. Ce serait bien audacieux.
Ce qu’il oublie de dire:
– Dans la formation à la Libération intérieure (2011-2012):
«La prière de guérison spirituelle.
Cette prière ecclésiale demande au Seigneur de guérir une blessure et les réactions qui en
dépendent, afin que la personne puisse vivre et assumer librement ses choix, qu’elle puisse
aimer et pardonner.
Comment se manifeste la guérison spirituelle?
Elle consiste à mettre sous le regard du Christ, les blessures du passé. La personne va
comprendre progressivement quelle est l’origine spirituelle de sa perte de confiance et du
doute à l’amour qui l’habite dans la relation, amenant ainsi la rupture du lien filial.
Elle se manifeste par une visitation du Christ qui vient rejoindre ‟l’enfant blesséˮ. En effet,
une des finalités de la libération est la guérison spirituelle des blessures, là où elles empêchent
la personne d’être fille de ses parents et filles de Dieu. La prière de guérison rétablit et rend
effectif ce lien filial dans l’histoire familiale de la personne et dans la grâce de son baptême.
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La relecture
– Question. Comment se passe cette relecture? On vous reproche notamment d’utiliser les
nouvelles techniques, les nouveaux courants notamment le reborn: se replonger dans l’utérus
de sa mère pour revivre sa naissance et l’accouchement? Est-ce ce sont des pratiques usitées
au sein des retraites?
– Louis Masquin. NON, vraiment non. La relecture, c’est pouvoir reprendre avec
l’accompagné ce qu’il sait de ce moment-là.
– Question. Y a-t-il des souvenirs?
– NON, ce qu’il en sait. Peut-être qu’il n’en sait rien. S’il n’y a rien à dire, merci Seigneur.
Ce qu’il oublie de dire:
Dans le livret des retraitants 2011:
«Je m’imagine dans l’utérus maternel, prêt(e) à entrer dans un monde nouveau. Tous ont hâte
de me voir: ma mère, ma père, la sage-femme. Moi aussi, j’ai hâte de naître.
Le passage est étroit; je me sens poussé(e) vers l’extérieur, dépendant(e) des efforts de ma
mère. Inquiet(e), j’éprouve dans mon petit être des manoeuvres employées pour m’aider à
entrer dans un vie nouvelle.
Si l’accouchement se prolonge, je reste là sans pouvoir avancer ni reculer. J’ai peur d’être
pris(e) . De là vient peut-être que je souffre aujourd’hui de claustrophobie.
Au contraire, si l’accouchement est rapide ou déclenché médicalement, je ne me sens pas
respecté(e) dans mon rythme. Et je le vis comme un rejet, comme si maman me mettait
dehors.
Si je suis né(e) avant terme, je me sens mal accueilli(e). De là vient peut-être que j’ai encore
maintenant l’impression d’être de trop. Je crains de déranger, je n’arrive pas à trouver ma place
dans un groupe.
Si on utilise les forceps, je me sens forcé(e) et violenté(e); de là vient peut-être que je ne
supporte pas la contrainte.
Si je nais par césarienne, je me sens saisi(e) et retiré(e) de force, hors de ce lieu où j’étais si
bien. De là vient peut-être que je ne supporte pas l’imprévu et le changement.
Je ressens la peur parce que le froid, la lumière crue et le bruit de la salle d’accouchement me
saisissent. Je ressens un grand vide parce qu’on me laisse seul(e), maman ayant besoin de
soins. Et, aujourd’hui encore, la peur de la séparation rend, peut-être, mes comportements
volontiers fusionnels.
Si le cordon ombilical est enroulé autour de mon cou, je me sens pris(e) à la gorge,
étranglé(e). De là vient peut-être que je bride aujourd’hui mon élan de vie jusqu’à penser: ‟On
ne veut pas que je vive!ˮ
Si mon Père est absent, je ressens la tristesse de ma mère comme si j’en étais la cause et cela
me culpabilise.»
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La prière de délivrance
Question. On parle de la prière de délivrance où des personnes seraient invitées à imaginer
qu’elles sont possédées par des démons.
Xavier Géron. On peut vivre une prière de libération. L’objectif est de se rappeler que la prière
de l’Eglise est une prière d’intercession.
Question. Ce n’est pas un pseudo-exorcisme?
Elisabeth Couturier. Il n’est pas question d’exorcisme.
Ce qu’ils oublient de dire:
– Dans la formation à la Libération intérieure (2011-2012):
Le ministère de délivrance «se situe dans le combat spirituel pour libérer lʼhomme de
lʼemprise de Satan».
«Si la prière de libération a lieu devant dʼautres personnes que lʼaccompagnateur, celui-ci ne
fait quʼeffleurer la problématique… Il y a donc une discrétion nécessaire, même si lʼon
nʼhésite pas à nommer clairement ce pour quoi lʼon prie (et sur quels esprits porte une
délivrance).»
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Les accompagnateurs
Louis Masquin. Nous n’intervenons pas comme des accompagnateurs psychologiques, ni
accompagnateurs spirituels d’ailleurs.
Ce qu’il oublie de dire:
– Dans la formation à la Libération intérieure (2011-2012):
«L’anamnèse est une manière bien codifiée de mener un accompagnement lors d’une
libération intérieure… L’accompagnateur pose quelques questions bien ciblées et guide
l’entretien… L’accompagnateur oriente le dialogue vers l’un ou l’autre partent, en posant
quelques questions ayant trait à leurs qualités ou à leurs défauts… Il est bon de demander
aussi… On peut poursuivre l’échange en demandant… On peut compléter l’anamnèse en
recherchant… On demande à la personne… On précise en demandant comment s’est passé la
grossesse… On recherche si l’enfant est né prématuré… Il est parfois nécessaire d’explorer
l’adolescence…»
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Conseiller une psychothérapie
Question. Pour le suivi des personnes qui ont participé à une sessions. Vous dites que ces
documents ne sont pas les vôtres. On y voit dedans une notion: Est-ce qu’il faut oui ou non
une psychothérapie qui pourra être déterminée au cours de la semaine? Si oui, avec qui? A
aucun moment ces questions-là ne sont ne sont pas abordées, vous n’invitez pas les gens à
partir en psychothérapie, vous ne désignez pas un spécialiste?
Elisabeth Couturier. Oh non! On n’a pas le droit.
Ce qu’elle oublie de dire:
– – Dans la formation à la Libération intérieure (2011-2012):
«CONCLUSION DE L’ACCOMPAGNEMENT.
Discernement de l’accompagnant.
Détailler au besoin (blessures, portes d’entrée à l’infestation, réactions aux blessures, vécu
quotidien).
Diagnostic psychiatrique si nécessaire? Personnalité-limite?
Conclusion
Décisions
1. Prière de consolation (oui/non), prière de guérison (oui/non), prière de délivrance (oui/non).
Si non, pourquoi?
Paroles de connaissance
Texte reçu
2. Soutien thérapeutique
Psychothérapie (oui/non), avec qui?
Traitement médical (oui/non)
3. Ordonnance spirituelle
Conseils donnés.»
Une fiche controversée
La fiche ci-dessous fiche est récusée comme n’ayant rien à voir avec l’Agapè:
Elisabeth Couturier. Ce serait trop intrusif!! Questionnaire que je ne connais pas. Jamais
utilisé, ne nous appartient pas.
Ce qu’elle oublie de dire:
 Fiche reçue par un retraitant (2011):

Validité de la reconnaissance de l’Agapè par Mgr Brincard?
L’association Anne-Péggy Agapè a été reconnue comme association privée de fidèles par
Mgr Brincard le 8 décembre 2012. Il expliquait le 11 décembre le sens de cet acte juridique.
Nous essayons de présenter l’ambiguité de cette démarche, pour en rendre la portée
compréhensible même par ceux qui ne connaissent rien au droit canonique de l’Eglise
catholique.
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Une explication officielle a été donnée par Mgr Brincard: «Le 8 décembre, j’ai signé un
décret reconnaissant l’association ‟Anne-Peggy Agapèˮ comme ‟association privée de
fidèlesˮ, appellation prévue par le code de droit canonique. Le droit de l’Église reconnaît
aux catholiques le droit de se constituer en associations ‟ayant pour but la charité ou la
piété, ou encore destinées à promouvoir la vocation chrétienne dans le mondeˮ (canon 215).
C’est dans cet esprit que s’opère cette reconnaissance: des fidèles laïcs se sont constitués en
association pour permettre de vivre dans le cadre de retraites spirituelles ‟une rencontre
personnelle avec Dieuˮ (statuts de l’association Anne-Peggy Agapè). Ils ont demandé que
leur existence en tant qu’ ‟association de fidèlesˮ soit reconnue. C’est ce que je fais en
signant le décret en question. L’association reste autonome, gère elle-même ses activités, en
assume enfin la responsabilité. Elle ne devient pour autant pas un organe de l’Église
diocésaine mais bien ‟une association privée de fidèlesˮ ».
Mgr Brincard, dans La Croix du même jour, avait dit que les évêques de France avaient donné
leur accord sous une forme très particulière: en ne manifestant pas de désaccord… Ce point
est déjà, en lui-même, plus que surprenant, car il est inhabituel de prendre des décisions
importantes sous cette forme, dans l’Eglise. Mais l’étonnement grandit lorsqu’on lit, dans une
lettre de M. Coumeau à tous les retraitants Agapè, que «le 15 novembre 2012, Monseigneur
Brincard qui revient de Lourdes nous a annoncé plusieurs bonnes nouvelles: Il a pris la
parole devant l’ensemble des évêques de France lors de l’Assemblée de Lourdes pour leur
parler de l’Agapè; il a reçu alors un accueil très favorable par l’ensemble de ses pairs:
l’Agapè est très bien accueillie et reconnue comme une structure d’évangélisation dans
l’Eglise.» Il poursuit: «Mgr Brincard nous a annoncé qu’il acceptait d’agréer nos statuts
canoniques qui nous relient de façon officielle à l’Eglise diocésaine du Puy.»
Mais nous apprenons, par un communiqué de Mgr Raffin, daté du 17 janvier 201314 que
«l’information donnée le 11 décembre 2012, selon laquelle la Conférence des Evêques de
France lors de son assemblée de novembre aurait officiellement reconnu les retraites Agapè
du Puy-en-Velay est inexacte. En réponse à une question posée, tous les évêques ont reçu de
la part de l’évêque du Puy une documentation, comportant notamment le rapport d’audit
diligenté par le frère Thierry-Dominique HUMBRECHT, mais cela n’a donné lieu à aucune
discussion et aucune approbation. D’ailleurs, le temps manquait pour cela.
Maintenant les plus vives réserves à l’égard d’Agapè, j’ai saisi le Conseil permanent
de janvier 2013, pour que cette inexactitude soit corrigée.
Il m’a été répondu que le président de la C.E.F. avait écrit à l’évêque du Puy pour: lui
dire que les commentaires faits par Agapè de l’appréciation de l’assemblée plénière sont très
exagérés; lui demander que les documents diffusés par Agapè soient corrigés en ce sens; lui
14 Mgr Raffin, «A propos de l’Agapè du Puy-en-Velay», Eglise de Metz, mars 2013.
rappeler que la reconnaissance de l’Association privée de fidèles ne concerne que le diocèse
du Puy-en-Velay.»
La reconnaissance ne concerne-t-elle vraiment que le diocèse du Puy? On peut se poser la
question, si l’on en croit un texte du sous-secrétaire du Conseil Pontifical pour les laïcs. On y
lit en effet: «le c. 305, § 2 CIC dispose que les sujets actifs de la fonction de vigilance sur les
associations de fidèles sont soit le Saint-Siège sur les associations de tout genre:
internationales, nationales et diocésaines (CIC, c. 312, § 1), publiques et privées, de fait, ou
soit l’Ordinaire du lieu sur les associations diocésaines, ainsi que les autres associations
dans la mesure où elles exercent leur activité dans le diocèse. Il est à noter que le Législateur
Suprême n’a pas attribué expressément la fonction de vigilance sur les associations de fidèles
aux Conférences Épiscopales.15»
1. Pourquoi Mgr Brincard a-t-il voulu se réclamer d’un accord des évêques de France puisque
la fonction de vigilance sur les associations de fidèles ne revient pas aux Conférences
Episcopales?
2. De plus, l’activité de l’Agapè déborde le diocèse du Puy-en-Velay. Alors pourquoi ne pas
mentionner, dans le décret de reconnaissance, la vigilance du Saint-Siège? en l’occurrence le
Conseil Pontifical pour les Laïcs d’après l’article cité ci-dessus explique: «En ce qui concerne
le Saint-Siège, les Dicastères compétents sont les suivants: le Conseil Pontifical pour les
Laïcs, pour les associations laïques (PB, art. 134) […].16» Comment expliquer que dans
l’article de La Croix, Mgr Brincard ne mentionne pas que l’association privée de fidèles en
question comporte trois branches d’activités, comme le montre clairement le nouveau site
Agapè: les retraites, les formations et le service après vente… pardon… le post-agapè? Or le
post-agapè comporte quatorze groupes ayant chacun un responsable à sa tête. Et, précision
importante pour le sujet qui nous occupe, onze sont dans divers diocèses de France (dans le
diocèse d’Annecy, à Annecy; dans le diocèse de Bordeaux, à Tabanac; dans le diocèse de
Nanterre, à Boulogne-Billancourt; dans le diocèse d’Albi, à Castres; dans le diocèse de
Marseille, à Gemenos; dans le diocèse de Lisieux, à Herminal-les-Vaux; dans le diocèse de
Versailles, à Rambouillet; dans le diocèse d’Autun, à St martin Belle Roche; dans le diocèse
de Tours, à Tours; dans le diocèse de Nantes, à Vallet; dans le diocèse de Nîmes, à
Villevieille) et deux sont à l’étranger: plus précisément en Suisse à Obernau et en Belgique à
Court-St Etienne. A cela s’ajoute bien sûr le Puy-en-Velay. Dans ces conditions comment
interpréter la reconnaissance par l’évêque du Puy-en-Velay, alors que le canon 305,2 précise:
«Les associations de tout genre sont soumises à la vigilance du Saint-Siège; sont seulement
soumises à celle de l’Ordinaire du lieu les associations diocésaines, ainsi que les autres
associations dans la mesure où elles exercent leur activité dans le diocèse»?
L’accord prétendu des évêques de France n’était donc pas suffisant pour une association ayant
des membres dans plusieurs diocèses de notre pays et a fortiori pour une association qui
intervient déjà dans trois pays différents. Qu’en pensent les évêques concernés en Belgique et
en Suisse? Les douze évêques français qui ont un post-agapè dans leur diocèse s’en portent-ils
explicitement garants?
Que disent les évêques de France sur toutes ces questions? Comment interprètent-ils
l’autorisation donnée l’Agapè? Le silence complet par lequel ils entourent les dérives
doctrinales de l’Agapè va-t-il se poursuivre pour le plan juridique?
15 M. DELGADO GALINDO, L’exercice de vigilance de l’autorité ecclésiastique par rapport aux associations de fidèles, p. 9.
16 Ibid.
Déroulement d’une retraite Agapè
La retraite Agapè du Puy-en-Velay a beaucoup fait parler d’elle, surtout après l’audit fait par le P.
Humbrecht en août 2012. Il en a bien compris le noyau: «L’idée de cette retraite est de visiter les étapes les
plus anciennes de sa vie (d’avant la conception à la fin de la jeunesse), en nommant les blessures qui leurs
furent éventuellement liées, et en prononçant sur elles un pardon théologal, en quoi consiste en définitive
la ‟libérationˮ annoncée.» Chaque jour, une époque de la vie est proposée à la méditation du retraitant.
C’est ce parcours que nous allons suivre, qui permettra de faire connaître ce qui se passe lors de ces retraites
controversées.
Lundi
Le matin: Ma généalogie et mon hérédité
Comme chaque jour, la méditation commence par des lectures de la Parole de Dieu. L’enracinement
biblique se fait ici dans le commandement d’honorer ses parents et dans le texte de Rm 5,12.15.
Suit la mise en situation. Il est proposé au retraitant de répéter lentement chaque phrase à mi-voix.
«Soulignez ce qui vous interpelle. Arrêtez-vous et écoutez en silence. Soyez attentifs à ce que vous
ressentez dans votre corps, votre affectivité (émotions) et votre imagination (images, pensées).» La place
des émotions, de l’imagination, du ressenti est la clé de voûte de la méditation de l’Ecriture, comme il se
doit dans une spiritualité issue du Nouvel Age.
Une méditation sur sa lignée est alors détaillée où les hobbies de B. Dubois sont au rendez-vous: mort
brutale, suicide, avortement, secrets de famille, adultère, inceste, occultisme, spiritisme, etc. Curieusement
tout cela constitue des portes d’entrée pour une infestation du diable.
De quoi s’agit-il? Le P. Gilbert Dagnon expliquait, dans un colloque de lʼA.I.D. [International Association
for Delivrerance] de 2001: il existe des «évènements éventuellement contaminant, constituant des portes
dʼentrées à lʼinfestation maligne, définies par la communauté des Béatitudes». Il cite les traumatismes
ponctuels intenses (homicide dʼun être cher, avortement, viol, mort brutale dʼun être cher, etc.); des états
psychoaffectifs très prolongés (conception-viol, avortement raté, enfants martyrisés ou prostitués, etc.); des
pratiques occultes (magie noire, sorcellerie, spiritisme; etc.), les dépendances (alcool, drogue, perversion
sexuelle, etc.). Tout cela, selon cette théorie, peut avoir laissé des traces dans l’hérédité et demeure dans la
descendance des portes potentielles d’infestation maligne. On trouve une tentative d’explication théologique
de cette affirmation chez le P. Lemaire, fondateur de La Maison d’Abba et disciple des Béatitudes: le
baptême lave du péché originel et donne la grâce, dit-il, mais il laisse une inclination au péché, la
concupiscence. Il constate d’autre part quʼil existe chez certaines personnes une fragilité héréditaire liée à
des tares familiales qui sont la conséquence dʼun péché grave chez un ascendant. Le P. Lemaire se risque
alors à établir un lien entre la première affirmation qui est dʼordre théologique et la deuxième dʼordre
purement humain. Avec la concupiscence, serait transmis un lien: «Il y a des liens inconscients
probablement dʼordre psychologique car il y a un inconscient familial.» Ainsi le diable, qui nʼa pas
dʼemprise sur les baptisés, en retrouverait par ces liens et les blessures.
Sans se douter de la théologie sous-jacente à ce qu’il est en train de méditer, le retraitant termine sa matinée
par un prière qui comporte elle aussi quelques perles: «Restaure les racines de mon être en y infusant ton
Esprit de Vie. Répare en moi ce lien sacré qui m’établit dans une dépendance filiale vis-à-vis de mes aïeux.
Merci, Père, de baigner ma lignée familiale de ta tendresse guérissante…»
Le retraitant remplit le dessin de son arbre généalogique présent dans le livret qui lui a été remis, jusqu’à la
cinquième ou sixième génération. Les problématiques sont ensuite inscrites sur un papier déposé à la
chapelle et le prêtre le présente au Seigneur au cours de l’eucharistie. Les membres de l’Agapè semblent
avoir oublié que les évêques ont fait une mise en garde sur la guérison de l’arbre généalogique. Rappelons
que celle-ci a pour origine un certain dr Mc All Kenneth de tradition épiscopalienne. Il faut aussi savoir
que dans la formation à la relation d’aide, l’analyse de l’arbre généalogique est un outil parmi d’autres qui
sert dans le travail sur soi. Le mélange entre le psychologique et le spirituel débute dès le lundi matin.
Toutes les découvertes faites dans la matinée doivent être retenues dans le corps et dans la sensibilité. Un
premier dérapage se met en place.
L’après-midi: ma conception
Le déroulement est le même que le matin: lecture de la Parole de Dieu, mise en situation, prière, mémoire.
Rien n’est épargné sur tout le contexte d’une conception; force détails sont donnés sur les côtés sombres
qu’elle a pu revêtir. Un Nota bene souligne que quelles que soient les circonstances qui l’ont entourée, la
liberté et la capacité de résilience n’ont pas été aliénées. Mais le rédacteur du fascicule n’a pas fait attention
que la résilience est un phénomène psychologique alors que le retraitant est censé faire une retraite
spirituelle. Est-elle un équivalent du pardon théologal? La formation au pardon pourrait bien le faire
penser.
La prière qui suit est des plus étranges: «[…] Console-moi, guéris-moi de tout ce qui a pu être nuisible lors
de ma conception, afin que mon être soit sain et fort. Libère-moi de toute influence aliénante affectant mon
être physique, psychique et spirituel. Daigne remplir tout vide affectif en m’imprégnant du bonheur de ta
divine Présence. Restaure, par ton Incarnation en Marie, les racines de mon être en y insufflant ton Esprit
de Vie. […] Je te remercie de baigner cet événement de ta tendresse guérissante.»
La guérison des racines de l’arbre généalogique est présentée comme un baptême, un exorcisme (force
aliénante). Mais le baptême a donné la vie de Dieu, un exorcisme a été fait. Pourquoi réitérer le baptême
sacramentel sous forme de prière? S’agit-il d’un auto-baptême? Cette prière est dans la ligne du néopentecôtisme.
Le cri des psaumes est ensuite proposé pour écouter les émotions. La mémoire vient ensuite et l’après-midi
se termine par la glaise, véritable séance d’Art-Thérapie: La parole y a un effet de catharsis, mais pas de
refondation. En art-thérapie, en effet, ceux qui souhaitent peuvent entreprendre un travail personnel, en
s’aidant non pas du langage verbal, mais d’un langage issu du FAIRE, de la création, leur création. Cela les
aide à exprimer autre chose et à le redonner sous forme tactile, visuelle, plastique.
Mardi
Le matin: Mes neuf premiers mois
Comme la veille, des versets d’Ecriture sont proposés à la méditation. Le thème choisi est celui de la
création de l’homme modelé par Dieu comme le vase par le potier, que Dieu connaît avant même qu’il soit.
Vient ensuite la mise en situation qui se fait par des questions portant essentiellement sur l’état de la mère
pendant la grossesse.
Un Nota bene fait une mise au point pour éviter toute critique: «les circonstances de la vie ne sont pas des
déterminismes (de cause à effet) aliénant notre liberté et notre capacité de résilience. » Le point de vue
psychologique est clairement annoncé. C’est bien de cela qu’il s’agit d’ailleurs.
Comment peut-on répondre à tant de questions sur sa mère, sans même prendre le temps de la questionner.
A-t-elle désiré avorter? a-t-elle subi un choc? reçu l’annonce d’un événement traumatisant? Quelles ont été
ses émotions? A chaque question, correspond ce que le retraitant peut vivre comme conséquences
aujourd’hui au plan affectif, psychique.
Une prière engage ensuite le retraitant à faire le joint entre la parole de Dieu proposée et ces événements.
Un paragraphe ne peut manquer de retenir l’attention: «Merci, Seigneur, de me tenir dans ta main et
d’imprégner mes sentiments de ta tendresse guérissante en reprenant chaque seconde, minute, heure, jour
et semaine de ma vie intra-utérine.» Le Dieu créateur est un Dieu guérissant.
Il est alors proposé de faire attention à toute émotion ressentie – manque affectif, blessure, rejet – et de
prendre un psaume qui lui corresponde pour prier. La souffrance qui émerge est déposée près de la Croix
du Christ qui devient le consolateur. Encore une dimension féminine de Dieu.
Conseil: mettre tout cela par écrit pour en garder le souvenir: l’anamnèse tient une grande place à l’Agapè.
A la fin de la messe une prière de consécration tout à fait particulière est prononcée qui porte sur le ressenti,
les blessures. Et le retraitant termine en demandant à Dieu de venir le bercer. Il n’y a plus qu’à se blottir au
creux de la Sainte Famille. C’est le livre de B. Dubois Guérir en famille, et plus en amont les séminaires
organisés par les Béatitudes à Château Saint-Luc qui sont à l’arrière-fond.
L’après-midi: ma naissance
Le déroulement est le même que le matin. Tout d’abord des textes d’Ecriture qui montrent le soin que Dieu
a pris de son peuple, comment il l’a protégé tout au long de sa croissance, combien il l’a aimé; la nouvelle
naissance dans l’eau et l’Esprit est évoquée en finale.
Le retraitant revit par l’imagination sa sortie du sein maternel et tous les détails de l’accouchement sont
passés en revue. Un véritable rebirthing. Une mère peut se souvenir de l’accouchement, mais qui peut se
souvenir de ce qu’il a vécu lorsqu’il est venu au monde? Les émotions que cette représentation imaginée
suscitent renseignent sur l’état mental actuel de la personne mais ne reposent sur rien au niveau souvenir.
Pour prévenir toute critique le même Nota bene que le matin est réécrit.
La prière, comme le matin, reprend l’Ecriture méditée et fait un amalgame avec les faux souvenirs qui ont
émergé; elle tend même à les induire: «Tu sais que ma naissance a pu être difficile à cause des
circonstances que je t’ai présentées. Libère-moi des conséquences aliénantes que ces blessures ont
engendrées dans ma vie. Délivre-moi de toute culpabilité que je pourrais ressentir face aux douleurs
vécues par maman.» Et tout se termine encore dans la sainte Famille… On peut remarquer dans la prière
l’amalgame de la supposition et de l’affirmation, si bien qu’à la fin les deux se mélangent.
Après l’usage des psaumes pour exprimer l’émotion, de nouveau l’usage de la glaise… pour accueillir le
bébé qui vient de naître… Il faut le façonner les yeux fermés et le montrer à l’accompagnateur…
Le livret explique alors ce qu’est le repos en Dieu, grâce que l’accompagnateur peut demander pour le
retraitant. C’est soi-disant une grâce d’oraison de quiétude, alors que bien des témoignages montrent que
c’est une variante de l’hypnose. Il est censé faire expérimenter dans les blessures la consolation divine… Le
galvaudage de la spiritualité catholique est à son comble…
Mercredi
Le matin: L’accueil de ma mère
Le même Nota Bene que la veille prévient toute accusation. Un retraitant note avec justesse: «De nombreux
garde-fous sont redis régulièrement, par oral, et sur le livret pour éviter toute confusion.» Mais suffit-il de
faire des déclarations pour que la réalité y corresponde?
Six versets d’Ecriture sont proposés, qui donnent à méditer sur la tendresse de Dieu qui ne délaisse jamais
son peuple (Dt 31,7-8), Is 49,15-16; Dt 32,9-12; Is 62,3-4). Cette méditation de l’Ecriture, comme toujours,
se fait à un niveau psychologique: il s’agit de revivre les mois qui ont précédé la naissance, la naissance
elle-même. Par exemple ressentir le désarroi du nouveau-né lorsque la naissance a été difficile, laisser
monter le traumatisme provoqué par la pouponnière, la culpabilité ressenti lorsque être garçon ou fille a été
une grande déception pour la mère, etc.
Toute la dimension de foi a disparu de la lecture des versets proposés à la méditation: on peut ici
comprendre pourquoi les retraites Agapè sont accessibles même aux non-croyants. La Parole de Dieu est
réduite à des paroles de sagesse qui apaisent le coeur. Son symbolisme, qui permet de passer de l’expérience
vitale à l’expérience spirituelle a été gommé et les paroles sont prises dans un sens totalement réducteur.
Cette méditation conduit à une prière qui ne manque pas de poser question. Il s’agit de revivre sa naissance
par l’imagination:
«[…] Tu me laisse regarder cette femme qui m’a porté(e), bercé(e), pendant neuf mois. Elle a hâte
de m’embrasser; de me cajoler, de me nourrir. Et tout doucement, tu m’achemines vers elle et me
déposes dans ses bras.
Tu sais que ma mère a pu avoir un accouchement pénible du fait des circonstances que je t’ai
présentées, et qu’il lui a été difficile de m’accueillir correctement. Viens, Seigneur, me délivrer de
toutes les conséquences aliénantes que ces blessures ont engendrées dans ma vie. (nommez tel
événement, tel traumatisme… et prenez le temps de laisser descendre en vous cette grâce).»
Cette prière est en totale contradiction avec le Nota bene indiqué en prélude. Les blessures ont-elles ou non
des conséquences aliénantes? Le Nota bene n’est là que pour parer les critiques, mais B. Dubois pense qu’il
y a aliénation: il le répète souvent dans ses écrits.
L’accueil de mon père
Le même scénario se répète pour le père. Parmi les textes proposés à la méditation, se trouve Jn 5,19-20 et
l’unité de volonté du Père et du Fils, l’obéissance du Fils fait remonter des émotions imaginaires sur les
premiers contacts avec son père. «Je ne me souviens pas d’avoir été bercé(e) par papa. Et aujourd’hui, je
ne peux m’imaginer la tendresse d’un père.» On tombe de haut à cette lecture… La tradition catholique
n’avait jamais encore proposé une pareille lecture de Jn 5,19-20. Et la prière reprend la demande d’être
délivré des «conséquences aliénantes que ces blessures ont engendrées dans ma vie». Un ajout par rapport
à la prière sur l’accueil de la mère: «Viens pallier ces carences dans mon coeur. Car tu peux combler mes
manques affectifs, visiter les souvenirs douloureux qui m’enchaînent à mon père et créer de nouveaux liens
d’amour.» Saint Joseph est bien sûr au rendez-vous, ce qui est une signature de B. Dubois.
Sept mille personnes ont fait cette prière, validée par le Conseil de Vigilance de Mgr Brincard.
Le délire continue avec une consécration de la naissance sous une formule trinitaire; l’économie trinitaire
est totalement chamboulée. Le Père est vu comme les bras qui donnent la sécurité, le Fils est celui qui a
trouvé en Joseph et Marie la chaleur et l’amour, et l’Esprit Saint couvre de tendresse.
L’après-midi: Ma tendre enfance
Le thème de l’enfance, de la faiblesse, est largement présent dans l’Ecriture. L’Agapè n’a pas eu de mal a
retenir six textes scripturaires. Le prophète Osée y trouve bien sûr sa place: «J’étais pour toi comme celui
qui élève un nourrisson contre sa joue…»
Et c’est un retour à l’enfance de mauvais aloi qui fait suite dans la mise en situation: «Maman me nourrit,
elle me prend dans ses bras; je suis heureux (e) de me blottir contre elle.» C’est la régression qui est mise
en avant et non le mouvement symbolique qui fait monter vers le spirituel à partir de l’expérience sensible.
Tout y passe même les troubles du transit qui viennent d’une réprimande donnée par les parents lorsque
l’enfant s’est sali.
La prière demande encore à Dieu d’«enlever toutes les conséquences aliénantes que ces traumatismes de la
petite enfance ont engendrées dans ma vie.» Et tout se termine près de Marie, dans les bras de Joseph.
«Merci, Seigneur.»
L’arrivée d’un autre enfant
Là il est précisé que cette méditation est pour ceux qui sont concernés par le thème: il est en effet difficile
d’être blessé par un frère ou une soeur qu’on n’a jamais eu… bien que lorsqu’on navigue dans l’imaginaire,
on n’en est pas à une absurdité de plus ou de moins.
Ce qui est sûr: Malheur à celui qui en a eu un! cette arrivée déclanche en effet un noir scénario. Ce bébé
vient prendre la place «sans que je sois préparé(e) à sa venue» – affirmation gratuite -, il provoque la
jalousie, je me sens mis de côté, il est un «voleur de câlins», je me surprends à me venger sur ce bébé qui
m’a volé ma place… et bien sûr aujourd’hui je ressens de la jalousie vis-à-vis de mes proches… On attend
vainement un mot sur la joie apportée par le petit frère.
Vient la prière à l’idole qui m’aime plus que tous et un pardon au bébé venu prendre «ma» place… à qui il
n’y a rien à pardonner! Le pardon est demandé aussi à l’égard des parents! Leur faute est certainement
d’avoir eu un enfant de plus…
L’affirmation de soi
La journée se finit sur l’étape de l’affirmation de soi présentée comme le besoin de reconquérir l’amour de
ses parents… sans rien dire pourtant sur la façon dont cet amour avait été perdu. Quoi qu’il en soit la
réprimande qui suit la colère enfantine est fatale: je me sens rejeté, jugé, incompris. L’autre cas de figure,
c’est de plier pour ne pas déplaire. Mais alors je porte les conséquences de ces non refoulés.
Il n’y a plus qu’à aller se faire consoler dans les bras de Dieu dans la prière.
«Viens mettre ton pardon en moi pour tout comportement qui m’aurait blessé(e) et aurait contribué à me
bloquer. Merci, Seigneur, d’être là pour équilibrer ma vie.
Comble mon coeur d’une joie nouvelle est débordante, de cette joie des enfants de Dieu qui se savent aimés
inconditionnellement.»
L’essentiel est oublié: Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses frères. Mais le Christ
mort sur la croix par amour est remplacé par une idole: le Dieu qui est la projection de ses propres désirs.
Tel est bien le Dieu de l’Agapè.
Jeudi
Le matin: De ma mère vers mon père
Six versets d’Ecriture sur le détachement du père et de la mère sont proposés à la méditation pour éclairer la
mise en situation qui suit, différente pour une femme et pour un homme. Toutes les situations de souffrance
qui peuvent se présenter dans le lien au père et à la mère sont énumérées. Il semble exclu d’avoir été
heureux…
Comme les autres jours, il est demandé dans la prière d’être libéré des traumatismes aliénants et des
souvenirs pénibles de cette étape de la vie. Curieusement le temps semble avoir disparu. Dieu porte en lui
une image de chacun de toute éternité, et il est demandé que cette image soit imprimé en soi. Nous sommes
figés dans une image éternelle qui descend en nous; il n’y a pas d’accomplissement de la personne dans le
temps. L’homme n’est plus un être en devenir, qui collabore avec Dieu.
Après la prière, vient le modelage de la glaise qui concerne la relation au Père. Il faut remonter le temps
pour se retrouver, par ce modelage, à l’époque de la vie sur laquelle on médite, pour retrouver quelle était
alors la relation que l’on avait avec son père: elle se retrouve par le bout des doigts. La raison est totalement
absente de la démarche. On peut, selon l’Agapè, rejoindre le passé, sans tenir aucun compte de l’évolution
postérieure, pour y mettre une image d’éternité. La notion de temps, si essentielle dans le christianisme, est
totalement gommée. L’Agapè a totalement oublié que l’homme est en devenir: il n’est pas figé dans son
passé.
La matinée se termine par l’eucharistie selon le rite de la Communauté des Béatitudes validé par le
conseil de vigilance.
La messe commence avec le renouvellement des promesses du baptême qui normalement ne se fait
que la nuit pascale, dans la liturgie romaine. Autre initiative innovante: une prière de guérison avec
onction d’huile bénite sur les sens, est intégrée à cette messe; le geste de l’onction des malades devient
ainsi un geste pour la guérison des blessures. Il est bien expliqué que l’huile utilisée n’est pas du saint
chrême, mais le geste a du poids en lui-même et prête à confusion.
L’après-midi: Ma scolarité
Les versets d’Ecriture retenus parle de Dieu qui enseigne son peuple. L’enseignement de l’école est donc
mis en parallèle avec l’enseignement donné par Dieu. La mise en situation retrace un tableau très noir de la
scolarité, comme celui qui a été fait de la famille. Cela est repris dans la prière qui suit. Là nous apprenons
que Dieu est l’éducateur parfait qui ne met aucune contrainte: «Tu connais mon intelligence et mes
capacités. Et tu m’aides à donner le meilleur de moi-même, sans aucune contrainte.» Ce n’est pourtant pas
ce que l’Ecriture nous dit: «Car le Seigneur châtie celui qu’il aime» (He 12, 6). Et bien sûr, Dieu va libérer,
comme dans toutes les étapes précédentes de la retraite, de ce qui aliène: «Tu me libères intérieurement des
traces aliénantes occasionnées par l’exigence trop forte de certains enseignants ou de mes parents…» Le
retraitant demande enfin à Dieu de pacifier sa mémoire (= guérison de la mémoire) et «restaurer sa liberté
d’enfant de Dieu.»
Mon adolescence
Les cinq citations bibliques choisies ne sont pas forcément en lien direct avec l’adolescence. Mais peu
importe. Elles ne sont qu’un prétexte pour une mise en situation qui met en scène une adolescence aussi
noire et difficile que toutes les autres étapes de la vie: c’est la période du refoulement! «Que le Seigneur,
pour qui tout est possible, me guérisse!» La prière qui suit met le retraitant dans la situation qui était la
sienne pendant son adolescence: comme si le temps s’était arrêté. Un point de la prière, n’en déplaise aux
théologiens du conseil de vigilance, a dû leur échapper: «Tu m’apprends, petit à petit, à aimer ce corps que
tu as toi-même habité par ton incarnation.» La difficulté est double: le Verbe de Dieu n’a pas habité un
corps, mais il est devenu chair. De plus son corps était le sien et pas celui du retraitant.
L’homosexualité
Curieusement, c’est la seule fois qu’il n’y a pas de versets d’Ecriture proposés. La méditation commence par
la mise en situation différente pour l’homme et pour la femme. Le même scénario de malheur continue: le
père violent, le fait de n’avoir pas correspondu à l’enfant désiré par les parents, la surprotection de la mère,
la carence affective du côté de la mère, etc., etc.
La méditation se termine par une prière pour être dégagé, encore une fois, des influences aliénantes qui ont
modifié, aspirations, goûts, attraits…
Et, comme Dieu peut tout, il suffit de lui demander de «m’accompagner tout au long de ma croissance, et
de corriger ce qui m’a brisé(e) dans mon être spirituel, psychologique et même physique.» En bref, Dieu est
un superthérapeute à tous les niveaux.
Vendredi
Le matin. Les traumatismes sexuels
Toujours le même scénario: des paroles d’Ecriture qui présentent Dieu appelant l’homme à revenir de ses
voies mauvaises et en finale Dieu comme l’Epoux de son peuple. Un traumatisme sexuel semble d’entrée de
jeu être un péché.
La mise en situation montre deux cas de figure: les jeux d’enfants ou des circonstances où l’enfant a été
abusé. Faute d’avoir trouvé en son temps la présence de ses parents, le retraitant «se tourne aujourd’hui
vers Dieu pour être guéri(e).»
La prière qui suit commence en parlant de péchés, puis demande à Dieu «de libérer ma mémoire, mon
imagination, mon affectivité et ma sexualité, des traumatismes passés. Je me laisse regarder par toi, de ce
regard qui, sans me juger, m’aime et me pacifie.» On est passé du péché au traumatisme, sans plus
d’explication. Et on en arrive aux blessures: «Les blessures que j’ai reçues à travers ces expériences sont si
profondes que ma sensibilité se refuse à donner le pardon à mes agresseurs. La vengeance et la rage
jaillissent dans mon coeur. Avec toi seulement, Seigneur, je peux accorder ce pardon parce que toi, tu as
pardonné à tes bourreaux. C’est avec ton coeur rempli de miséricorde que je veux pardonner à mon tour:
car seul(e), j’en suis incapable.» Si l’on comprend bien, le pardon porte sur les blessures. C’est bien d’elles
qu’il est question à l’Agapè.
L’eucharistie
C’est une eucharistie à thème: la Croix glorieuse, de mystère, est devenue un «thème». On peut se
demander quelle est cette liturgie qui célèbre des thèmes?
Sans transition, on passe de la croix source de notre salut, au Christ qui est le seul à venir au devant de nos
souffrances et de nos blessures pour nous consoler et nous libérer. C’est dans la croix du Christ que se
fonde la démarche Agapè, moyennant quelques rectificatifs faits à la sotériologie catholique. Il faut dire
que cette approche de la rédemption porte la marque de la théologie des Béatitudes qui se trouvait déjà chez
Ph. Madre. Le Christ a souffert sur la croix pour guérir nos blessures psychologiques avant tout. Il n’a pu
rester indifférent devant ces conséquences du péché originel.17
Conséquents avec ce qu’ils professent, chaque retraitant dépose dans les plaies du Christ un pétale de rose
rouge «qui symbolise les blessures résiduelles, celles qui restent encore douloureuses ou oppressantes.»
17 DOCTEUR P. MADRE, Mystère d’amour et ministère de guérison, Le lion de Juda et l’Agneau immolé,
Pneumathèque, Paris, 1984.
L’après-midi. Mes deuils
La série noire continue avec les deuils, ouverte par la méditation de six versets d’Ecriture. Deuils d’abord
avec le départ d’un proche, un avortement, ou aussi ruptures affectives – divorces, suicides, etc. -: telles sont
les mises en situation proposées.
Trois prières sont proposées: l’une convenant après un deuil, l’autre pour une rupture familiale ou amicale et
la dernière pour une rupture dans la vie conjugale.
Mes échecs
Les échecs sont la fin de la série noire: c’est par eux que se terminent la relecture de sa vie.
Cinq textes d’Ecriture présentent un Dieu qui console. Puis le défilé des échecs scolaires provoqués par un
accident, un deuil; ou des échecs professionnels. Echec aussi d’un bel amour, maladie, dépression, un
enfant qui prend un chemin de traverse, etc.
Pour consolation, la prière est adressée à Jésus qui a connu l’échec humain de la croix et demande la
guérison pour finir: «Par ta Résurrection, tu sauras faire jaillir du bien même de ce qui semble me briser.
Tu te penches sur chacune de ces situations décevantes qui ont produit en moi tant d’amertume; je les
revois une à une avec toi. Je veux t’en parler librement et me laisser consoler par toi qui me comprends et
me guéris. Amen.»
Samedi
Le matin. Le sacrement de réconciliation
Six textes sur le péché et le pardon de Dieu ouvre la méditation. Une présentation du sacrement est exposée
et un examen de conscience est proposé sur les sept péchés capitaux. Il est ensuite expliqué comment on se
confesse.
La joie du pardon
En trois étapes de pardon, le retraitant descend jusqu’aux racines du traumatisme et Jésus vient le délivrer
de tout ce qui l’aliène, à la suite de prières qui sont pour la plupart des auto-pardons proches des pardons
utilisés par les évangéliques pentecôtistes. Grâce à cela, l’être est assaini et pacifié. C’est bien le but de
l’Agapè: Dieu contribue à mon bien-être psychologique.
L’après-midi. Mon engagement
Une prière est proposée pour chaque situation: célibat, mariage, veuvage, séparation-divorce, vie consacrée
religieuse sacerdotale.
Chacun renouvelle l’engagement qui est le sien.
Conclusion
Au terme de ce parcours, il est aisé de comprendre cet extrait poignant d’un témoignage contenu dans le
Livre noir: «Les liens de causes à effets énoncés dans le topo des traumatismes sexuels sont
particulièrement délirants. Après avoir brisé le bonheur de l’enfance, l’amour reçu par ses parents, la vie
conjugale est attaquée. L’hymne à l’Amour qu’est la sexualité devient suspecte et dangereuse. Je suis
totalement accablé par toutes ces descriptions tordues. La vie me parait très compliquée, moche, semée
d’embûches et de danger. Je perds le chemin de l’espérance. Accablé par cette atmosphère glauque, je
pleure plusieurs fois par jour. Je n’en n’ai pas encore conscience mais je suis touché au plus profond de
mon être.» Comment les responsables de l’Agapè, dans leur réponse aux médias, ont-il pu attaquer ce
témoignage? Comment peuvent-ils nier les victimes que leurs retraites provoquent? Ils le savent pourtant
fort bien, d’après ce que l’on peut lire dans la formation à la délivrance: «le dévoilement peut être si fort
qu’il crée comme une déflagration, voir même un effondrement psychique temporaire qui peut plonger la
personne dans le désarroi et la révolte.»
Le pardon à l’Agapè
Comme le pardon est le sommet de la démarche proposée par l’Agapè, il vaut la peine d’y
revenir en comparant ce qu’en disent les deux derniers livrets.
Le livret du retraitant 2005-2010. La joie du pardon (jeudi matin)
La démarche effective du pardon aura lieu le samedi, mais elle commence à se préparer le lundi.
D’entrée de jeu, une prière où il est question de pardon. Elle s’adresse à un Dieu impersonnel, appelé
«Seigneur», sans aucune référence au Père ou au Christ, sans aucune référence à la croix. La prière
s’adresse donc à un Dieu qui peut convenir à toute religion: point n’est besoin d’être catholique ou chrétien.
Il n’y a pas de problème avec la théologie de la rédemption, puisqu’elle est totalement passée sous silence.
En fait la présentation de la démarche de pardon, montre que le Dieu invoqué est Jésus guérisseur:
«Un pardon fait en trois étapes te permettra de descendre jusqu’aux racines de la blessure reçue, pour la
laisser guérir en profondeur par Jésus.» Nous sommes dans un contexte d’agapèthérapie: Jésus guérit les
blessures.
La démarche de pardon en trois étapes, commence par écrire le pardon, puis il faut le lire à mi-voix et fin le
lire à haute voix pendant que l’accompagnateur fait une prière pour le retraitant. La surprise continue: car il
y a trois destinataire du pardon: Dieu, soi-même et les autres. Pour chacun il faut refaire les trois étapes.
Le plus étrange est le pardon envers Dieu: il faut pardonner à une fausse image de Dieu, ce qui veut dire à
une idole… Celui qui n’a pas connu l’amour et qui s’est fait une fausse image de Dieu a tout intérêt à aller
voir un psychologue. Mais le bon sens a déserté l’Agapè et donc bien que, dit-on, ce soit un non-sens, si on
en a besoin, il faut le faire!
«Pour retrouver la paix, peut-être sens-tu ce besoin de pardonner à Dieu et de te pardonner de lui en
vouloir.» Le bien-être l’emporte sur le bon-sens, car c’est la paix ressentie qui est le maître mot de l’Agapè.
Une prière habilement tournée, permet de mettre par écrit tous les motifs d’accusation contre Dieu.
Le pardon a l’égard de soi-même réserve aussi bien des surprises. Il s’agit d’un auto-pardon par se libérer de
la culpabilité. Avec Jésus, bien sûr: cela enrobe l’inacceptable de la démarche dans un langage pieux.
Le pardon à l’égard des autres concerne tout d’abord les ancêtres. Toujours avec Jésus – bien sûr – le
retraitant fait cette prière: «Je vous libère du poids du mal que vous m’avez fait, parce que j’ai souffert
souvent inconsciemment à cause de cela. Que le Seigneur change cela en bénédiction!» Vien ensuite le
pardon à la mère, au père, au conjoint, à un enfant, à une autre personne.
A chaque fois, il est dit dans la prière: «Je te libère du poids du mal que tu m’as fait.» Le retraitant est à luimême
la source du pardon, ou plus exactement de la libération. C’est là le sceau qui montre que la
démarche est psychologique et non pas catholique: pour un catholique, tout pardon vient de Dieu.
Toute la démarche décrite ici est celle-là même que les psy promeuvent. On lit sur un site psy:
http://www.voxyo.fr/psychopathes-gouvernent-03.htm. En bref il faut avoir vidé son sac devant
quelqu’un pour pouvoir pardonner aux autres. Et pour l’auto-pardon, c’est la formule même de l’Agapè qui
est utilisée: «Je me pardonne». L’auto-pardon est encore une étape vers l’auto-responsabilité
http://desteni.org/fra/forum/viewtopic.php?f=332&t=21969. L’auto-pardon est encore un facteur de
développement personnel, qu fait partie de la gestion des émotions http://www.energika.org/controleutilisation-
a03830271.htm
Le livret du retraitant 2011. La joie du pardon donné (samedi matin)
Qu’en est-il du pardon théologal dont parle l’audit?
«La rédaction des pardons commence dès jeudi matin, mais la démarche du pardon donné ne s’accomplit
que samedi matin. Elle comprend trois étapes qui vous permettront de descendre jusqu’aux racines du
traumatisme, pour laisser le Christ Jésus vous libérer en profondeur.» Et plus loin: «Pour permettre au
Seigneur de me libérer, je suis invité(e) à cheminer vers un pardon total qui assainira mon être et mon
affectivité.»
Rien n’a changé par rapport au livret précédent: il s’agit toujours d’un pardon à but psychologique, pour que
le Christ libère de tout ce qui continue à aliéner en profondeur et qui a été mis en lumière dans les
méditations précédentes. Le pardon est à but thérapeutique. La prière initiale comporte de légères variantes,
mais reste la même et les trois étapes qui se trouvaient le jeudi sont placées le samedi matin. Le pardon
psychologique va être donné à tous ceux qui ont été remémorés dans la semaine: Dieu, soi-même, les aïeux,
la mère, le père, le conjoint ou la communauté, une autre personne.
Ce sont des auto-pardons comme en témoignent les prières: «Avec Jésus, je veux me pardonner mon
attitude négative à ton égard… Avec Jésus, je me pardonne telle faiblesse corporelle que je n’accepte
pas… Je renonce à ma violence… J’accepte ma condition de créature… Je te pardonne, mon aïeul… Je te
pardonne, maman… Je te pardonne, papa…, etc.»
Et pour chacun, on demande à Jésus de libérer chacun du poids du mal qu’il a fait.
Le pardon se réduit à une thérapie d’ordre psychologique. Or le pardon est d’ordre éthique (il engage vis à
vis d’autrui) et, pour un catholique, théologal (c’est un don de Dieu). Au lieu d’aller chercher chez un psy
pour remplacer la confession, on cherche à l’Agapè une pardon psychologique dans un lieu spirituel. Et on
le place à la suite d’une confession comportant un examen de conscience sur les péchés capitaux. La dérive
psycho-spirituelle est au coeur même de l’Agapè.
La guérison physique
Guérison? Jamais
Elisabeth Couturier (6 mars 2012): «Un objectif de guérison? Jamais.»
Dans le livret 2005-2010, le jeudi, le retraitant relit quelques étapes de sa vie: le passage de la mère vers le
père, la période scolaire, et enfin la guérison physique, bien que l’Agapè se défende d’avoir jamais cherché
à guérir.
Ce dernier aspect, tout particulièrement la prière finale, mérite de retenir notre attention, car le retraitant
prononce en fait une prière d’auto-guérison psychologique et physique:
«Je me laisse regarder par toi, Seigneur, particulièrement dans les zones les plus souffrantes de mon
corps. Ton regard et ta main posée sur moi me communiquent la puissance de ton Esprit, et tout mon être
s’en trouve assaini, purifié et guéri. Puisque tu m’as créé par amour, tu continues de me recréer, de
parfaire ta création. Viens réparer ce que l’hérédité a pu laisser de négatif. Viens, Seigneur, corriger ce
que les années et les expériences négatives de ma vie ont pu endommager dans mon organisme et restaure
ce qui a besoin d’être harmonisé. Merci de me manifester ainsi ma tendresse. Je suis sûr que ton action
guérissante dans mon âme et dans mon corps ne fait que commencer, elle se prolongera dans les heures et
les jours qui vont suivre. Oui, je veux te bénir avec tous les frères pour ton amour envers ton peuple et
pour chacun de tes enfants. AMEN.»
On comprend pourquoi il y avait ceci sur le site de l’Agapè:
«Dieu agit comme il veut: personne ne lui retirera le pouvoir de guérir et de sauver.
On conseille de ne pas arrêter un traitement (médical ou psychothérapeutique) avant d’avoir authentifié la
guérison auprès d’un professionnel de santé dès le retour au domicile.»
L’accompagnement à l’Agapè
Une interrogation revient souvent concernant l’accompagnement à l’Agapè. Pour donner des
repères, les caractéristiques de l’accompagnement spirituel dans la religion chrétienne et de la
Psychothérapie d’inspiration analytique, qui ont été proposées dans le rapport du groupe de
réflexion Psychologie Spirituel, sont reprises, et un parallèle est établi, dans une troisième
colonne avec l’accompagnement agapéen, avec l’aide de divers documents de l’Agapè.
Accompagnement
spirituel dans la
religion chrétienne
Psychothérapie
d’inspiration
analytique
Accompagnement
agapéenne: ni
psychologique, ni spirituel
(réponse aux attentes
profondes de l’homme
d’aujourd’hui)
Fondement Théologie Sciences humaines Anthropologie holistique
Utilisation des sciences
humaines (psychologie,
psychanalyse)
Finalité Connaître et aimer Dieu Gagner en liberté
intérieure
Libération intérieure [=
Agapèthérapie]. Sortir d’une
situation de dépendance ou
d’asservissement à quelque
chose qui écrase la personne,
la paralyse ou l’enferme.
Objets de
changement
Vie morale Vie psycho-affective Psychisme, corps, histoire,
relations
Levier de
changement
Amener la personne à
poser des actes
d’Amour, à lutter contre
le péché, Repérer les
actions de l’Esprit Saint
Mettre à jour les
conflits inconscients
Assouplir les
mécanismes de défense
La Consolation, le
dévoilement, la délivrance,
le relèvement, la guérison, la
conversion, la réconciliation
Moyen Ecoute ouverte +/-
orientée/repérage des
obstacles, lutte, effort
choix
Ecoute analytique:
associations libres
+ facilité les liens
+ donner du sens
Ecoute personnalisée,
psycho-spirituelle.
Accompagnant ne se
substitue jamais au médecin
ni au psychiatre ou au
psychologue
Relation entre
les deux
protagonistes
Confiance et
compassion
Guide sur le chemin de
la vie intérieure
Transfert et contretransfert
Ecouter, aider et
accompagner sur le chemin
de la vie
Accompagnant peut faire
appel à des professionnels
pour un discernement
pluridisciplinaire
Cadre Entretien une/deux fois
par mois
Gratuit
Centré sur la relation à
Dieu et aux autres
1 fois/par semaine
payant
centré sur la vie
psychoaffective +
histoire personnelle et
Deux entretiens quotidiens
de chaque retraitant avec son
accompagnant désigné
Centré sur le chemin de la
vie+histoire personnelle et
familiale + relations
aux autres
familiale+relations aux autres
Centré sur la relecture des
principales étapes de la vie:
conception, vie intra-utérine,
naissance, petite enfance,
adolescence, vie adulte ainsi
que les racines familiales.
Signes de
changement
Foi et charité Plus de liberté
intérieure
Amélioration de
capacités d’adaptation
pacification et maturation
psychique et spirituelle
Le tableau montre que la dimension spirituelle et la dimension psychique de la personne ne
sont pas clairement distinguées dans l’accompagnement de l’Agapè, qui se veut être l’aide que
quelqu’un apporte à un frère ou à une soeur. Il serait opportun de se rappeler ce que disait le
rapport du groupe de travail de Mgr Santier: «Comment distinguer la vie spirituelle de la vie
psychique lorsqu’en une seule démarche, on s’adresse a la même personne ou au même
groupe de personnes?»
Des membres de la Communauté des Béatitudes et des accompagnateurs formés par eux
depuis Château Saint-Luc sont à l’origine de l’Agapè. Comment se fait-il que le P. Donneaud,
commissaire pontifical de la Communauté des Béatitudes, ait laissé des membres de la
Communauté pratiquer à l’extérieur ce qu’on leur avait demandé d’arrêter en interne? En effet,
en 2008, le Conseil Pontifical pour les Laïcs a écrit à la Communauté des Béatitudes:
«La direction spirituelle et les pratiques psychothérapeutiques.
Dès ses débuts, la Communauté des Béatitudes s’est intéressée à la dite ‟guérison
intérieureˮ, fondée sur une conception holistique de trois niveaux de la personne, physique,
psychologique et spirituel. Cette pratique s’est développée grâce à la présence à l’intérieur de
la Communauté de médecins professionnels et de psychologues/psychiatres.
La tradition de l’Eglise, à laquelle s’ajoute l’expérience acquise au contact de certaines
communautés ces dernières années, conseille d’adopter une très nette distinction entre d’une
part, la dimension psychologique et psychiatrique de la personne, et la direction spirituelle
d’autre part. Par conséquent il faudra éviter dans le futur la pratique de ces psychothérapies
à l’intérieur de la Communauté, car elles comportent un mélange entre les différentes
dimensions de la personne qui peut s’avérer nocif. Le directeur spirituel ne doit pas faire de
thérapie, mais en cas de réelle nécessité, il devra renvoyer les personnes à un psychologue ou
à un psychiatre, en dehors de la Communauté tout en tenant compte des circonstances de
chaque cas.»
Cet accompagnement pose aussi une question au niveau médical: comment toucher à des questions
d’ordre psychologique sans aucune formation?
Perles de l’Agapè
approuvées par le Conseil de Vigilance
L’homosexualité
Père saint, tu comprends ma difficulté à accepter mon identité sexuelle et tu rejoins ma
souffrance qui me culpabilise et me donne le sentiment d’être à part des autres. Toi qui, dans
ta sagesse, as prévu et déterminé mon sexe, tu veux guérir ma blessure et me dégager des
influences aliénantes qui ont modifié mes aspirations, mes goûts, mes attraits, mes tendances;
etc.
On me dit souvent que je devrais assumer cet état, qu’il me suivra toute ma vie. Je crois au
contraire, Seigneur, que ta puissance créatrice peut, avec moi et en moi, me pacifier et même
me restaurer selon ton plan.
Je me sens aimée par toi, dès ma conception, comme je suis. Merci, Père, pour tout ce qui me
caractérise. Merci, Seigneur Jésus, de m’avoir désiré(e), façonnée à ton image. Merci de
m’accompagner chaque jour, tout au long de ma croissance, et de corriger ce qui m’a brisé(e)
dans mon être spirituel, psychologique et même physique.
Avec toi, Jésus, je veux pardonner à toutes les personnes qui m’ont acheminé(e) vers le dégoût
de moi-même, et qui ont contribué à dévier mon orientation sexuelle. C’est toi qui me révèles
la complémentarité de l’autre sexe. C’est toi aussi qui m’apprends à m’émerveiller devant la
beauté de ta création et de mon être d’enfant de Dieu. Loué sois-tu, Seigneur, pour la
merveille que je suis! (Livret retraitant 2011-2012).
Le viol
On observe parfois une pathologie comportementale après un viol qui n’est pas résolue par un
bon accompagnement psychologique. Il faut alors penser au diagnostic d’infestation maligne
et pratiquer s’il y a lieu une prière de délivrance. Là encore, la peur et la haine provoquée par
l’agression sont les moyens de l’infestation. (Formation: La délivrance. Un ministère pour les
laïcs? 2005-2010).
Le discernement infus charismatique d’une infestation maligne
Le diagnostic peut s’appuyer sur le discernement charismatique. Il vient infirmer ou non ce
diagnostic. L’exercice des charismes de connaissance immédiate, de prophétie et de
discernement rend de grands services. Leur résultat est subjectif. Il n’est donc pas catégorique.
Les textes bibliques reçus dan la prière sont de bons éléments d’orientation quand ils évoquent
un exorcisme (l’homme de Génésareth), Lucifer projeté du ciel sur la terre (Isaïe), des scènes
de désolation ou de mort… (Formation: La délivrance. Un ministère pour les laïcs? 2005-
2010).
Blessure et libération intérieure
Qu’est-ce qu’une démarche de libération intérieure? Le propos de l’accompagnateur est d’aider
un adulte, âgé d’au moins vingt et un ans (c’est-à-dire ayant pratiquement achevé la
construction de sa personnalité psychologique), et désireux de rencontrer le Christ
compatissant et miséricordieux qui peut le délivrer de son mal, pardonner ses péchés et le
guérir aussi de ses plaies intérieures. Tel est le bon Samaritain, le Christ vient le consoler et
panser ses blessures. Il l’éclaire en vérité pour qu’il en prenne conscience; il peut le libérer des
conséquences de ses blessures afin qu’il consente à s’ouvrir au don de la vie et à la relation.
(Formation à la libération intérieure, 2011 [B. Dubois et D. Desbois, La libération intérieure,
Presses de la Renaissance, 2010, p. 205]).
. Le combat spirituel dans les émotions
À l’intérieur de nous, il y a deux grandes activités : la pensée et l’émotion.
La tradition chrétienne nous a enseigné le combat spirituel concernant les pensées ; une
pensée me vient : qui en est à l’origine ? Dans le combat spirituel, il peut y avoir deux autres
origines que moi-même : l’inspiration du Saint-Esprit, et la tentation. Comment distinguer les
deux ? Sachant que la tentation passe spécifiquement par l’imagination ; au travers d’une
image, ou d’une pensée, elle m’invite à, elle m’impulse à. Elle me séduit, m’attire de façon
agréable. […]
Je suis habité de mouvements intérieurs qui viennent des profondeurs de mes entrailles. Le
combat des pensées se situe davantage dans la tête, dans mon cerveau ; autant le combat des
émotions (même si on sait que scientifiquement ça se situe à certains endroits du cerveau) se
passe dans les entrailles. Projection symbolique sur le coeur et les entrailles de tout le monde
émotionnel que nous traversons. Dans le combat spirituel avec les émotions, il y a une grâce
qui descend, une grâce de conversion, qu’il me faut saisir. Ce qui est certain, c’est qu’il y a un
surcroît de grâce. Plus l’émotion que je ressens a tendance à me culpabiliser, plus la grâce est
grande.
Le mécanisme du combat spirituel face aux pensées et face aux émotions n’est pas la même.
Je ne suis pas responsable de la venue de l’émotion, mais responsable de ce que j’en fais
(Formation à l’affectivité, 2011).
Comment se manifeste la consolation spirituelle?
A travers la foi des accompagnateurs et la prière de l’Eglise, la divine douceur du Christ et le
baume de la compassion descendent sur la blessure pour consoler la personne. C’est parfois
aussi la présence plus particulière de la Vierge Marie ou de saint Joseph.
La consolation spirituelle diminue la souffrance psychique et contribue au bien-être de la
personne: elle apaise la douleur affective et pacifie, elle vivifie, elle fortifie… Elle permet à la
personne de se sentir reconnue dans sa blessure et de reprendre possession de ses capacités
humaines (Formation à la libération intérieure, 2011).
Ta généalogie et ton hérédité
Sur une feuille blanche tu dessines ton arbre généalogique en remontant aussi loin que tu le
puisses. Prends soin d’y inscrire les problématiques familiales que tu désires remettre à
Dieu. Tu le déposeras sur la crédence à l’entrée de la chapelle. Le prêtre le présentera au
Seigneur au cours de l’Eucharistie en lui demandant de se libérer de toute influence négative
d’origine transgénérationnelle.
Sur un morceau de papier, écris le nom d’une personne de ta famille qui a vécu saintement,
comme un juste. Amène-le à l’Eucharistie et dépose-le dans la corbeille prévue à cet effet.
Elle sera nommée au cours de la liturgie des saints, pendant la procession des offrandes
(Livret du retraitant 2005-2010).

(Formation à la libération intérieure, 2011-2012).
Le retour de la gnose avec Bernard Dubois
Les deux derniers articles montrent que les dérives de l’Agapè sont aussi d’ordre doctrinales.
Ils n’intéresseront peut-être que les catholiques, mais ils montrent que l’Agapè n’est même pas
fiable au sein de l’Eglise à laquelle elle prétend appartenir. Catholiques ou non, tous pourront
voir que le psycho-spirituel touche tous les niveaux à l’Agapè.
B. Dubois, membre de la communauté des Béatitudes, diacre, marié et père de cinq enfants,
fait actuellement partie d’une petite fraternité du Puy-en-Velay, reliée à la maison des
Béatitudes de Pont-Saint-Esprit. Il est le fondateur des sessions Anne-Peggy-Agapè du Puyen-
Velay où il «a reçu mission de lʼEglise pour enseigner et pratiquer la prière de
délivrance.18»
Dans un article paru en janvier 2012 dans Il est vivant, revue de l’Emmanuel, B. Dubois
explique ce qu’est une session Agapè19. Il la présente et met en lumière sa dimension
théologique. Avant d’en tracer les grandes axes, il faut donner l’arrière-fond de la théologie du
fondateur de l’Agapè.
La théologie des Béatitudes à l’Agapè
La théologie de l’Agapè a été élaborée par trois membres de la Communauté des Béatitudes:
Fernand Sanchez, Philippe Madre et Bernard Dubois. Aucun document en notre possession ne
nous permet de savoir si Philippe Madre a exercé une activité au sein de l’Agapè du Puy-en-
Velay avant sa réduction à l’état laïc. B. Dubois par contre a dirigé les sessions et F. Sanchez
y a collaboré.
Le lien de l’Agapè avec les Béatitudes a toujours été très étroit. On pouvait lire sur les
programmes de l’Agapè, il y a encore peu de temps: «La session Agapè tente de synthétiser le
travail et l’expérience des Béatitudes dans le domaine de la recherche anthropologique et de
l’accompagnement spirituel.» Et jusqu’en 2011, les formations étaient à peu de chose près,
celles qui avaient été élaborées par la Communauté des Béatitudes à Château Saint-Luc.
Un autre lien avec les Béatitudes se faisait par les accompagnateurs formés à Château Saint-
Luc, qui sont devenus accompagnateurs à l’Agapè: leur formation était assurée à l’aide des
sessions mises au point par les Béatitudes. Le but était de former des accompagnateurs et des
apôtres pour la nouvelle évangélisation.
Encore aujourd’hui, les accompagnateurs viennent d’horizons très différents mais vivent de
l’esprit des Béatitudes. Et réciproquement d’ailleurs les Béatitudes diffusent l’enseignement
que B. Dubois prodigue à l’Agapè. Il suffit de voir les trente CD vendus sur le site de Maria
Multi Media. A Thy-le-Château aussi, parmi les retraites prévues pour 2013, trois sont
consacrées à la guérison intérieure et sont intitulées «LIBRE POUR AIMER», ce qui est le
thème de prédilection de B. Dubois. l’expression «Guérison intérieure» est toujours utilisée
aux Béatitudes, bien qu’elle ait disparu à l’Agapè.
Les ingrédients de la théologie duboisienne
Dès 1994, les accompagnateurs «ont partagé leur soif de rencontrer le Christ dans les
profondeurs de leur être et d’évangéliser les manques affectifs du passé. Ils voulaient
18 http://www.editions-beatitudes.com/f/index.php?sp=liv&livre_id=34
19 B. Dubois, « Relire sa vie à la lumière du Christ », Il est vivant, n° 287, novembre 2011, p. 38-44. Pour compléter cet article il est conseillé
de lire La libération intérieure, livre paru aux Presses de la Renaissance en 2010.
rejoindre le vécu des premières années de vie, avant que la mémoire intellectuelle se
souvienne. Nous avons alors cherché une manière simple et douce de rejoindre la mémoire
initiale la plus élémentaire (sensorielle et affective) où sont emmagasinés les souvenirs de la
toute petite enfance.20»
Les Béatitudes cherchèrent à répondre à cette quête en élaborant des exercices spirituels qui
leur soient propres, «adaptés à la mentalité d’aujourd’hui, capables d’évangéliser les racines
de notre être et de susciter une ‟seconde conversionˮ.» Pour cela, B. Dubois et ses
collaborateurs ont puisé à de nombreuses sources: l’école de prière du jésuite Jean Fournier,
Foi et Lumière, le Chemin Neuf, Cacouna au Canada, la Compagnie de Jésus avec les
exercices spirituels. Sans oublier le Carmel auquel Ephraïm a largement puisé son inspiration;
dans la foulée, B. Dubois a récupéré la doctrine de la petite Thérèse et a élaboré une doctrine
qui lui est propre à partir de ses écrits. L’Arche de Jean Vanier a été une autre source
d’inspiration. On oublie souvent que l’oeuvre de Jean Vanier (canadien) présente de grandes
ressemblances avec les Béatitudes: «La troisième grande approche [de la guérison psychospirituelle
en affectivité] est représentée par le Père Thomas Philippe, fondateur de l’Arche
de Jean Vannier, et les Béatitudes (Lion de Juda), qui se sont spécialisés dans la guérison
psychospirituelle par l’affectivité liée à la grâce.21»
L’équipe des Béatitudes qui mettait en place les fondements de formations révolutionnaires,
puisa aussi «dans la tradition des Pères de l’Eglise et dans la sagesse humaine, pour
approfondir l’anthropologie chrétienne, parce qu’elle explicite les étapes de la croissance
humaine et spirituelle.»
Que recouvre cette sagesse humaine? B. Dubois utilisa les sciences de l’évolution,
l’embryologie, la théosophie. Il cherchait, en effet, à correspondre aux attentes de l’homme
d’aujourd’hui.
Intégrant la vision holistique de l’homme véhiculée par le Nouvel Age, il prit en compte la
totalité de l’homme (son corps, son psychisme et sa vie spirituelle) avec son histoire de vie et
ses relations. On peut lire sur l’internet, à propos de cette anthropologie tripartite: «La
Tradition, la Grande Tradition ou la Tradition Primordiale, au sens guénonien du terme,
c’est-à-dire ce corpus de connaissances et d’expériences dont l’origine lointaine est nonhumaine
(peut-être même non-terrestre), enseigne la constitution ternaire (ou tripartite) de
l’être humain: Le corps, L’âme, L’esprit.»
Comme l’indiquait une plaquette de présentation des sessions Agapè, un des buts était de
permettre de «Descendre du mental dans le coeur, habiter son corps et adhérer au réel, en
vérité.» Ce qui n’est pas sans ressemblance avec les étapes du développement spirituel du
Reiki: «Le Reiki est une méthode qui récupère l’énergie de la tête et l’amène vers le coeur.
Une fois que nous vivons dans la voie du coeur, nous pouvons avoir l’impression de ne pas
avoir été vivant auparavant, les ressentis changent complètement, on a l’impression de vibrer
vraiment. Mais vivre dans le coeur peut être une excuse pour ne pas voir nos parts d’ombre
comme le jugement ou autre, nous devons absolument les regarder en face pour avoir une
chance de les laisser partir.‟Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les Dieuxˮ. A
partir de ce moment, nous pouvons grandir.»
B. Dubois a fait aussi appel à la relation d’aide pour permettre d’«Exprimer ses émotions et
comprendre son vécu.»
20 Sur l’ancien site de l’Agapè: «Aux sources de l’Agapè», http://www.a-peggyagape.org/sources.htm?
POSTNUKESID=e8bcef2ca61ab7c6d28196faac9c45bf.
21 http://catholiquedu.free.fr/2008/Guerison_affectivite_I_II.pdf
La théologie agapéenne
Nous avons maintenant les éléments nécessaires pour situer la démarche de l’Agapè présentée
dans Il est vivant.
Quelle vision de l’homme?
Contrairement à son habitude, B. Dubois ne part pas d’une anthropologie holistique tripartite,
mais d’une vision de l’homme proche de celle du bouddhisme.
L’homme, dit-il, est une capacité de recevoir: l’amour de Dieu lui est donné et il devient à son
tour source d’amour. L’homme est entièrement passif dans ce processus: comme la fontaine
qui fait couler l’eau qui arrive de la source. Que veut dire pour un chrétien, un amour dans
lequel l’homme n’a aucune part et qu’il ne fait que véhiculer? Mais le péché originel a fait
une brisure dans cette capacité de don, nous dit l’auteur; puis des événements, dans la petite
enfance surtout, ont ajouté des blessures. L’amour de Dieu ne peut donc plus être reçu et le
don de soi n’est plus possible. – La grâce donnée lors du baptême n’est pas prise en compte. –
Que ces événements soient à la source d’un mal commis ou d’un mal subi, ils ont pour
résultat la présence d’une personne à qui on en veut. B. Dubois en reste à la question du mal
et laisse de côté la question du péché, pourtant essentielle pour une démarche qui se veut
spirituelle.
Quoi qu’il en soit, c’est à l’aide de la Bible que se fait la démarche proposée à l’Agapè ;
l’Ecriture permet de relire sa vie sous le regard du Seigneur: «C’est une démarche
éminemment biblique: Israël relisait son histoire sous le regard de Dieu pour lui donner un
sens, pour découvrir comment Dieu y était présent, tant dans les événements heureux que
dans les événements malheureux.» En réalité, Israël relit le passé pour avoir la force de
construire son futur et pas simplement pour revenir sur le passé. Et selon son habitude, B.
Dubois parle de la Sainte Famille et glisse une citation de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus:
«En réponse au drame humain, qu’a fait Dieu? Dieu est descendu, il s’est fait chair et est
venu habiter dans une famille, la Sainte Famille. A mon tour, je vais descendre à l’intérieur
de moi, dans la ‟vallée fertile de l’humilitéˮ pour reprendre la belle expression de Thérèse
de Lisieux, dans l’acceptation de ce que je suis en vérité, reconnaissant de ce que l’Esprit
Saint est descendu sur cette chair par mon baptême.» Mais B. Dubois fait un contresens. Par
«La vallée fertile de l’humilité», Thérèse entend se vider de soi-même. Cela n’a rien à voir
avec la descente à l’intérieur de soi «dans mon humanité, dans mon histoire et dans mes
relations» dont parle B. Dubois.
Mais ce qui intéresse B. Dubois, ce n’est pas tant la théologie catholique, que de découvrir le
lien entre un mal subi qui fait souffrir et une personne à qui on pardonnera. Cela convient
donc à tout homme, croyant et non croyant et permet de progresser dans le bien-être.
Il décrit longuement le processus de cette démarche.
Les étapes de la libération intérieure
La libération intérieure se fait en deux grandes étapes: une verticale et une horizontale.
– La conversion, première étape de la libération
Par le sacrement de réconciliation, le regard d’amour de Dieu est accueilli: la réconciliation
avec Dieu est réalisée moyennant l’aveu.
Sans que l’on sache ce qu’est devenue la brisure qui empêchait de recevoir l’amour de Dieu, le
circuit de l’amour commence à être réamorcé. Il faut maintenant la réconciliation avec soimême,
en faisant le point sur les blessures.
– Les sept actions du Christ, deuxième étape de la libération
Le Christ regarde la blessure et une personne écoute la personne blessée, qui porte en elle
colère, souffrance, haine parfois. la libération des entraves se fait en sept étapes trouvées dans
l’Ecriture. Pourquoi sept? peut-être pour faire un parallèle avec le septénaire sacramentel?
1. Prière de consolation (ou de guérison). Par cette prière sur la souffrance, Dieu se
fait proche, diminue la souffrance. Cet apaisement va permettre le dévoilement par une
relecture de la vie.
2. Dévoilement au cours de la relecture. La verbalisation de la souffrance et l’écoute
permettent de sortir du niveau purement émotionnel (colère). La personne blessée se
reconnaît victime et peut exprimer son émotion. La Bible ne parle-t-elle pas de la colère de
Dieu? Une distinction est faite entre la colère et la vengeance qui cherche un coupable. Mais
la personne blessée, voyant plus clair, saisit comment elle a vécu les événements blessants
(mal commis ou mal subi) et pourquoi celui à qui elle en veut a agi ainsi à son égard.
3. Délivrance. Des esprits impurs peuvent avoir infesté la blessure: ils sont chassés par
une prière de délivrance; les entraves sont coupées. Ceci vaut dans les cas d’un choix de
coupure relationnelle. [Ce sont les accompagnateurs qui reçoivent une formation en ce
domaine].
4. Relèvement. La souffrance ressentie est source d’un sentiment de culpabilité, de
honte. Le Christ permet à la personne d’en sortir et de se relever.
5. Libération intérieure.
Cette étape est au coeur de l’action du Christ, préparée par les quatre précédentes. La
personne est libérée de son surmoi, elle peut s’accueillir comme elle est. Elle a fait, dit-on,
l’expérience de la miséricorde de Dieu comme la Samaritaine. La capacité de recevoir est
restaurée. La réconciliation avec soi-même est réalisée. Le pardon de Dieu, les sacrements, la
prière et le soutien de l’Eglise, permettent au Christ de faire un pas de plus.
Contrairement à ce que dit B. Dubois, la libération intérieure est une thérapie.
L’équivalence est claire, en effet, dans «Le Cénacle. Agapèthérapie ou libération intérieure,
Livret d’accompagnement. Equipe du Cénacle», qui est la source de l’Agapè.
6. Conversion. Avec le retour vers Dieu, il est à nouveau possible de recevoir sa vie,
son amour. Il n’est pas précisé ce qui distingue cette étape de la première étape de libération
qui était appelée aussi conversion.
7. Réconciliation. C’est là que culmine la délivrance. Cette réconciliation passe par un
pardon «cheville ouvrière de la démarche». Le pardon connaît deux phases: le pardon
psychologique dans lequel la personne trouve un intérêt, et le pardon spirituel qui est don de
soi, amour gratuit. Même ce pardon est passif, comme tout ce qui précède: seul Dieu peut
pardonner en nous. Je peux le vouloir, Dieu agit.
L’amour a été libéré de ses entraves, il est libéré: le bonheur est atteint. D’autres
libérations auront lieu et la liberté grandit ainsi. L’influence bouddhiste apparaît au
grand jour.
Une révolution dans la théologie
L’Amour dont parle B. Dubois ressemble étrangement à l’énergie primordiale du Nouvel
Âge. La puissance de l’Amour, la force de vie universelle guérit. Nos blessures nous font mal
et nous empêchent d’être heureux. L’Amour, en révélant ces blessures, nous aide à guérir.
L’Amour libère. Ceci relève de la guérison intérieure.
Mais B. Dubois est aussi influencé par la psycho-spiritualité. Il est dans la ligne de la
psychologie transpersonnelle; il ne s’intéresse pas simplement à l’histoire de la personne,
mais aussi au vécu de la naissance et de la vie périnatale qui ont une influence sur le
développement de la personne. Quant à sa quête de paix par le pardon, elle relève plutôt du
développement personnel.
Qu’en est-il de la théologie catholique? La théologie de la rédemption est inexistante. Il en est
de même de la morale. La liberté est réduite à une libération des entraves. Les blessures sont
présentées comme les conséquences du péché originel tandis que le péché est totalement
télescopé. Le mal est classé en mal subi et en mal commis, mais la dimension volontaire ou
involontaire n’entre pas en ligne de compte. Quelle place B. Dubois accorde-t-il à la gravité
objective de l’acte? à la connaissance qu’en a ou non le sujet? à la part de volonté qui
intervient? aux antécédents? Autant de questions qui restent sans réponse.
On est aussi frappé par la place occupée par la violence et particulièrement l’inceste dans les
exercices spirituels duboisiens. Pourquoi aussi mettre sur le même plan les évènements de
l’enfance? des violences? les événements passés de toute nature? les lignées paternelles et
maternelles? Le fil qui relie des éléments aussi divers semble être leur classement en mal subi.
Le sacrement de réconciliation est aussi revisité à nouveaux frais: on peut se demander
comment quelqu’un peut se réconcilier avec Dieu alors que le mal qu’il a commis lui est
encore inconnu. Il lui sera révélé seulement au cours des sept actions du Christ qui se
présentent comme une véritable thérapie.
Et qu’en est-il du bonheur, quand Dieu a si peu de place dans une démarche dite spirituelle?
Au nom d’un holisme Nouvel Age, B. Dubois a fait éclater la théologie catholique: il ne reste
que des mots sans contenu, sans lien les uns avec les autres. Il est surprenant que, depuis
presque quarante ans, les théologiens n’aient pas réagi devant une pareille gnose. Certains
l’ont même approuvée, comme le Conseil de Vigilance du Puy, puisqu’ils ont confié à
B. Dubois une mission d’enseigner, alors qu’il n’a aucune formation théologique.
L’Agapè, un maillon du réseau de guérison
de la Nouvelle évangélisation
Il existe en France plusieurs propositions de guérison psycho-spirituelle. Les plus connues
sont l’Agapè, la Maison d’Abba et plus récentes, les formations d’Henry Lemay, leadership du
renouveau charismatique canadien22. Comment sont-elles reliées entre elles?
Rappelons que le 2 mai 2012, Golias publiait un article: «Monseigneur Santier garant du
psycho-spirituel?» à propos de la réunion des responsables du Renouveau Charismatique qui
devait avoir lieu les 8 et 9 mai. Il y avait en effet au programme deux interventions du P.
Thierry-Marie Hamonic o.p., théologien du groupe d’accompagnement du Renouveau
charismatique et membre du conseil de vigilance de l’Agapè du Puy-en-Velay. Le matin:
« Réflexions psychologiques et théologiques sur les Agapê proposées au Puy en Velay»; et le
soir: «Réflexions sur les documents réunis par Henri Lemay intitulés Session de Formation à
la guérison». Le P. Hamonic est donc intervenu sur l’Agapè et les formations à la guérison
d’H. Lemay, dans le cadre du Renouveau charismatique.
Plusieurs questions étaient posées à propos de cette rencontre: «Comment expliquer la
présence de Mgr Santier dans cette session? Que cautionne-t-il par sa présence? Ses
réflexions sur les propositions de sessions de guérison vont-elles ouvrir de nouveaux
horizons? La vérité sera-t-elle enfin dite sur les effets dévastateurs des sessions qui sont au
coeur du programme? Ou bien donnerait-il son aval à ce que condamne le rapport de la
commission qu’il présidait?»
C’est un aval inconditionnel qui a été donné à l’Agapè et aux sessions de H. Lemay.
Comment, sans cela, expliquer que les bergers des mille deux cents groupes de prière de
France aient été invités à participer à une session de H. Lemay, plus précisément à «cette
magnifique formation au “service de guérison” avec la communauté de l’Alliance, comme
cela a été vécu à Angoulême»? La même session avait été donnée en effet à la maison
diocésaine d’Angoulême du 5 au 9 mars 2010, puis à Pontivy et à Paris. Elle a été ensuite
donnée à Lyon du 18 au 23 septembre 2012, puis à Lille du 3 au 7 novembre 2012 pour des
responsables du Renouveau charismatique. C’est toujours Denise Bergeron et le Centre de
prière l’Alliance de Trois-Rivières (Canada) qui transmettent l’enseignement d’Henri Lemay,
enseignement qualifié de «formation catholique, solide et simple à la fois».
L’approbation n’a pas été remise en cause, puisque le troisième niveau a été donné à
l’Université catholique de l’Ouest du 15 au 18 novembre 2012 et le quatrième a eu lieu au
même endroit du 21 au 26 mars 2013.
Il est intéressant, dans le cadre d’un dossier sur l’Agapè, de noter que pour le prospectus
d’inscription aux sessions niveau 3 et 4, organisées par l’association évangélique Debout
22 Henri LEMAY, Président du Conseil Canadien du Renouveau Charismatique Catholique (CCRC) Membre des Services Internationaux du
Renouveau Charismatique Catholique (ICCRS) de 1995 à 2002, missionné par le Conseil Pontifical Laïcs, lʼICCRS et le Vatican, travaille
dans le domaine lʼUnité des chrétiens. En matière de délivrance, il sʼest donc enrichi des pratiques de divers pays et de diverses confessions
chrétiennes. Il transmet son acquis en France, depuis trois ans environ.
Resplendis, une question est mise en finale: «Avez vous suivi une Agapé ? Non – Oui Date:
Lieu.» Avoir fait une Agapè a donc un lien direct avec les formations à la guérison; elle peut
en constituer une préparation. Cela montre qu’il existe une parenté entre les deux propositions
de guérison.
Mais l’Agapè a aussi un lien avec la Maison d’Abba, non seulement par son origine, puisque
les deux sont reliées aux Béatitudes, mais encore par le contenu. La maison d’Abba est pour
les enfants et l’Agapè pour les parents. On peut lire dans un témoignage:
«J’ai fait une session Agapè pour adultes, il y a quelques semaines. L’Agapè pour adultes
c’est le même état d’esprit qu’ici. J’ai pris conscience d’une chose quand on est revenu de la
première session en janvier dernier. On s’est mis à prier la prière de la Maison d’Abba avec
mon fils tous les matins et il la disait de manière assez monotone, sauf quand il disait ‟Abba,
mon papa!ˮ. Et ça m’a beaucoup touchée. J’en ai pris conscience quand moi-même, je suis
allée en session. A cette session Agapè, j’ai pris conscience à quel point l’accueil et la
tendresse de mes parents m’avaient manqué quand j’étais petite et à un moment, il y a la voix
de mon fils qui m’est revenue disant ‟Abba, mon papa!ˮ et à ce moment-là, j’ai dit moi aussi
‟Abba, mon papa!ˮ. Une maman23.»
L’Agapè, les formations à la guérison de Henri Lemay, la Maison d’Abba: trois lieux où se
pratiquent des guérisons psycho-spirituelles validées par le Vatican, sans prise de position
officielle par un document public. Et les évêques préfèrent valider par leur silence la politique
du fait accompli.
Il faut savoir que l’Agapè est reconnue comme structure d’évangélisation et que les formations
à la guérison de H. Lemay sont reconnues comme faisant partie de la Nouvelle Evangélisation
(Voir le document « 4- FP quelle vision- août 2012 »), comme Diaconia et les cours Alpha.
Il faut savoir encore que le P. Cantalamessa, leadership de la nouvelle évangélisation et du
Renouveau charismatique, a prêché une retraite à Trois-Rivières (Centre de prière de
l’Alliance) en 1998, à l’invitation de Henri Lemay ; il se rendra au rassemblement de la
Maison d’Abba à Montligeon cette année pour le dixième anniversaire (30 août – 1er septembre
2013). Quant à l’Agapè, reconnue comme structure d’évangélisation, n’aurait-elle pas été
validée par lui?
Le flou qui entoure les guérisons psycho-spritituelles, fortement implantées dans le
Renouveau Charismatique, dans un contexte d’oecuménisme spirituel – pour reprendre
l’expression du P. Cantalamessa -, pose de graves questions. Que font les évêques français?
Sont-ils impuissants en matière de doctrine et de spiritualité? Sont-ils dans l’obligation de
valider les innovations charismatiques en matière d’oecuménisme, de guérison, de délivrance?
L’ICCRS serait-il l’organe qui diffuse une doctrine dans le monde entier, sans que les évêques
aient leur mot à dire? Tout se passe comme si l’Eglise devenait une vaste entreprise mondiale
aux mains de leaderships charismatiques envoyés par Rome à travers le monde.
23 La lettre de la Maison d’Abba, n° 18, janvier 2013.

source : Eugène Pischoff & Gilberte Tailurd
2013